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Lun

22

Aoû

2011

  
 
Écrit par Ben-Saïd Adjiboyrihan   
La visite du chef de l’Etat à la prison civile de Cotonou le 17 août passé aurait pu être un acte à saluer. En réalité, il n’était ni nécessaire, ni opportun de voir le président descendre de lui-même en personne dans cette prison. S’il ne s’y était rendu que pour constater, par lui-même, les rapports de situation qui sont censés lui avoir été faits, il n’y aurait aucune réserve à sa sortie. Le régisseur de la prison civile devrait lui avoir permis en temps ordinaire de se mettre au courant des conditions de détention des prisonniers.
Il a pu bien être sensible aux conditions des prisonniers. Mais l’afficher au grand jour, comme on l’a vu à la télévision était un peu trop. Les anciens présidents Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo ne s’y sont pas rendus. Pourtant, ils ont accordé leur grâce à des prisonniers. Est-ce à dire qu’ils n’ont pas de la compassion pour les prisonniers? Bien malin celui qui peut répondre à cette question. En tout cas le rôle du chef de l’Etat est de nature strictement régalienne. C’est-à-dire faire des constats et prendre des décisions, dans l’intérêt de tous. En la matière, il s’agit de réfléchir aux moyens de désengorger les prisons et non venir y faire du clientélisme ou pire, du voyeurisme en direct sur les écrans de la télévision nationale. C’est du moins ce que sa visite à grands renforts de publicité donnait à voir.
 
Au cours de sa visite, comme il en a finalement l’habitude, il s’est encore mis dans un rôle qui n’est pas le sien, en se transformant non seulement en pasteur, mais aussi jouer les aumôniers et mimer un imam en invoquant des versets bibliques sans vraiment citer les sourates du Coran. Dans une prison d’un pays qui se veut laïc où le chef de l’État demande de prier Dieu en invoquant uniquement des versets bibliques et coraniques, on peut se demander la place qu’occupe les prisonniers qui ne sont ni chrétiens, ni musulmans. Encore qu’à ces endroits, il y a à coup sûr des aumôniers payés pour s’occuper de l’état spirituel des pensionnaires. En cela, le président a fait preuve de parjure en ne respectant pas la Constitution. Dans la Loi suprême de l’État, le pays se veut laïc afin d’éviter qu’il y ait des Béninois à part et de distinction à faire entre des personnes de religions différentes. Par sa maladresse commise, Boni Yayi a mis à l’écart ceux qui sont animistes alors qu’il est le président de tous ses «Chers compatriotes», ses «Béninoises et Béninois», «sans distinctions de religion». De ces animistes, beaucoup ont pu voter pour lui lors des derniers scrutins électoraux. Mais voila! Qui peut encore lui faire entendre raison? La Cour constitutionnelle de Robert Dossou? Plus personne ne l’imagine!
Tag(s) : #EDITORIAL
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