Yayi Boni |
En effet, plusieurs questions restées sans réponses dans cette affaire intéressent le Chef de l’Etat. Le prétendu naufrage de la barque transportant la cargaison de cocaïne, la mort suspecte de deux narcotrafiquants de nationalité ghanéenne, la fuite du sieur Hernandez Gonçalves originaire de Guatemala, fuite favorisée en contrepartie de sa mallette pleine de liasses de dollars, la conduite à l’Ocertid du sieur Abel Obélakoun et son déferrement devant le procureur de la République de Ouidah dans la soirée du vendredi 22 août dernier et surtout la remise à l’Ocertid par un haut gradé de la police de 2 cartons de cocaïne d’environ 25kg, constituent des faits éminemment graves qui ont dû attirer la précieuse attention du Chef de l’Etat.
Les flous qui rendent opaque ce dossier laissent perplexe plus d’un Béninois. Sinon, comment comprendre que c’est après l’inhumation des corps par la gendarmerie que la police nationale a fait son déplacement sur les lieux. Chose curieuse et étonnante, les Opj de la police n’ont pas cru devoir exiger l’exhumation des corps afin de relever les traces et les indices pour identifier les deux personnes mortes par noyade alors que c’est au médecin légiste d’analyser et de préciser les causes de la mort de ces personnes. La police est plus à même d’engager d’autres recherches sur le cadavre. Mais les policiers n’y ont pas pensé.
De source digne de foi, il est révélé que le ministre de l’intérieur informé a dû taper du poing sur la table. Il a interpellé les autorités de la police à qui ordre a été intimé d’élucider l’affaire et de livrer à la justice le sieur Obélakoun Abel sur qui des soupçons de soustraction de cartons de cocaïne pèsent avec toutes leurs conséquences. Mais on tournait autour du pot comme si les questions essentielles pouvant orienter une bonne enquête n’intéressaient pas nos flics, alors que le professionnalisme voulait qu’ils enquêtent pour avoir les causes de la mort, le nom du propriétaire de la marchandise, l’origine des narcotiques, leur destination, leur quantité, les bandes impliquées dans ce trafic, les raisons de la disparition du sieur Hernandez Gonçalves et son identité réelle. S’est-on intéressé au navire ayant transporté selon nos informations, la cargaison depuis le Brésil ? Quel est l’Etat de pavillon dudit navire ? Et que fait-on pour le reste de la cocaïne disparue ? Sait-on si la cargaison dépasse au moins deux tonnes de cocaïne ? Notre police en ce qui la concerne est l’une des meilleures de la sous région. Plusieurs fois déjà elle a fait des exploits et c’est le lieu de se demander si elle ne veut pas bouger cette fois-ci. Notre police veut-elle ternir son image ? s’interrogent des Béninois.
Mais il faut remarquer que plusieurs choses concourent à ce trafic sur certaines îles de Ouidah et de Grand-Popo. Il s’agit de la position géographique de notre pays dans le golfe de Guinée, sa proximité avec le Nigeria, la longueur de son littoral, l’insularité de certains villages côtiers, l’absence manifeste de garde côtes, la modicité des effectifs et la maigreur des moyens de la Brigade de protection du Littoral (Bplp) ; une situation qui a engendré de graves défaillances sécuritaires dont profitent des trafiquants de toutes espèces pour y développer un trafic de stupéfiants sans précédent. De Grand-Popo au port autonome de Cotonou en passant par Hiyo, Djondji Azizakouè, Djègbadji, Avlo, Djègbamè, toutes les plages et villages côtiers sont devenus les centres d’affaires des trafiquants pour leur négoce particulièrement lucratif. Toute cette région du pays les intéresse et leur mode opératoire actuel est d’y ériger des complexes hôteliers et des sociétés écrans pour se soustraire au regard inquisiteur de l’Etat.
Dossier à suivre.