26 août 2009 par La Presse du Jour
Le vent qui souffle sur le régime du Président Boni Yayi est glacial. Après la sortie de l’ex Premier Ministre de la transition Nicéphore Soglo, c’est le tour de Pierre Osho, l’ex- ministre d’Etat en charge de la Défense nationale sous Kérékou de faire une sortie fracassante dans nos colonnes pour constater : » l’irréversibilité et l’inéluctabilité de l’alternance au sommet de l’Etat « . Aux trois cinquième du parcours, le doute gagne les esprits pour faire le lit de la déception.
Quand des leaders d’opinions très peu habitués au dictaphone en viennent à s’ouvrir, c’est qu’il y a péril en la demeure. Si tous les numéros de l’interview exclusive et explosive de Pierre Osho ont été rachetés par la Majorité Présidentielle, c’est pour interrompre la chaîne de la désapprobation publique qui risque de rallier les indécis à la cause du front pour l’alternance en gestation. Comme le Christ foulant le sol de Jérusalem pour les Rameaux, Boni Yayi plus tôt applaudi , reçoit la pierre des mots…pour enfin vivre sa passion, sa croix, afin de racheter les pécheurs de la mouvance présidentielle.
Nicéphore Soglo sans crier gare, consume l’élève plus ou moins adoré hier, ne serait-ce que l’instant d’un flash de caméras de télévisions au perron de la Marina. Pierre Osho, le révolutionnaire-démocrate s’inquiète avec sincérité et voit s’étioler l’espérance d’un monde de justice sociale et politique.
Après trois cinquième du parcours présidentiel, Boni Yayi connaît le dernier trou d’air de son mandat. Trop loin de son élection pour y trouver encore quelque élan, trop loin des premiers résultats de sa politique de renflouement des caisses de l’Etat pour se flatter d’un bilan, le président traverse le no man’s land de la politique à moins de dix-huit mois de l’échéance fatidique… Avec les sorties individuelles des professionnels de la politique (Amoussou, Soglo, Houngbédji, Sèhouéto, Adamou Ndiaye et le jeune leader du Rdl-Anfanni), les populations retiennent leur souffle et sont obligées d’attendre. Les dirigeants Cauris sont obligés de persévérer pour ne pas être en panne.
Ce dernier virage quoi qu’on dise a des vertus. Du moins, il permet de tirer des leçons. Les trois cinquième du parcours mettent un terme au simple pouvoir du verbe, à la phase gestuelle, folklorique et télévisée d’un mandat ; ils appellent des initiatives.
Par son vent d’amertume, corrosif au point de rouiller le dernier métal d’assurance de la Majorité, le parcours aux 3/5 permet de noter à l’agenda du desk politique béninois un parallélisme entre courageux et simples flamboyants, entre hommes d’Etat et hommes d’estrade. Peut-on dire sans risque d’être démenti par l’histoire que pour Boni Yayi la conjoncture sociale et politique est pour lui, le début de la fin ?
Le plan de relance économique bute sur la cupidité ontologique des fonctionnaires de l’Etat, des commerçants déguisés en conseillers au Palais. Hélas, une ère nouvelle, un cap inédit, les premières syllabes du désenchantement se prononcent au bonheur de ceux qui ont prédit que l’intrus ne connaissait pas la maison puisqu’il s’égare dans les couloirs de celle-ci et appelle secours à travers des lamentos assourdissants.
Il y a au sein de la classe politique, un courant » antiyayiste » profond, au souhait pérenne de » fin de l’empire « . Ces Béninois-là voudraient que Yayi échouât, pour glisser entre deux sanglots qu’ils avaient bien prédit.