Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Actualité politique nationale / Entretien avec wallis zoumarou
Nous allons rejeter les 29 départements au Parlement

26-05-2009 - FRATERNITE

 


JPEG - 8.6 ko
Wallis Zoumarou

Le pouvoir du Dr Boni Yayi est-il assimilable à celui de l’Union soviétique ? Une chose est sûre, L’honorable Wallis Zoumarou est convaincu de cela. Le comble, pour le député de Sèmèrè est que le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago gère mal l’institution de contre pouvoir et le nouveau découpage territorial est un désordre. Dans cet entretien accordé à votre quotidien et comme à son habitude, il ne fait pas la langue de bois pour clouer au pilori le régime Boni Yayi. Pour finir, il explique ses différentes positions et justifie les raisons de son soutien à la candidature de Bio Tchané.

Bonjour Honorable Wallis Zoumarou. Le 23 avril dernier, cela faisait deux ans que la 5ème législature est installée. Quel regard portez-vous aujourd’hui sur cette législature à mi-parcours du mandat ?

 

Je vous remercie. Le regard que je porte sur la 5ème législature est celui de tous les citoyens. Il est aujourd’hui connu de tout le monde que l’Assemblée nationale tourne plus ou moins en rond. Elle est manipulée et mal gérée du fait de la manière dont le bureau a été installé. On devait normalement installer un bureau dans lequel se retrouvent toutes les tendances au lieu d’un bureau monocolore comme celui qui est là actuellement où tout résonne Fcbe et alliés Fcbe. Mais depuis quelque temps, la pratique du gouvernement a fait que même les alliés Fcbe se sont retirés pour constituer le groupe G13. Il ne reste que les alliés qui veulent toujours chanter les louanges du président Boni Yayi, un peu comme des griots. On a l’impression que les gens se regardent un peu en chiens de faïence. Comprenez alors que si ça se passe comme ça à l’Assemblée nationale, c’est le pouvoir qui est à la base. Si ça marchait bien, qui allions-nous féliciter ? C’est le pouvoir. Maintenant que ça ne marche pas bien, souffrez qu’on dise que c’est le pouvoir. De toutes les façons, ce pouvoir refuse de dialoguer. La démocratie a comme principe de base le dialogue. Or, ce pouvoir a l’air de dire ’’moi je détiens la vérité biblique, quand je veux quelque chose, c’est ça qui doit se passer’’. Il n’y a pas moyen de faire des compromis. Quand on dit que ce pouvoir est un pouvoir dictatorial, les gens nous disent qu’on insulte le président de la République. Non ! C’est un simple constat. Moi, je pense que le pouvoir du président Boni Yayi s’identifie à un pouvoir de l’Union soviétique.

 

Honorable, restons un peu à l’Assemblée nationale. Vous venez d’apprécier la 5ème législature à votre manière. Néanmoins, d’aucuns accusent le président de l’institution, Mathurin Nago, d’être à la base de la crise qui y prévaut depuis plus d’un an. Votre avis ?

 

Le président de l’Assemblée nationale est pratiquement un commis du président de la République. Il est un peu aux ordres du président Boni Yayi alors que l’Assemblée nationale est l’institution de contre pouvoir par excellence. Tout se passe comme si l’Assemblée nationale est là pour servir le président de la République. Le président de l’Assemblée nationale abandonne parfois les réunions au Palais des gouverneurs à Porto-Novo pour aller prendre des ordres au Palais de la République à Cotonou. Il y a vraiment des choses impropres au bon fonctionnement de l’institution que nous observons tous les jours. Certes, l’Exécutif et le Législatif doivent collaborer, mais ce ne sont pas des institutions unies. Tel que ça se passe aujourd’hui, l’Assemblée nationale est l’anti-chambre du pouvoir exécutif. Il ne faut jamais perdre de vue que la grande légitimité de tous les pouvoirs se trouve au niveau de l’Assemblée nationale. Les députés sont jaloux de leur pouvoir. Ils veulent exercer pleinement leur rôle et ne veulent plus être les ’’béni oui oui’’ du gouvernement.

 

Voulez-vous dire que jusque là, l’Assemblée nationale ne joue pas vraiment le rôle que lui confère la Constitution du 11 décembre 1990 ? Je veux dire le contrôle de l’action gouvernementale.

 

Oui ! Et ça, c’est le fait du président de l’Assemblée nationale. La preuve, il y a des députés qui ne cessent de s’opposer à la dépendance de l’Assemblée nationale par rapport au gouvernement. C’est d’ailleurs pour ça que beaucoup de choses n’ont pas l’air d’avancer à l’hémicycle et c’est vraiment honteux pour la 5ème législature et l’Assemblée nationale qui pourtant, a son autonomie et son mode de gestion. Quand est-ce qu’elle va alors jouer son rôle de contre pouvoir ? Nous qui ne nous sentons pas dans cet état de choses, nous ne mâchons jamais nos mots pour dénoncer des pratiques incompatibles avec le développement d’une Nation. Des fois, on convoque des plénières et quand on se rend compte qu’on n’a pas la majorité pour voter, on bloque les travaux. Parfois, des plénières convoquées pour 10 heures commencent à 20 heures voire 22 heures. On prend l’argent des contribuables pour débaucher des députés dans le seul but d’avoir la majorité à l’Assemblée nationale pour le compte du pouvoir. Ce n’est pas ça la démocratie.

 

Honorable, vous venez de peindre un tableau vraiment sombre des rapports entre l’Exécutif et le Législatif. Est-ce cette situation qui justifie votre engouement à susciter la candidature de l’actuel président de la Boad pour les présidentielles de 2011 ?

 

Il faut d’abord que je vous dise une chose. Nous sommes dans un pays de liberté, où chacun a le droit de s’exprimer, voire de choisir le candidat de ses convictions pour une élection présidentielle. Même s’il n’y avait pas toutes ces dérives du pouvoir et Dieu seul sait que ceci a forcé mon départ des Fcbe, il est évident que le régime du président Boni Yayi a montré ses limites. C’est un régime qui interdit les libertés les plus élémentaires acquises à la conférence des forces vives de la Nation de février 1990. Aujourd’hui, des préfets empêchent des honnêtes citoyens béninois de se réunir quand il ne s’agit pas de meeting en faveur du pouvoir. Il y a vraiment matière à réflexion pour sauver la démocratie béninoise. Il faut que le peuple se lève dans la légalité pour barrer la route aux dérives du pouvoir. Le président Mathieu Kérékou a été injurié dans ce pays et même lapidé. Mais cet homme n’a pas bougé d’un seul pouce. Tout le monde disait que c’est un mauvais président. C’est aujourd’hui qu’on se rend compte qu’il fut un véritable Chef d’Etat épris d’une volonté de stabilité et de cohésion nationale, surtout pour les deux mandats qu’il a fait avant d’aller à la retraite. Ce sont d’abord ces qualités qu’un président de la République doit avoir. Certes, le président Nicéphore Soglo avait déjà balisé le terrain, mais il faut dire que le passage de Kérékou a renforcé la démocratie béninoise. Malheureusement, l’arrivée du président Boni Yayi a tout déstabilisé. Il ne respecte aucune institution. Ce qu’il veut, c’est mettre toutes les institutions de la République dans un même panier pour ses services. Regardez un peu la Cour constitutionnelle. Normalement, toutes les tendances devraient s’y retrouver. Mais c’est une Cour constitutionnelle Fcbe qui fait tout ce que le président Boni Yayi veut.

 

Mais tout n’est pas noir dans la gestion du président Boni Yayi. Il y a bien des efforts qui sont consentis dans le domaine des infrastructures routières, et plus récemment dans le domaine de l’agriculture avec la mécanisation de cette filière par exemple.

 

Ils sont nombreux ceux qui pensent que le président Boni Yayi fait déjà trop bien pour ce pays. Ce que moi je constate, c’est que ce régime a du chemin à faire. Il y a trop d’improvisations, trop de mensonges et il n’y a pas de sincérité vis-à-vis des populations. Prenez la promotion de l’agriculture qu’on passe à la télé à longueur de journée. Quel document certifie aujourd’hui le nombre de terres sécurisées cultivables sans aucun risque pour les jeunes dont on nous parle. Il faut que les gens sachent que les terres du Bénin ne sont pas toutes les mêmes. Chaque région du pays a ses caractéristiques. On va acheter des tracteurs et on vient les distribuer aux amis. Il y a des gens à Cotonou qui ont pris des tracteurs et si vous n’êtes pas Fcbe, vous n’en aurez pas. Pire, des familles ne s’entendent plus à cause de la politique. On distribue de l’argent partout et à tout moment aux populations, au point où on se demande d’où sort tout cet argent.

 

Que pensez-vous du nouveau découpage territorial que le gouvernement va bientôt soumettre aux députés ? Est-ce là également une action négative du gouvernement ? On parle maintenant de 29 départements au lieu de 21 tel proposé par la Commission Adjaho.

 

Comme je l’ai dit tantôt, ce gouvernement est hypocrite. Le président Boni Yayi m’a dit avant son élection que s’il est élu, en 3 mois, Djougou sera un département. Après 3 ans, à quoi assistons-nous ? On veut transformer les 12 départements existants en 29. Mais il existe une loi qui a consacré ces 12 départements. Où en sommes-nous avec cette loi ? Il faut que le gouvernement commence par respecter d’abord cette loi avant de penser à créer d’autres départements.

 

Qu’est ce que la loi dit ?

 

La loi dit qu’il faut viabiliser les 12 départements créés à savoir : Donga, Atacora, Alibori, Borgou, Collines, Zou, Mono, Couffo, Littoral, Atlantique, Plateau et Ouémé. Au début, on nous a dit qu’il n’y a pas de moyens pour les 12 départements. Où est-ce qu’on va alors trouver les moyens pour 29 départements ? Dans un département, il faut une préfecture, un hôpital de zone, des directions départementales, pour ne citer que ces centres administratifs. Il faut qu’on nous démontre comment ce projet va se réaliser au lieu d’improviser.

 

Mais le ministre Porte-parole du gouvernement a laissé entendre qu’un projet de loi sur la question sera transmis à l’Assemblée nationale

 

Transmis à l’Assemblée nationale ne veut pas dire adopté. Il y a plein de projets de loi à l’Assemblée nationale qui attendent d’être adopté. Je crois que c’est une volonté manifeste du gouvernement de ne pas appliquer la loi relative aux 12 départements initiaux. Pensez-vous qu’une loi sur les 29 départements sera mise en application dans un an ou dans deux ans ? Leur objectif est ailleurs et comme nous allons aux élections, ils veulent en profiter pour nommer des préfets qui seront leurs chiens de garde dans les 29 départements, afin d’empêcher les gens de se réunir. Ils nous verront à l’Assemblée nationale. En tout cas, moi je serai de ceux-là qui vont rejeter une loi sur les 29 départements.

 

Revenons un peu à la probable candidature d’Abdoulaye Bio Tchané aux présidentielles de 2011. Il y a comme une sorte de floraison de mouvements de jeunes suscitant cette candidature. N’est-ce pas vous qui les poussez ?

 

Non ! C’est la jeunesse qui est fatiguée de ce qui se passe dans le pays. Tous les jours, c’est Fcbe avec du riz, de l’argent et des pagnes à distribuer. La jeunesse s’est rendue compte qu’elle n’a aucun avenir avec ce régime et qu’il faut faire appel à quelqu’un de plus averti. Sans doute, c’est ce qui justifie cette floraison des mouvements de jeunes pour la candidature d’Abdoulaye Bio Tchané. A tout point de vue, je pense que Bio Tchané inspire confiance. Celui-là ne prendra pas de décisions hasardeuses et vous savez bien qu’il a assumé des responsabilités de tous ordres dans ce pays.

 

Comment entendez-vous mobiliser les militants de votre parti politique l’Union nationale pour la solidarité et le progrès (Unsp) à votre cause ? Très certainement, tous les militants du parti ne sont pas de votre avis.

 

Les membres de mon parti adhèrent bien à cette candidature d’Abdoulaye Bio Tchané. Certes, Bio Tchané n’est pas un militant de l’Unsp, mais il a contribué à son existence d’une manière ou d’une autre. C’est le vrai envoyé de Dieu et c’est lui qui va changer les choses.

 

N’avez-vous pas peur de la machine Umpp qui vient d’être mise sur orbite et qui a déjà choisi le président Boni Yayi pour 2011 ?

 

Voule- vous que j’aie peur du nom ou des gens qui l’ont créée ? Je n’ai peur de rien, surtout que je connais ces gens-là. Beaucoup d’entre eux ont tenté d’être députés et ne l’ont pas été. Donc, à défaut d’être députés, ils veulent faire un président pour ne plus être au ’’chômage’’. La plupart d’entre eux ne sont plus aux affaires. Je suis même bien content que ces gens soient dans cette Umpp.

 

Votre mot de fin

 

Mon mot de fin est que tout va mal dans le pays et les gens refusent de voir la réalité en face. L’argent des contribuables est gaspillé dans des futilités. Il y a des scandales financiers dans les sociétés d’Etat telles que la Sonapra. Moi, je pense qu’on nous distrait trop et j’appelle mes compatriotes à se réveiller pour barrer la route aux dérives du pouvoir du président Boni Yayi.



Karim Oscar ANONRIN


Tag(s) : #Politique Béninoise
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :