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LIONEL AGBO S’ABIME PITOYABLEMENT
DANS UN GOUFFRE SANS FOND
 

     Le vendredi 25 janvier 2008, Lionel  AGBO,  porte-parole de la Présidence de la République s’est fait recevoir sur les antennes de l’ORTB au journal télévisé de 23 heures. C’était pour répondre au nom du Chef de l’Etat, des informations selon lesquelles le président Boni YAYI serait commanditaire d’une tentative d’enlèvement dont aurait été victime, Pascal TODJINOU, nouveau président élu de la CENA.

     Le porte-parole de la présidence dans une envolée hystérique déclare en substance : « Le Chef de l’Etat est furieux face aux allégations mensongères selon lesquelles il aurait commandité un enlèvement à l’encontre de Pascal TODJINOU, avec lequel il entretient de très bonnes relations, des relations excellentes… Il s’agit là des manœuvres d’intoxication pour déstabiliser le régime du docteur YAYI  Boni… ».  Lionel AGBO de poursuivre en déclarant  que des tracts sont diffusés faisant état de ce que le Chef de l’Etat aurait pris 13 milliards du groupe Bolloré pour financer sa campagne électorale, information relayée par les journaux béninois. Toujours selon ses dires, le Chef de l’Etat de source certaine a eu l’information que des hommes politiques sont en train de tramer un complot pour déstabiliser son régime et « manipulent des journaux en vue d’une insurrection armée généralisée… ».  Lionel AGBO de conclure que «  Désormais et dès le lundi, 28  janvier 2008 le Président de la République prendrait ses responsabilités et poursuivrait tout journal qui diffuserait des informations sans preuve et d’un certain contenu… »  

     Cette sortie médiatique qui a surpris toute l’opinion démocratique de notre pays, loin d’intimider qui que ce soit, est plutôt piteuse. Essayons de structurer l’ensemble de ses déclarations.

Premièrement : Il dément une information qui fait état de ce que le Chef de l’Etat aurait commandité un enlèvement à l’encontre du président de la CENA, Pascal TODJINOU. C’est son droit le plus absolu. Nous n’avons là rien à y redire. Seuls les faits ultérieurs nous fixeront.

Deuxièmement : Les journaux sont manipulés par des hommes politiques….Qui des hommes politiques du Bénin aujourd’hui manipule plus les journaux que celui dont Lionel AGBO est porte-parole ?

Troisièmement : Lionel AGBO parle d’hommes politiques qui comploteraient contre le régime de YAYI Boni en vue de le déstabiliser et provoquer " une insurrection armée généralisée". Et de menacer que désormais, dès le lundi 28 Janvier 2008 tout journal qui publierait des articles sans preuve et d’un certain contenu serait réprimé par le Président de la République.

     En fait, désormais selon Lionel AGBO, toute publication de presse devra avoir un contenu  que seul Lionel AGBO définit. On devra pour ne pas effaroucher Lionel AGBO n’écrire désormais que des articles de comptes rendus des activités du Président et de son gouvernement et chantant leurs louanges ! Ainsi plus d’informations critiques ! Plus de dénonciations des crimes et autres forfaitures que commettent tous les jours les gouvernants du « Changement ». Les cris des travailleurs salariés qui ont faim, des petites gens qui sont réprimées, les exigences des peuples qui veulent la libération de leurs langues nationales, les protestations contre la braderie des entreprises publiques, etc. ne peuvent trouver leur écho dans la presse. Lionel AGBO veut la suppression de cette liberté fondamentale conquise sur l’autocratie du PRPB dans la douleur et le sang par le peuple béninois : la liberté de presse et d’opinion.

     Inadmissible ! Révoltant ! De tels propos aujourd’hui ne peuvent qu’indigner tout citoyen quelque peu sincère et ont été l’objet de condamnation unanime et générale. Le peuple découvre alors qui est Lionel AGBO. L’homme, avocat de son état, cachait son jeu. Il tenait encore il y a quelques mois des propos enflammés et creux sur la démocratie, sur la liberté de la presse etc. S’étant proclamé représentant de la « société  civile », il a voulu se faire un nom en organisant une marche pour la défense de consommateurs de la téléphonie mobile-GSM, etc. Mais il a suffi qu’on le nomme au sein d’une cellule de régulation des GSM pour qu’on lui découvre les vrais mobiles de ses luttes antérieures : les intérêts bassement matériels au détriment des intérêts du peuple. Et l’on sait désormais comment ce dossier à scandales des GSM a été géré avec à la clé notamment une humiliation de notre pays en Afrique du Sud  par l’entreprise sud-africaine MTN et ses parrains. De là, il se fait nommer porte parole du Président de la République sans craindre la confusion de rôle avec le ministre porte parole du gouvernement dans un régime où le Président est en même temps chef de gouvernement. Ses propos actuels révèlent ce à quoi Lionel AGBO est désormais commis. Mais l’histoire de notre peuple a définitivement, depuis 1989, condamné les criminels politiques, les thuriféraires du despotisme et exigé leur châtiment. Lionel AGBO ne pouvait que connaître la condamnation générale du peuple.

     Ainsi, Lionel AGBO, trois fois candidat aux élections présidentielles : 1996, 2001, 2006, n’a pas su indéfiniment caché l’inconsistance de son verbe démocratique. Derrière ce verbe, il cache mal le panégyrique d’une nouvelle autocratie naissante ou plutôt d’un fascisme vieilli avant naissance, tombant ainsi piteusement dans un gouffre sans fond devant le peuple spectateur médusé et amusé. Le Parti Communiste du Bénin sait de vieille date et d’expérience multiséculaire, parce que formés d’hommes réels, piqués de culture et d’histoire, qu’ainsi chutent toujours ceux qui, sans consistance dans les idées veulent représenter le peuple. Il se garde toujours de le dire, assuré que les faits se chargeront des preuves et le peuple s’en instruira et comprendra mieux son propre passé pour la maîtrise de son futur.

     Le peuple béninois a mis à l’ordre du jour des exigences qui postulent une autre façon de gouverner ce pays, une Constitution nouvelle qui garantisse les acquis cumulés par les luttes populaires : les libertés politiques complètes, l’élection et la révocabilité des directeurs techniques, l’instruction de tout notre peuple en les langues maternelles, une nouvelle administration garantissant l’autonomie locale, le châtiment des tortionnaires et pilleurs du patrimoine national ainsi que de tous les apologistes du crime. Et tout incitateur au crime contre la démocratie et l’expression populaire mérite d’être châtié. C’est ce qu’enseigne le mouvement protestataire en cours.

     Et si le mécontentement général actuel au sein de toutes les couches et classes populaires et même au sein d’une frange de la haute bourgeoisie contre Boni YAYI et son gouvernement devait aller jusqu’à l’insurrection pour chasser les traîtres et imposteurs qui nous gouvernent, alors les communistes et tous les révolutionnaires fidèles à leur engagement ne pourraient que les encourager et les éclairer dans cette voie jusqu’à la victoire. Les menaces et intimidations n’y peuvent rien. Et toute provocation à l’encontre du peuple, toute tentative de recourir à des coups bas de la part du pouvoir de Boni YAYI ne pourrait qu’accélérer ce processus et précipiter la chute des auteurs.

Lionel AGBO devrait le savoir. 
 

Cotonou, le 29 janvier  2008. 

Le Parti Communiste du Bénin. 

Tag(s) : #EDITORIAL
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