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  Charles TOKO écrit à Yayi Boni concernant un gros scandale financier au sommet de l'Etat

 

 

19 novembre 2008 - LEMATINAL


Par Charles TOKO


Monsieur le président, un proverbe africain dit ceci : « Un enfant que l’on envoie voler ne va pas en cachette. Il va en brisant la porte d’un violent coup de pied en plein jour, et ceci, avec le maximum de bruits ». Vos collaborateurs font tellement de bruit dans le dossier Martin Rodriguez-Sonapra que des gens commencent par se poser des questions sur le vrai commanditaire.

Peut-être qu’à l’heure actuelle, je suis encore le seul à penser que vous n’avez rien à y voir. Mais de grâce, aidez-moi à vous aider. Pour moins que cela, vous êtes monté au créneau. Aujourd’hui plus que jamais, le peuple attend des explications sur ce qu’on commence par appeler votre « affaire Sonacop » à vous.

C’est trop gros comme couleuvres à avaler, Monsieur le président. Non, c’est vraiment gros. Il y a des vols qu’on admire parce que les auteurs ont fait preuve d’intelligence et d’imagination. Mais ici, il ne s’agit pas d’un vol qu’on veut organiser, mais d’une prédation. En matière de vol, il arrive que le voleur détale, laissant son butin parce que la victime s’est mise à crier. Mais en matière de prédation, il n’y a pas d’état d’âme. Le prédateur apparaît, tue et disparaît avec son butin ; ne laissant derrière lui que cris et désolation. L’obstination de vos collaborateurs à trouver un terrain d’entente, là où il n’y en a pas, montre qu’ils sont vraiment des prédateurs affamés ; ce qui est encore plus dangereux pour nos maigres ressources publiques.

 

Monsieur le président, on veut nous faire croire que Martin Rodriguez gagnera son procès contre la Sonapra. On veut nous faire croire que la Sonapra doit environ 80 milliards de francs Cfa à Martin Rodriguez. Conséquence : on se met à quatre pattes, on débarque en Suisse, on lui cire les bottes, on lui lèche le c…, on s’installe dans un hôtel à cinq étoiles. Nourri, blanchi, on revient avec un accord prétendument appelé « Compromis d’Arbitrage ». La finalité, on décidera par exemple de payer 30 milliards à Rodriguez Martin. Après, on se retrouvera entre amis et l’on passera à table. Le menu ? Des milliards de francs Cfa volés aux pauvres paysans. Je ne savais pas que c’était aussi facile de gagner des milliards de francs Cfa avec le Changement. Monsieur le président, c’est déjà heureux qu’au détour d’une discussion politique, l’on vous jette : « taisez-vous, c’est vous qui l’avez amené ». Libre à vous Monsieur le président, de liguer toute la classe politique contre vous. Libre à vous de vous entourer de cadres dont le seul mérite est de vous dire chaque matin, comme le renard au corbeau, « vous êtes beau ». Libre à vous de foncer, tête baissée, dans le mûr, malgré les cris désespérés de certains de vos collaborateurs qui ne sont pas encore enivrés par le pouvoir. Libre à vous d’écarter tous ceux qui ne pensent pas comme vous et qui osent intervenir dans la gestion de la cité ou qui, sentant le danger venir, osent critiquer votre gestion des affaires publiques.

 

Mais pardonnez, sauf votre respect, il y a des charges que nos maigres cous ne peuvent plus supporter. Cette affaire de milliards de francs Cfa qui se profile à l’horizon est de celles-là qui ternissent à jamais l’image de familles entières. Nous sommes dépositaires de patronymes hérités et nous avons le devoir de les transmettre à nos descendants sans tache aucune. En tout cas, pas de taches aussi noires que la prédation économique qui se profile à l’horizon. Que vous le vouliez ou non, il y a des noms qui ont été associés à votre élection. A défaut de le reconnaître, permettez-leur de marcher la tête haute. Il y a encore des gens pour qui la honte a une signification. Monsieur le président, pourquoi dessaisir le tribunal de Cotonou, alors même que celui-ci n’a pas encore rendu son verdict ? Vos collaborateurs ont le toupet d’avancer qu’ils vont perdre. Comment l’ont-ils su ? Sont-ils plus compétents que le juge ?

 

Il paraît que le dossier a avancé selon toujours « Le Béninois libéré » d’hier. Au lieu d’arbitrage, vos collaborateurs préfèrent maintenant négocier directement avec Martin Rodriguez. C’est encore plus grave. Et cette obstination à ne pas laisser le tribunal trancher cache quelque chose : la haute magouille.

 

Monsieur le président, tout le peuple suit attentivement ce dossier. Votre seule porte de sortie est de ramener vos collaborateurs à la raison. Laissez le tribunal de première instance de Cotonou trancher. C’est la seule condition pour sauvegarder votre honneur. Autrement, vous aurez créé votre propre « affaire Sonacop ». Vous aurez votre Fagbohoun à vous en la personne de Rodriguez. A deux ans des élections présidentielles, c’est là un véritable cadeau empoisonné.

 

Charles Toko


Tag(s) : #EDITORIAL
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