Bénin: Le casse-tête Rb

Chronique du jour

Le casse-tête Rb

11-05-2009 - FRATERNITE

La Renaissance du Bénin (Rb) coule dans une monstrueuse confusion et s’adonne à l’exercice de patinage politique à l’hémicycle. L’actualité parlementaire et les récentes positions du parti de l’ancien président de la République et maire de Cotonou, Nicéphore Soglo, construisent davantage les supports de la méfiance au sein de la grande famille des G et F. Les renaissants grimpent à la corde de la traîtrise. Sur les roulettes de toutes les incertitudes, les agitations de la Rb laissent enfler une interrogation cruciale pour l’avenir de l’opposition. Que fera la Rb en 2011 ?

Pour qu’elle soit au rendez-vous de la prochaine présidentielle, il faut d’abord qu’elle continue d’exister jusqu’en 2011. Supposons que la troupe à Rosine Soglo résiste à l’embrouillamini nourri aux frais de la présidente du parti en personne et que le G4 échappe miraculeusement à l’écroulement. Dans cette situation inespérée, l’idée chimérique de la candidature unique va encore bousculer l’évidence et envahir les esprits. Soit Adrien Houngbédji, exposé à un scrutin couperet, joue à fond sa dernière carte et persuade son challenger Lehady Soglo de la nécessité d’avorter ses envies pour 2016. Soit le président du Prd, ce qui est moins évident, fait une énorme concession en s’effaçant au profit de l’initiateur du G4, dont la visibilité est accentuée par son poste de premier adjoint au maire de Cotonou.

Mais l’hypothèse de la ruine et de la disparition du G4 vient surplomber les vœux de l’existence de ce bloc pourtant promis à un bel avenir. La méthode de Rosine Soglo enfonce le regroupement dans la crise. Il n’est pas exclu que les cendres du G4 servent à mieux peindre le navire Tchané car des rescapés du possible naufrage du ferry de l’équipage Soglo-Houngbédji-Amoussou-léhady-Idji pourraient dans la panique rejoindre le Banquier, successeur de Boni Yayi à la présidence de la Boad. Mais avec une Rosine Soglo, femme désormais émergente, la Rb implantée à Cotonou et dans le Zou est sur les escaliers du giron Cauri. Cette formation politique vit un déchirement voulu par sa présidente dont la propension à semer le scandale est notoire.

L’horrible confusion qui pousse à la Rb ne profite qu’aux satellites installés dans le périmètre de ce parti. Avec la complicité évidente d’Epiphane Quenum et de Justine Chodaton à l’Assemblée nationale, la présidente de la Rb amorce sa marche vers le clan Boni Yayi où s’est déjà installé le fils Galiou Soglo dont les actes anti Rb bénéficient d’une incroyable impunité. Les noces avec le régime du changement devraient sauver Galiou et ouvrir pour Epiphane Quenum, les portes du gouvernement.

Dans ce cafouillage grossissant, le silence de Lehady Soglo candidat de la Rb à la dernière présidentielle et nouveau leader du parti peut lui être préjudiciable. Sa survie politique dépend de l’avenir de la Rb. La dégradation de la situation et la noyade du parti dans le marécage cauri, devraient donner un coup d’arrêt à son ascension. Il doit prendre ses responsabilités pour rassurer les partenaires du G4 et donner un nouveau souffle à la Renaissance du Bénin.

Mais le charivari et les relents de félonie à la Rb mettent à nu les ambitions anachroniques de la présidente Rosine Soglo esquintée par le poids de l’âge et la maladie, mais toujours rebelle à une retraite politique méritée et exigée par la situation. Sa seule obsession : conduire la Rb à la table du pouvoir. La suite, elle ne s’en préoccupe guère. C’est à Lehady de justifier son statut de leader en atténuant les dérives de sa mère, pour sauver la RB. Pour cela, il lui faut réaffirmer solennellement l’attachement de la Rb aux idéaux du G4. Même au risque de provoquer la colère de maman.

Sulpice O. Gbaguidi