GREVE GENERALE au BENIN: Points de vue de personnalités |
29-07-2009
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La grève de 48 heures des centrales syndicales démarrée hier a été largement suivie. Les travailleurs maintiennent pour jeudi la marche interdite par le gouvernement. Les personnalités interrogées pour la circonstance approuvent l’initiative des travailleurs, soulignent la nécessité de préserver les acquis de la conférence nationale et dénoncent les menaces qui planent sur les libertés publiques. Guy Ossito Midiohouan, professeur de Littérature Africaine à l’Université d’Abomey-Calavi «La démocratie béninoise bat de l’aile» «Moi, je suis tout à fait d’accord avec cette grève parce que je crois que les syndicalistes sont dans leur droit. La situation politique actuelle du pays appelle tout le monde à la vigilance. Les syndicalistes font bien de montrer que la gestion politique et économique du pays les concerne. Ils font partie de ceux qui ont oeuvré pour l'avènement de la démocratie dans notre pays. Actuellement, la démocratie béninoise bat de l'aile. Il est donc normal que tout le monde se mobilise pour la défendre. Je pense que cette grève des syndicalistes est responsable, c'est une grève citoyenne. Nous espérons que les autorités tireront leçon de cette grève là». Huguette Aplogan Dossa, ONG Social Watch Eviter au Bénin des situations préjudiciables à la promotion de la démocratie Cette grève est légitime. Manifestement, le gouvernement à travers l'interdiction de la marche des travailleurs empêche ces derniers de jouir des libertés fondamentales. Les libertés sont entrain d'être foulées au pied. C’est un fait que nous n’avons plus connu dans ce pays depuis l’avènement du renouveau démocratique. Cette grève est une sorte de prise du pouls en vu d’action plus concertées afin que le peuple lutte pour la reconquête de ses libertés acquises au prix de hautes luttes… Le gouvernement doit prendre ses responsabilité afin d’éviter au Bénin des situations préjudiciables à la promotion de la démocratie. Cyriaque Goudiali, Opérateur économique Une grève qui défend les libertés fondamentales Cette grève a plus pour objectif de défendre les libertés chèrement acquises, elle est également une lutte commune qui a pour fondement le point culminant qu’est la Conférence Nationale et pour un démocrate que je suis, c’est une grève qui défend plus ces libertés que l’intérêt majeur des travailleurs. Couao Zotti (Ecrivain) « La marche est une forme de protestation tout à fait légitime » Je trouve juste la démarche des syndicalistes d’enclencher une grève de 48 heures. Ceci pour protester contre l’interdiction de la marche programmée pour se dérouler la semaine dernière. Moi, je ne me fie pas aux considérations juridiques de la manifestation. Parce que nous sommes dans un Etat de droit, et la marche est une forme de protestation tout à fait légitime. Il ne faut pas frustrer les travailleurs dans leur droit. Il est inadmissible que les acquis de la démocratie depuis une vingtaine d’années soient remis en cause par un régime. Le chef de l’Etat n’a pas le droit de se comporter en despote. J’approuve la marche de jeudi et je suis heureux que les syndicats aient pris cette décision. Manière pour eux d’évacuer les frustrations reçues lors de l’interdiction de la première marche. Quel que soit la menace, ils doivent tenir bon, et organiser leur mouvement de protestation. C’est à cette occasion, que nous saurons s’ils sont prêts à se sacrifier pour la cause nationale. Pierre Goudjinou Mêtinhoué, professeur d’histoire à l’Université d’Abomey-Calavi Prévenir les entraves à la jouissance des libertés fondamentales Sauf erreur de ma part, il s’agit d’une grève générale contre la gestion du dossier CEN-SAD, c’est-à-dire contre le gaspillage et le pillage des ressources publiques. Il s’agit aussi de prévenir les entraves à la jouissance des libertés fondamentales. Les deux motifs me paraissent sérieux et méritent en effet qu’on s’y arrête, parce que je suis de la génération de ceux qui ont commencé leur carrière de fonctionnaires sous la révolution démocratique et populaire et je sais ce que signifie la non jouissance des libertés, notamment, celles de dire ce que l’on pense et d’aller et de venir, de faire grève. Source: Nouvelle Expression |