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Si la journée internationale de la démocratie n’avait pas existé, les émergents allaient l’inventer. Eux qui prennent tant de liberté avec les normes républicaines en temps normal – il leur fallait bien ces 24 heures l’an pour se donner bonne conscience. Surtout qu’ils peuvent en profiter pour s’adonner à leur distraction favorite, les dépenses folles : comité d’organisation onéreux, frais de mission, coupures de presses, propagande. Occasion de faire accéder quelques « recalés du suffrage universel » comme l’ancien député Bernard Lani Davo à la mangeoire. Une cour de courtisans s’entretient. Les motivations de l’agitation exceptionnelle du pouvoir du changement autour de cette journée s’arrêtent donc à des consécrations bassement pécuniaires pour les organisateurs désignés.

 

C’est évident que ce n’est pas avec la maigre brochette de députés et d’invités triés sur le volet à la « fête » du palais des gouverneurs du 15 septembre 2008 qu’on peut espérer une inversion des tendances de la situation de recul démocratique au Bénin depuis avril 2006. Les rapports annuels défavorables de la part d’organismes aussi respectables que Amnesty-International, Reporters sans frontières ou le Pnud se succèdent. A l’interne, il suffit de scruter la très prolifique prose des partis à travers le mémorandum du G13 en fin d’année 2007, la déclaration du G4 du 12 mars 2008 et les communiqués conjoints G13, G4 et Force Clé pour constater ce qui se vit sur place.

 

Violation de la constitution, non respect des lois républicaines, achat de conscience, violence sur des élus, monopolisation des médias publics, multiplication des dépenses extrabudgétaires, non respects d’engagements, instrumentalisation de l’armée, politisation de l’administration publique, régionalisme, entorses à la laïcité de l’Etat etc…Les griefs s’égrènent au point où Yayi Boni est à la peine dans sa recherche de partenaires pour former son gouvernement d’après municipales.

 

L’hymne à la démocratie entonné par les courtisans du régime du Changement sonne tellement faux que cela n’a intéressé que très peu de Béninois. Personne n’a encore oublié comment, deux semaines plus tôt, le 1er septembre 2008, un ancien chef des services de renseignement a été installé à la tête de la maire d’Abomey-Calavi. Le colonel Oussou Guèdè aidé d’une véritable armée a pris possession de l’hôtel de ville qui compte 37 élus bien que sa propre liste n’ait obtenu que 3 conseillers. Les intimidations, les menaces et le renfort des militaires, policiers et gendarmes ont fait la différence. Un deuil de la démocratie que les émergents essaient de noyer dans l’ivresse de quelques mondanités à l’occasion de la journée internationale de la démocratie.

 

Le docteur-président ne semble toujours pas comprendre que la démocratie se célèbre tous les jours. Cela passe par le respect de la constitution et des lois, la libre expression, la libre gestion des communautés par leurs représentants élus et non par la force du fusil et de l’argent. On voit bien le peu d’échos accordés à cette fameuse journée internationale du 15 septembre dans les grandes démocraties occidentales. Même pas quelques lignes d’attention dans les grands médias internationaux. Contrairement à ce besoin d’exorcisme ressenti par les émergents béninois. À l’instar de ces grands prédateurs des libertés qui s’imaginent que le simple fait de cancaner sur le mot « démocratie » suffit à s’en rapprocher. On connaît l’histoire des célèbres Républiques « démocratiques » de Corée (Nord) ou de Congo ou d’Allemagne. Nul doute que les célébrations du palais des congrès de Cotonou sont considérées par les seigneurs de l’Etat-Fcbe comme une purification d’avant le grand assaut contre les communes de Matéri, de Sémè-Kpodji ou d’Avrankou.

 

Retour donc à l’Etat policier en attendant le suivant 15 septembre.

 

Tag(s) : #Politique Béninoise
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