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Courrier international - 21 janv. 2008
Article
AFRIQUE DU SUD - Le gouvernement nous plonge dans les ténèbres
Pour cause d'imprévoyance gouvernementale, le pays manque d'électricité pour satisfaire aux besoins des particuliers et des entreprises, constate le quotidien The Sowetan. Il prédit le retour à "une économie du Moyen Âge".
Eskom, la compagnie nationale d'électricité, nous demande de réduire notre consommation d'électricité de 20 %. Mais, même si nous le faisions, il y aurait encore des coupures d'électricité. La demande a progressé à une telle vitesse que les 17 centrales nationales sont incapables de satisfaire les besoins domestiques.

Eskom avait bien anticipé ce problème il y a une dizaine d'années et avait demandé au gouvernement d'investir dans la construction de nouvelles centrales, en vain. "Nous leur avons répondu : 'Pas maintenant.' Nous avions tort, Eskom avait raison", a reconnu le président Thabo Mbeki le mois dernier. A présent, le rêve du chef de l'Etat de rester dans l'Histoire comme l'artisan du développement économique de l'Afrique du Sud semble bien compromis.

Dans le pays, la demande en électricité croît de 10 % chaque année. Après avoir utilisé les surplus de capacité hérités de l'apartheid, nous en sommes réduits à ressortir de vieux éléphants blancs de nos placards. L'échec du nouveau régime à prévoir l'avenir est sans appel et nous en faisons aujourd'hui les frais. Si nous ne commençons pas à rationner l'électricité immédiatement, les coupures ne feront que s'aggraver dans les cinq à huit ans qui viennent, en attendant la mise en service de deux nouvelles centrales. Eskom est impuissant face à cette situation, car il faut au moins huit ans pour concevoir et construire ce qui deviendra l'une des plus grandes centrales d'Afrique du Sud.

Les coupures d'électricité sont une gêne pour les habitants et une menace pour les entreprises. Les responsables du secteur énergétique ont conseillé au gouvernement de renoncer à certains superprojets créateurs d'emplois tels que la construction de hauts-fourneaux pour les huit ans à venir.

Notre économie s'est développée grâce au faible coût de l'électricité. La vente d'électricité à des millions de consommateurs frustrés et le développement économique lié à la satisfaction de leurs besoins ont propulsé l'Afrique du Sud au premier rang des pays émergents. Mais tout cela appartient au passé. Les nouvelles centrales électriques coûteront beaucoup plus cher que les vieilles infrastructures, qui ont dévasté de grandes parts de notre richesse environnementale et détruit la santé des habitants. Nos vieilles centrales à charbon nous placent parmi les premiers émetteurs de gaz à effet de serre de la planète.

Eskom prévoit déjà de dépenser 28 milliards d'euros pour remédier à cette situation, mais cela ne sera pas suffisant, et il faudra bien que quelqu'un paie la note. On peut donc s'attendre à voir le prix de l'énergie doubler dans les cinq ans à venir. Reste que, pour les huit prochaines années, ni l'argent ni les relations ne permettront aux Sud-Africains d'avoir de l'électricité chez eux. Cela changera radicalement la donne économique du pays. Des emplois vont disparaître, les nouvelles entreprises chercheront à s'installer ailleurs et nous retournerons à une économie du Moyen Age.
Joel Avni
The Sowetan
 © Courrier international 2008 | ISSN de la publication électronique : 1768-3076    
Tag(s) : #Politique Africaine
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