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Concertations pour un nouvel accord entre Yayi Boni et ses anciens alliés:Les pièges qui guettent Albert Tévoédjrè  - LE MATINAL

27 mars 2008

Le médiateur de la présidence de la République s’est lancé depuis quelques jours dans une série de concertations en vue de ramener les anciens alliés du chef de l’Etat dans la mouvance. Au-delà des craintes de l’échec qui pourrait en résulter, le professeur Albert Tévoédjrè court aussi le risque de brouiller ses relations avec le président Yayi Boni.

Le professeur Albert Tévoédjrè se retrouve désormais dans une mission de bons offices pour obliger les groupes politiques mécontents du changement à regagner les rangs pour une nouvelle aventure aux côtés du président Yayi Boni. Après avoir réussi à trouver les moyens politiques pour ramener le Général Mathieu Kérékou aux affaires contre le président Nicéphore Dieudonné Soglo en 1996, il a su également jouer de tout son poids en 2006 pour aider l’actuel locataire de la Marina à prendre de la distance sur les autres candidats qui connaissaient pourtant le pays mieux que Yayi Boni. A tout ceci doit s’ajouter les résultats du puissant rôle d’opposant que le professeur Albert Tévoédjrè s’est donné entre 1991 et 1996 pour mettre en difficulté le président Nicéphore Soglo au point de le rendre très impopulaire pour lui interdire un second mandat. C’est pourquoi, cette nouvelle entreprise que le médiateur Tévoédjrè vient d’enclencher, doit être bien appréciée dans l’entourage de Yayi Boni par ces temps qui courent. Quand bien même on ne fait rien pour l’aider à réussir. Cette mission de bons offices qui intervient à un moment sensible, mérite cependant un certain nombre de réflexions. Ceci au regard de son importance, de l’ampleur de la crise entre le président Yayi Boni et surtout la qualité des personnalités que Tévoédjrè a commencé par rencontrer pour la cause. Pour avoir certainement trop souffert dans leur chair, pour avoir avaler trop de couleuvres, surtout à cause des déclarations injurieuses dont les proches du chef de l’Etat et pour avoir pris tout le temps requis pour analyser leur situation, les leaders du groupe des 4, leurs alliés des 13 ainsi que les autres qui les soutiennent, doivent plutôt être préoccupés par leur avenir politique qu’un autre accord avec le président Yayi Boni. Quand on tient simplement compte des énormes sacrifices consentis pendant ces derniers mois du fait de leur mise à l’écart de la gestion de la victoire de 2006 dont ils se réclament aussi les acteurs. A vrai dire, la mission sera bien difficile pour le médiateur Albert Tévoédjrè. Même avec les atouts dont il dispose.

L’audace de Tévoédjrè

C’est le courage du médiateur Albert Tévoédjrè à dire certaines vérités dans ce dossier qui sera son premier handicap. Et puis, il sera d’ailleurs obligé de tenir un langage franc pour plaire à ses interlocuteurs pour pouvoir leur arracher leur accord de principe. Des situations qui pourraient être mal reçues du côté de la Marina où on tend à ne pas dire certaines vérités au chef de l’Etat. Déjà, la réaction des militants du Parti National Ensemble au sujet de la déclaration du groupe des 4 au sujet de la situation politique nationale n’a pas plu aux proches du président Yayi Boni. Pour avoir dit que cette déclaration est une opportunité à saisir et qu’on n’a pas vraiment besoin d’avoir un certain âge pour intervenir dans le débat politique de son pays, ces militants Ensemble et leur responsable Albert Tévoédjrè ont été vite taxés de proches de l’opposition par certains chantres du changement. Ainsi, c’est d’abord à partir du contenu du rapport et des propositions que le professeur Albert Tévoédjrè fera au chef de l’Etat pour aider à dénouer la crise que commenceront les problèmes. Car dans un cas ou un autre, le président Yayi Boni sera obligé de faire des concessions. Une réalité qui empiète forcément sur les intérêts de certains grands du Palais de la présidence de Cotonou qui va, à coup sûr, multiplier les intrigues pour se tirer d’affaire et renforcer la crise. Même cette fois là contre le professeur Albert Tévoédjrè.

L’imprudence de Tévoédjrè

Le médiateur Albert Tévoédjrè s’est lancé dans cette affaire sans un minimum de prudence. Il semble n’avoir pas pris en compte la crise électorale et les conflits d’intérêts qui l’entourent dans le cas actuel. Parce que sincèrement, c’est lorsque la ville de Cotonou a commencé à échapper à la famille Soglo que le président maire a jeté le masque pour s’associer aux adversaires de Yayi Boni et se dresser ouvertement contre le changement. C’est parce que les ministres du gouvernement sont très actifs sur le terrain pour conquérir tous les fiefs afin d’enterrer tous les dinosaures de la classe politique pour promouvoir une nouvelle génération d’acteurs politiques que l’harmonie s’est rapidement dégageée. C’est également parce que les rancoeurs des positionnements sur les listes électorales de la mouvance présidentielle lors des législatives passées sont encore vivaces dans les esprits que les hostilités sont actuellement à leur comble contre le pouvoir de Yayi Boni. Albert Tévoédjrè le sait plus que quiconque et n’a visiblement pour l’instant aucun moyen pour y remédier. Dans ces conditions où il lui sera très difficile de changer de vision au président Yayi Boni et lui faire comprendre qu’il a forcément besoin de la vieille garde pour construire une bonne stratégie politique, cette mission de bons offices pourrait même déboucher sur un sérieux affrontement entre Tévoédjrè et les chantres du changement qui ne ratent pas d’occasion pour contre-attaquer. Et puis, il y a la crise à l’Assemblée Nationale que le médiateur semble ne pas avoir pris en compte dans sa démarche. Les rebelles au pouvoir Yayi Boni reprochent aussi la façon dont les activités au parlement sont conduites. Pour eux, le principe de la séparation des pouvoirs cher à la démocratie est déjà trop mis en épreuve. Et 18 ans après l’historique conférence nationale des forces vices de la nation, l’Assemblée Nationale est devenue une caisse de résonance du gouvernement. Situation qui ne permet pas un contrôle efficace de l’action gouvernementale. Mieux, il y a le cas des violations des droits du député. Si ce n’est une démission d’office d’un député qui est demandée, c’est sa suspension que le pouvoir du changement préconise. Par ailleurs, nombre d’acteurs politiques pensent actuellement, à tort ou à raison, que la justice est devenue sélective dans le pays et certaines décisions importantes sont prises sans un minimum de garantie. Alors même que les proches du chef de l’Etat ne cessent de faire des déclarations tapageuses au moment où le bon sens recommande le silence. Autant de situations qui ne pourront pas permettre à Tévoédjrè d’atteindre ses objectifs. Simplement parce qu’il n’a pas su toucher tous les aspects de crise de confiance entre Yayi Boni et les autres.

Jean-Christophe Houngbo (Br.Ouémé/Plateau)

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Tag(s) : #Politique Béninoise
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