Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

L’AUTRE FAÇON DE VOIR La stratégie des G et F mise à rude épreuve

 

L’AUTRE QUOTIDIEN 15 janvier 2009


 

A supposer que les députés du G4, G13 et Force Clé aient rejeté le budget général de l’Etat exercice 2009, la réplique aurait été immédiate : les ordonnances. « Le président Boni Yayi prendra des ordonnances autant de fois qu’il faudra pour mettre en oeuvre son programme de développement au profit du Bénin » avait mis en garde l’un des conseillers du chef de l’Etat. Il s’agit pourtant de mesures exceptionnelles. Le Général de Gaulle en était l’un des principaux inspirateurs dans la Constitution française fondant de la 5e République. Il n’en aurait disposé qu’une seule fois, en 1961, pendant la Guerre d’Algérie. Prendre à répétition par décret des mesures qui relèvent du domaine de la loi rapprocherait bien du système des fameux décrets-lois propres aux anciens régimes despotiques. Le vote favorable exprimé par les députés le 30 décembre dernier, un mois seulement après le séminaire d’Abomey et de Bohicon, apparaît donc, à première vue, comme une façon d’éviter la banalisation des mesures exceptionnelles et le vol subtil et permanent des prérogatives constitutionnelles d’une Assemblée Nationale pourtant en pleine ébullition. Parce que rendre régulières, des mesures prévues pour n’être qu’exceptionnelles aura pour effet de diluer la contenance de ces mêmes mesures lorsque surviendra une situation où leur application se montrerait des plus opportunes. Plus incompréhensible serait la subtilisation par l’Exécutif des prérogatives de l’Assemblée nationale. Il serait en effet difficile que dans une République réputée démocratique comme la nôtre on en vienne à ce système de décrets-lois sans qu’il soit invoqué une atteinte à la morale politique et une progression du pouvoir vers l’absolutisme. Il peut donc être concédé à l’opposition non formelle le souci de préserver les acquis démocratiques et au pouvoir la clairvoyance d’avoir suffisamment mis en garde les députés sur les conséquences de leur « entêtement » à ne pas voter les lois de la République. L’adoption dans les délais impartis du budget général de l’Etat exercice 2009 pourrait bien signaler le retour à une discipline parlementaire qui saura désormais distinguer le bon grain de l’ivraie, évitant par la même occasion de jeter l’eau du bain avec le bébé. Aux rejets systématiques des projets de loi, les députés pourraient désormais opposer des délibérations plus modérées qui résonneraient mieux dans les oreilles des Béninois.

L’autre interprétation qui découle du vote du budget se tisse autour d’une stratégie politique bien particulière. Certains observateurs ont voulu voir dans cette délibération, l’effritement du bloc avec en toile de fond des accusations fondées ou non à l’encontre de la Renaissance du Bénin soupçonnée de vouloir se mettre en phase avec le pouvoir. Pour autant, les signes avant-coureurs d’une dispersion de l’alliance - de circonstance certes ! - ne sont pas encore visibles. Pour cette raison le projet de loi de finances exercice 2009 a été voté à l’unanimité des 72 députés présents dans l’hémicycle le 30 décembre 2008. Des réunions ont suivi et ont tenté de dissiper l’opprobre que l’on a vite fait de jeter sur la Renaissance du Bénin au sujet de laquelle il faut toutefois éviter de délivrer un blanc-seing. La stratégie politique du bloc des G et F reviendrait donc à éviter l’effet boomerang d’une campagne trop précocement lancée contre le président Boni Yayi. 2011 est encore loin et le Chef de l’Etat dispose d’assez de temps pour faire « mentir » ses opposants. Sous le régime Soglo, la contre campagne, la vraie, a commencé vers la fin du quinquennat. On a laissé le pouvoir commettre les pires bêtises, on lui a même ouvert les vannes des médias pour déverser une bile incompréhensible sur le président Mathieu Kérékou qui pourtant était resté bouche bée, imperturbable et bien calé dans son « bunker à filao ». Apparemment, Boni Yayi n’est pas dans le même schéma. Il connaît déjà les armes dont disposent ses opposants puisque ces derniers n’hésitent pas à les lui brandir à la moindre incartade. En votant le budget 2009 et en optant (à vérifier dans les semaines à venir) pour une gestion plus intelligente des délibérations parlementaires – c’est d’ailleurs en faveur des Béninois qui n’ont cure des querelles politiques - les députés des G et F se repositionnent. Il ne faut surtout pas battre toutes les cartes avant 2011, autrement, Boni Yayi utiliserait simplement les mêmes armes pour leur porter l’estocade.

Charlemagne KEKOU



Tag(s) : #Politique Béninoise
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :