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Gestion du pouvoir
 
La diaspora béninoise abandonne Yayi et désavoue son gouvernement
 
07 janvier 2009
 
Annoncé comme un messie répondant aux aspirations du peuple béninois, la popularité du docteur Boni Yayi élu en 2006 Président de la République est aujourd’hui en décrépitude. La déception est grande dans toutes les composantes ayant contribué à son accession à la magistrature suprême. Même au niveau de la diaspora, des voix s’élèvent de plus en plus contre le Chef de l’Etat. Les plus audacieux commencent déjà par dénoncer ouvertement le régime du changement.

L’exercice du pouvoir constitue une véritable épreuve pour l’actuel Chef de l’Etat béninois. Une épreuve qu’il pourrait surmonter, s’il s’adaptait aux principes de la bonne gouvernance et de la gestion de la démocratie. Il n’y a nulle part dans le monde, une école dans laquelle on enseigne la fonction présidentielle. Mais quelqu’un dira simplement que « gouverner c’est prévoir. » Une leçon que le docteur Boni Yayi peine à faire sienne, au regard du gouffre politique et social dans lequel le pays s’enlise chaque jour, et ce depuis avril 2006.

 

Les Béninois de l’extérieur fâchés

 

La politique au Bénin a pris une mauvaise tournure au point que les Béninois vivant à l’extérieur ne croient visiblement plus à l’homme qu’ils ont soutenu corps et âme en 2006. Nombreux d’entre eux regrettent d’avoir voté et appelé leurs proches à voter pour Boni Yayi lors des dernières élections présidentielles. Un regret qui dénote la manière dont l’actuel locataire de la Marina gouverne. Le slogan ‘changement’ prôné par le docteur pour se faire élire à plus de 75% s’apparente à une opération de charme. Il a suffi qu’il prenne le pouvoir pour que les Béninois sachent qu’ils se sont laissé plonger dans une illusion. Dans les conversations privées, la question se pose régulièrement sur l’avenir de l’ex quartier latin de l’Afrique. Une question qui préoccupe également la diaspora béninoise.

 

La colère de Olympe Bhêly-Quenum

 

Le célébrissime écrivain béninois Olympe Bhêly-Quenum déçu des ‘manœuvres’ du régime du changement a tiré sur la sonnette d’alarme. Dans une lettre adressée au Président, l’homme a manifesté toute sa déception face à la méthode de gestion du docteur Yayi. L’écrivain met systématiquement en cause la gestion de Boni Yayi caractérisée par la violation des lois constitutionnelles, le non-respect des institutions républicaines … et plusieurs fois soulevées par les formations politiques G4, G13 et Force clé. La diaspora qui suit les événements nationaux de près n’entend pas rester indifférente à la situation sociopolitique et économique. En se référant à la lettre ouverte que Olympe Bhêly-Quenum a adressée au docteur Boni Yayi, nombreux sont les Béninois de l’étranger qui trouvent que le pays se porte mal sous l’emprise d’un pouvoir « autoritaire. » Cette observation a tout son sens dans le contexte actuel, où l’horizon est sombre au regard des menaces qui planent depuis plus de deux ans sur la démocratie béninoise. « Et voilà, par vos méthodes en train de piétiner la Démocratie dont le Bénin passait pour un exemple rare en Afrique », a indiqué Olympe Bhêly-Quenum. Un peu plus haut, il fait remarquer qu’ « un Chef d’Etat sans racine dans un parti politique solidairement structuré n’est rien, sinon un jouet au cœur d’une coalition dont les fissures mettent un jour la divergence des intérêts inavouables… . ». Toujours dans son réquisitoire, l’écrivain n’a pas hésité à fustiger les « errements » du pouvoir en place. Une appréciation similaire aux problèmes posés par la coalition G4, G13 et Force clé dans leurs différentes déclarations.

 

Les racines de la crise La crise politique que traverse le pays a toutes ses racines dans la ruse qu’exerce à utiliser le régime en place en vue de fragiliser les autres formations politiques qui ne partagent pas sa vision. Une stratégie que les observateurs nationaux et internationaux continuent de désavouer. La communauté internationale préoccupée par la crise avait diligenté un émissaire onusien au Bénin. Le commissaire européen au développement venu au Bénin a également attiré l’attention sur les risques que court le pays. Lors de son passage à l’aéroport international de Cotonou, le Président américain Georges Bush a invité son homologue béninois à adopter la politique du partage du pouvoir. Des recommandations internationales foulées au pied par le régime en peuple. L’image de la démocratie béninoise s’est subitement ternie après 18 ans de rayonnement. « … j’étais informé du recul de la démocratie, bien avant la publication du rapport de Reporters sans frontières », a indiqué Olympe Bhêly-Quenum au Président de la République. Ce rapport que les courtisans du Chef de l’Etat ont contesté est mis en évidence plus tard par celui publié par Amnesty international. Même sur le plan des affaires, le Bénin est déclassé. Un cocktail d’irrégularités enregistré en moins de deux ans à l’ère du changement. Tout citoyen qui tente de dénoncer ces irrégularités est littéralement stigmatisé. Les marcheurs se mobilisent et les insulteurs publics montent au créneau.

 

Le populisme en panne

 

Pour l’écrivain, Olympe Bhêly-Quenum, le populisme dont fait montre le régime Yayi, les marches et la distribution des billets de banque aux populations ne sont que des « pierres tombales » qui ne peuvent en aucun cas contribuer à la réalisation du rêve du changement prôné par le Chef de l’Etat. « Le statu quo ante s’est acagnardé et vous avez renforcé le misonéisme : en deux ans d’un règne cahoteux, vous avez réalisé l’exploit extraordinaire de faire du Bénin un Etat aux abois, à plat ventre, rampant comme un wansugogo ((mille pattes). » Olympe Bhêly-Quenum, par ces propos, a peint le tableau sombre de la démocratie béninoise et dépisté les facettes d’un gouvernement sans boussole réglementaire. Un homme politique béninois avait vu juste au début en signalant qu’il s’agit d’un régime « ventilateur. » L’histoire semble lui donner raison aujourd’hui. La politique du populisme mise en branle par le docteur Boni Yayi et son équipe sont en déphasage avec les réalités du terrain. La diaspora n’étant pas prête à cautionner une telle politique hausse déjà le ton. Un mauvais signe pour le docteur Boni Yayi. Une leçon pour les abonnés au régime du changement qui croient que la coalition anti-cauris a toujours tort dans ses déclarations.

Spéro ASSEGBE



Tag(s) : #Contribution de la Diaspora
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