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Encore un nouveau record battu par le régime du changement : les fonds spéciaux du président de l’Assemblée nationale passe de 36 à 80 millions. Contre la volonté du principal bénéficiaire, parait-il. En d’autres termes, les députés adoreraient tellement leur président qu’ils n’ont rien trouvé de mieux que de multiplier par 2 la cagnotte de sa caisse noire afin de lui témoigner leur profonde gratitude. Soit 100% d’augmentation sur cette seule rubrique pendant que les travailleurs peinent à obtenir ne serait-ce que 10% sur leurs salaires de misère. Le mérite de Nago, avoir tenu 8 mois sans le moindre texte voté, une autre grande première dans les annales parlementaires. Un immobilisme mélangé à une caporalisation de la représentation nationale qui permet au pouvoir de moduler la gouvernance à sa guise sans risquer de devoir rendre des comptes.

 

Pour mémoire, les fonds spéciaux constituent de l’argent, beaucoup d’argent octroyé à une personnalité par le trésor public. Son utilisation échappe à toute sorte de contrôle. Mathurin Nago dispose donc au titre de l’année 2009 d’une bagatelle de 80 millions qu’il gère sans justification aucune. Une sorte d’argent de poche. De nombreux Béninois ont certainement suivi les péripéties de cette inflation spectaculaire. Un premier projet du budget de l’Assemblée nationale apparu dans le circuit et tombé sous des mains d’écrivaillons a fait le tour du Bénin. 80 millions de fonds spéciaux pour le président Nago. Ce qui fit bondir ce dernier qui saisit sa plume et se fendit d’une correspondance très patriotique à l’endroit de « messieurs les questeurs ».

Morceaux choisis à partir de la prose de Nago : « à l’analyse, l’augmentation globale non seulement parait excessive eu égard à la situation socio-économique actuelle de notre pays mais aussi et surtout ne respecte pas le cadrage indiqué par l’exécutif » ; « maintenir les fonds spéciaux du président de l’Assemblée nationale à leur niveau actuel, c’est-à-dire 36.000.000 de francs ». Et le chargé de communication de prendre en chœur la ferveur patriotique de son patron, à travers des droits de réponse à tout vent, en mettant en épingle le défaut de professionnalisme de tous les gratte-papiers qui ont eu l’outrecuidance de traiter le chevalier Nago de profiteur de la République. Malheureusement pour ces chers amoureux de la patrie, l’histoire ne s’est pas arrêtée là puisque en définitive les députés ont consacré les 80 millions de départ « timidement refusé » puis « finalement accepté ».

 

Le cynisme qui entoure l’explication de cette augmentation démontre le péril qui pèse sur les caisses de l’Etat à l’ère de l’émergence. Les 80 millions seraient à partager entre le président et ses deux vices présidents selon un code tacite ou si l’on veut l’esprit du texte voté. Ceci au cas où Nago serait amené à écourter son mandat. Oubliant que l’actualité politique béninoise est devenue un long fleuve de mensonge, d’accords non tenus, de violation de la loi depuis le 02 avril 2006. Et que si par extraordinaire les rumeurs de la démission ou de la destitution de Nago devraient se confirmer rien ne l’empêche de vider les caisses noires y compris la réserve de sécurité pour l’éventuel remplaçant. Le législateur est bien placé pour savoir qu’il existe bien de mécanismes juridiques destinés à réajuster des incidents de parcours. Un budget rectificatif aurait pu servir à normaliser un éventuel après-Nago, au cas où… De plus, c’est la première fois qu’on apprend qu’il est prévu des ressources additionnelles sur des fonds secrets pour les successeurs du bénéficiaire. Le constituant s’est gardé d’accorder ce privilège au remplaçant d’un président de la République empêché. Le perchoir de la 5ème législature l’a obtenu.

 

Jusqu’où n’irait-on pas avec le Changement ?


Tag(s) : #EDITORIAL
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