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Compte rendu
Le procès d'un meurtrier raciste à Anvers rejaillit sur l'extrémisme flamand
LE MONDE | 02.10.07 | 15h22  •  Mis à jour le 02.10.07 | 15h22
BRUXELLES CORRESPONDANT

'est le procès d'un jeune homme mal dans sa peau devenu un tueur raciste qui a débuté, lundi 1er octobre, devant la cour d'assises d'Anvers (Belgique). Ce sera sans doute aussi le procès d'une idéologie et de ceux qui, directement ou indirectement, ont créé le contexte propice au double assassinat commis par Hans Van Temsche, 19 ans aujourd'hui.

 

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Le 11 mai 2006, cet étudiant solitaire a abattu froidement une jeune Malienne de 24 ans, Oulematou Niangadou, et l'enfant de 2 ans qu'elle gardait, Luna Drowart, la fille d'un couple de restaurateurs. Il a aussi fait feu sur une Turque portant un foulard qui lisait, assise sur un banc. Cette quadragénaire a échappé par miracle la mort.

Hans Van Temsche a lui-même déclaré qu'il avait l'intention d'abattre "de cinq à dix étrangers", des "macaques". Il s'était acheté une carabine le matin même. Il était en colère : il venait d'apprendre qu'il était renvoyé de son institut technique agricole parce qu'il fumait dans sa chambre.

Il rêvait d'une fin grandiose : abattu par la police, alors qu'il se serait retranché dans la cathédrale, comme dans ces jeux vidéo violents qu'il affectionnait. Un agent de police en a décidé autrement : après trois sommations, il lui a logé une balle dans le ventre.

Les parties civiles, les avocats de la Ligue des droits de l'homme et du Centre pour l'égalité des chances - un organisme parapublic - soulignent que l'on ne peut séparer l'acte d'Hans Van Temsche d'un contexte de haine raciale. Le grand-père et le grand-oncle du jeune homme avaient servi dans la Waffen SS. Il était très fier de posséder le poignard de ce grand-père, frappé de la devise "Sang et honneur", qui trônait chez lui à côté d'un exemplaire de Mein Kampf.

Sa tante, Frieda, a été députée du Vlaams Belang - ex-Vlaams Blok -, la formation xénophobe qui réalise 30 % aux élections à Anvers. Son père, Peter, a lui aussi adhéré au parti. Il affirme aujourd'hui en condamner les excès mais ne renie pas son slogan, "Notre propre peuple d'abord".

Après l'équipée sanglante d'Hans Van Temsche, le premier ministre libéral Guy Verhofstadt avait montré du doigt le Vlaams Belang. Le ministre des affaires étrangères, Karel De Gucht, avait condamné ses électeurs, jugeant que leur vote "est aussi responsable de ce que ce parti provoque". Des partis francophones avaient tenté, en vain, de le priver de sa dotation publique.

Au premier jour de son procès, Hans Van Temsche s'est présenté en adolescent attardé, timide, discret. Il a remisé son long manteau noir et ses chaussures de combat, il a corrigé son apparence "gothique". Ses cheveux ras ont poussé, il arbore une chemise et une cravate, il ne regarde pas la salle. Ses avocats lui ont conseillé de corriger l'image qu'il avait offerte jusque-là : un être froid, insensible, qui n'a manifesté aucun regret. Lundi soir, il a enfin présenté ses excuses aux parents de Luna.

Le père de la petite fille s'est levé, l'a toisé, n'a pas dit un mot, se souvenant des propos du jeune homme pour expliquer l'exécution de l'enfant : "J'ai pensé aux éléphanteaux qui se laissent mourir après le décès de leur mère."

Au premier jour de l'audience, ses avocats ont tenté un baroud d'honneur en affirmant que le procès fait à leur client n'était pas équitable, compte tenu de la médiatisation de cette affaire. Pour la suite, ils évoqueront la "force invincible" qui animait le jeune homme, harcelé, dans le temps, par des jeunes étrangers. Ils produiront des témoins qui décriront un perdant qu'on n'a pas cru quand il a parlé de ses projets meurtriers.


Jean-Pierre Stroobants

Références

Le Vlaams Belang a succédé en 2004 au parti Vlaams Blok ("Bloc flamand") après que la Cour de cassation belge a jugé que le programme de la formation nationaliste était raciste et incitait à la haine, ouvrant la voie à une suppression de tout financement public.

Aux municipales de 2006, le Vlaams Belang ("Intérêt flamand") a réalisé 33,5 % à Anvers et 15,3 % dans l'ensemble de la Flandre.

Le code pénal belge prévoit depuis 2003 une augmentation de deux ans des peines de réclusion si les motivations racistes d'un crime sont retenues.

Article paru dans l'édition du 03.10.07
Tag(s) : #Actualités Internationales
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