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29-04-2010

 

BENIN: Hôpital ou tribunal ? Non merci !

 

Écrit par Paul Emile da Silva

 

Si l’on en croit le témoignage de nombre d’habitants de Cotonou à qui c’est arrivé, il faut prier les dieux de partout pour ne pas avoir à séjourner à l’hôpital ‘‘350 lits’’, hôpital public le plus huppé et qui porte le nom du premier président de la République. Prier aussi pour ne pas devoir aller au Palais de Justice car, suggèrent-ils, c’est la fin du haricot dans les deux cas.

 

 

Il paraît que si vous atterrissez malade ou victime d’un accident dans le célèbre hôpital sans beaucoup d’argent dans votre poche éventuellement ensanglantée, vous ne tarderez pas à entrer dans le coma, parce que l’hôpital présidentiel n’a strictement rien pour permettre aux médecins d’assurer les soins d’urgence. Le temps que vos parents remuent terre et ciel pour ne pas pouvoir acheter des produits qu’on ne trouve qu’à Paris, vous avez rendu à Dieu son souffle. Si vous atterrissez plein de sous, vous risquez quand même encore de le rendre, parce que les médecins n’ont à leur disposition qu’un matériel obsolète, datant parfois de Mathusalem, et qui n’est plus fabriqué dans aucune usine d’Europe ou d’Amérique. On connaît le cas de ce jeune médecin béninois qui a fui en France parce que dans l’hôpital des Collines où il était en poste, l’Etat lui avait remis comme outil de travail, en tout et pour tout, un stéthoscope fabriqué au siècle dernier.

 

Il paraît qu’au Palais de Justice, où les juges sont en robe comme les médecins, c’est à peu près pareil, et que derrière les effets de manche et les plaidoiries à gogo, il n’y a que l’argent qui parle, et pas la justice et pas le droit. Il faut dire d’ailleurs que le droit n’est pas une science exacte, mais une convention, que l’on peut éventuellement manipuler à sa guise. Et il paraît que nos magistrats, qui restent très mal payés malgré tout, profiteraient abondamment de la flexibilité du droit pour le faire toujours pencher du côté du plus offrant dans les coulisses du Palais de Justice. Ainsi vous pouvez avoir volé un terrain et en devenir légalement propriétaire et faire jeter en prison le vrai propriétaire légal.

D’où l’adage à Cotonou : ‘‘Si tu veux vivre heureux, prie pour que t’ignorent hôpital et tribunal’’. L’ironie du sort veut qu’ils riment et que, surtout, ils soient tous deux très proches sinon en face de la rutilance du Palais présidentiel, où nos ministres se réunissent sans arrêt pour concocter les plans des villas CEN-SAD et des villas présidentielles, promises à être mangées par les embruns de la mer dont on les a faites voisines.

 

Paul Emile da Silva



 

Tag(s) : #EDITORIAL
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