Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Analyse critique du texte du sociologue Alain S. KOKOUVI
 
Par Salako
Lundi 12 janvier 2008
 

J'ai lu le texte du sociologue Kokouvi, et j'avoue être frappé par l'illéttrisme qui s'est emparé de nos "intellectuels". L'élite a démissionné; elle est malheureusement en quête de situation de rente face à un pouvoir qui tisse ses rapports (clientélistes) avec les cadres sur la base de contre-valeurs (capacité à plaider le faux, à trahir, à diviser, à manipuler...). Vous avez mal dans votre peau quand vous voyez des Ministres de la Républiques, des députés raconter des "bêtises" sur des chaînes de télévision, comme s'il n’y avait que des analphabètes dans le pays. On aurait tout espéré du régime dit du "changement", sauf cet appauvrissement de l'intelligence.

 

 D’abord, je voudrais faire remarquer que notre pays souffre aujourd’hui de l’absence de débats contradictoires, parce que les monologues auxquels nous assistons participent plus à de la manipulation de l’opinion publique qu’à son éclairage.


Je crois qu’il est de notre devoir de dénoncer ce qui ne va pas dans le pays, si nous sommes réellement préoccupés par son développement.


Pour revenir à l’article, l’auteur fait référence au discours du Chef de l’Etat, un discours, écrit-il, plein d’espérance. Pouvait-il en être autrement! Remarquons tout de même que c’est un discours d’un politicien, même si certains, par pure hypocrisie, ne le voient pas comme tel. De ce point de vue, le président est dans son rôle de donner espoir, même avec de fausses promesses, à travers la lecture d’un texte d’une insincérité évidente. Même au Zimbabwe, le président Mugabe continue de tenir de tels discours où pour lui, tout va bien dans le pays, la démocratie est en marche… Soyons un peu sérieux et laissons les discours de côté. J'ai lu la lettre ouverte de M. Olympe Bhêly-Quenum . Dans le fond, s'il apporte sa caution à la rencontre de Bohicon, c’est visiblement à cause de ce qui s’y est dit, et non de la qualité de ceux qui ont parlé. Le diagnostic de la gouvernance actuelle est juste - et on ne peut pas être fier des dérives actuelles sous le “changement”. On ne peut parler de développement, sans parler de bonne gouvernance. Dans un pays où les lois sont violées, les libertés sont menacées, la corruption prend de l’ampleur, les ressources sont gaspillées à travers des circuits propagandistes, les contre-valeurs (transhumance, les mensonges, manipulations…) sont encouragées, les religions, les pasteurs, les dignitaires de cultes traditionnelles, les rois sont instrumentalisés, il faut s’en inquiéter et dénoncer. Aucun développement, aucune émergence ne peut survenir dans un tel environnement. La corruption s’est installée sous le changement, la présidence de la république s’illustre négativement dans ce domaine, et seuls ceux qui ne savent pas ce qui se passe dans le pays continuent de croire au chef de l’Etat. Si AMOUSSOU a pris la liberté de parler de “louche”, à Bohicon, et sur une chaîne internationale, il ne s’adressait pas au peuple, mais à qui de droit. Les destinataires de telles dénonciations savent de quoi il parle. Si vous êtes une femme et vous vous permettez d’insulter ou de traiter de “putes” vos amies, en vous présentant comme “propre”, le jour où vous êtes surprise vous-même, ne soyez pas étonnée de voir ces amies vous traiter publiquement, le regard droit dans les yeux, de “pute”. De toutes les façons, ce qui se passe dans le pays est très grave!


Voilà un régime qui aurait racketté les opérateurs Gsm, à la suite d’une crise qu’il avait provoquée, et dont nous attendons toujours le point, sinon que la présidence et certains membres de l’Autorité de régulation auraient tiré leurs épingles du jeu par des « cadeaux ».


Voilà un régime qui a organisé la privatisation de l’outil industriel de la SONAPRA, en cédant plus de 30% à un « ami » qui aurait financé sa campagne en 2006, et qui contrôle et dirige la nouvelle société (SODECO) de la présidence par l’intermédiaire d’un conseiller – un fonctionnaire – comme DG, alors qu’on parlait de gestion « privée » au peuple;


Voilà un régime qui s’illustre par l’usage abusif des ordres de paiement, un moyen par excellence pour détourner de la caisse de l’Etat. Ne parlons même pas de la gestion peu orthodoxe des fonds de l’escorte.


Voilà un régime qui se lance dans la dégradation des dépenses de fonctionnement de l’Etat, par la multiplication des postes ministériels pour récompenser soit la trahison (transhumance), soit le militantisme, en transformant l’administration publique à un vaste champ de recrutement politique. Des repris de justice sont nommés préfet, des spécialistes de la fraude domaniale sont des conseillers, des illettrés sont des chargés de mission. Où sont les valeurs qui sont prônées ?


Voilà un régime qui organise la corruption passive de nos confessions religieuses, en distribuant ouvertement de l’argent frais aux pasteurs, aux prêtres fétichistes, aux rois et imams qui sont transformés en agents électoraux. Ces ressources pourraient être autrement utilisées dans la construction des écoles ou des centres de santé dans nos villages, des œuvres qui offrent plus de rentabilité sociale.


Voilà un régime qui s’illustre dans des niaiseries ou autres enfantillages, comme la célébration de l’anniversaire de la micro finance, et bientôt l’anniversaire des « échangeurs ».

Nous assistons passivement à la déliquescence de notre société, à l’exacerbation de la haine, de la division, à la promotion des contre valeurs.

Je comprends la rage qui anime M. Olympe Bhêly-Quenum. Ce qui fait la fierté des béninois, c’est notre démocratie, et on ne peut pas rester insensible à la fragilisation de nos institutions – la HAAC est dépouillée, une Cour constitutionnelle à la solde, une Cour Suprême partiale, les médias embrigadés par des contrats occultes, l’ORTB acquis à la propagande….Le comble, c’est la manière dont le pouvoir organise et gère les élections ;

 Il organise les contestations par des soulèvements populaires, pour se donner bonne conscience dans le non respect des lois électorales. A cette allure, si nous n’y prenons garde, nous allons commencer par assister à la contestation des décisions de la Cour Suprême et de la Cour Constitutionnelle, et là –on ne parlera plus de démocratie au Bénin. C’est triste pour mon pays ! Qui aurait cru que cela pourrait se passer dans mon pays jadis ‘quartier latin’.

Je m’en voudrais de ne pas relever quelques autres contrevérités contenues dans l’article du Sociologue:

1- les “plus de 200 milliards investis à Cotonou ” n’ont pas été entièrement mobilisés sous le “Changement”. La plupart des projets exécutés (avec concours extérieurs) les premières années du régime sont des projets hérités. La preuve, pour ce qui est du passage supérieur de l’avenue steingmez, financé par l’Allemagne, ce projet fait partie intégrante du programme de construction du 3ème Pont, dont les accords ont été signés par le régime Kérékou. Lors de l’inauguration de ce pont par le 1er Ministre Allemand, ce dernier avait déjà annoncé, que son pays s’est engagé à financer le passage supérieur (SVP, allez réécouter la bande du reportage à l’ORTB). Donc avec ou sans YAYI, ce projet aurait été exécuté; il n’a aucun mérite. Tout le reste est de la manipulation sur fond d’insincérité. Idem pour l’échangeur de Godomey, qui est aussi un projet arrivé à maturité sous l’ancien régime. Je demande aux journalistes d’aller vérifier tout cela au niveau de la Cellule de Coordination et de la Programmation du Ministère des Travaux publics.

2- le règlement de la dette salariale (environ 147 milliards de FCFA) n’a pas commencé sous YAYI; le décret de reconnaissance de cette dette a été pris par Kérékou et son règlement a commencé par le paiement de 500.000 F par fonctionnaire. Le gouvernement actuel a continué à honorer l’engagement pris par l’Etat, mais en prenant par le mécanisme de titrisation déjà expérimenté par le régime de Kérékou dans le cadre de la dette FNI (Fonds National d’Investissement). Des titres ont été émis pour étaler cette dette sur 5ans, 2002-2007, par la CAA (Caisse Autonome d’Amortissement). C’est ce même mécanisme qui est repris pour étaler le solde de la dette salariale sur 10 ans.


3- Au sujet de l’augmentation des salaires (plus de 12% écrit-il), elle n’a pas pu corriger l’érosion du pouvoir d’achat des travailleurs au cours de cette période, du fait de l’inflation. Le salaire réel (déflaté) a baissé sous le changement -c’est une réalité économique. Si par exemple, vous achetez le pain à 100f sous Kérékou, et vous l’achetez à 125f sous Yayi, soit une augmentation de 25%, ce n’est pas avec le niveau actuel des salaires que les travailleurs vont maintenir leur niveau de vie sous Kérékou.

Pour finir, sur un autre sujet de manipulation, c’est le budget qui passe de 650 à 1200 milliards de FCFA. Il faut attirer l’attention des béninois sur le fait qu’un budget, ce sont des prévisions de recettes et de dépenses, ce qui est important c’est la réalisation de ce budget. Si un budget de 1200 milliards est réalisé à 50% au cours l’année, il n’est pas loin d’un budget réaliste de 600 milliards réalisé à 100%. Donc attention! Ne croyez pas que le Bénin a mobilisé 1000 milliards en 2008, encore moins 1200 milliards de ressources (intérieures et extérieures) en 2009 pour des dépenses de tels niveaux C’est faux, l’actuel budget est d’ailleurs un budget fantaisiste pour alimenter la manipulation de l’opinion publique, parce qu’il y a assez d’analphabètes et d’intellectuels « tarés » dans le pays. Nous devons le dénoncer, sinon bientôt on va nous présenter des budgets fantaisistes de 1500 ou 2000 milliards avant 2011.

 

  

Tag(s) : #Contribution de la Diaspora
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :