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Le Cnhu aux magiciens…

Le mouroir en face du palais de la Marina a encore de beaux jours devant lui. Impressionnant le nombre de Béninois qui vont y passer l’arme à gauche quotidiennement. Mon frère et confrère Mickéila Nondichao serait peut-être encore de ce monde si le sort ne l’a pas conduit inanimé à la salle de réanimation de ce maudit Centre national hospitalier et universitaire Hubert Maga de Cotonou. N’eut été l’état de déconfiture avancé du système de santé et les grèves répétitives dans les centres publics, il n’aurait jamais été opéré dans cet obscur clinique privée de Fidjrossè avant d’échouer au mouroir officiel jouxtant la Présidence de la République pour y rendre l’âme. De la fatalité au quotidien qui n’épargne personne.

 

Tout réquisitoire sur le sujet quel que soit sa pertinence parait vain. La douleur de la disparition d’un être cher faute de soin justifie les râles à répétition à l’encontre du personnel soignant. Les patients qui défilent chaque jour avec leurs multiples maux ont certainement de sérieux motifs de s’indigner face à ce qu’ils considèrent être une indifférence des agents de santé en grève à leur égard. Comme s’il suffisait qu’un médecin ou un infirmier pose le regard sur un patient pour le délivrer de son glaucome ou de se rhumatismes. Sans matériel et sans cadre approprié, un agent de santé quel que soit sa dextérité et sa compétence est réduite à une situation de cessation de travail. Le rituel n’est pas le même selon qu’on est dans un hôpital ou chez le guérisseur traditionnel. Un agent d’un hôpital ne parle pas aux esprits afin d’extirper le mal d’un corps comme le ferait ses confrères des couvents de médecine traditionnelle. Les analyses, les ordonnances, les applications de médicaments ne s’administrent pas par voie de magie ou de prestidigitation.

 

L’absence d’Etat ne saurait être exempté de la déconfiture du système de santé. Etat qui n’a de sens aux yeux des princes régents que lorsqu’il s’agit d’embastiller un adversaire politique, de mettre sous coupe réglée les institutions républicaines, de contrôler le fichier électoral, de brader le patrimoine communautaire et de multiplier les taxes « privées » au profit des courtisans. On ne dit presque jamais rien du programme de santé des princes régents. Il fallait commencer par demander à Yayi dans quel état se trouvait le système sanitaire du Bénin à son entrée à la Marina et où compte-t-il le mener à la fin de son mandat. On parle bien de santé publique qui est de la responsabilité exclusive de l’exécutif. C’est le gouvernement qui élabore le budget national et gère tout ce que le contribuable réserve à la santé des populations.

 

Impossible de ne pas s’appesantir à nouveau sur l’existence ou non d’une programmation de la gouvernance Yayi. Son existence suppose des objectifs à atteindre, des statistiques à réaliser notamment par rapport au taux de fréquentation, à la fréquence des décès, aux erreurs médicales, aux recrutements, à la carrière de chaque agent. Des mécanismes d’évaluation pourraient permettre au chef de l’Etat de dire aux Béninois voilà ce que j’ai réalisé en l’espace de 5 ans. Ce qui éviterait le populisme à la Douk Saga qui consiste à clamer partout que tel nombre de milliards a été engloutis dans les champs de coton, tel autre à la Sbee ou aux Ecureuils. Ce qui intéresse, le blessé grave transporté d’urgence à l’hôpital ce n’est pas la quantité de milliards ayant servi à réfectionner la salle de réanimation mais la qualité de soin qu’il pourrait y recevoir. À la précarité, les agents de santé opposent la combine et l’arnaque sur les patients. Alors qu’on leur demande de soigner les gens à mains nues, sans matériel et sans salaires. Tout un programme de faiseur de miracles.

 

On meurt au Cnhu ? Yayi n’est certainement pas au courant…

 

arimi choubadé

Rédigé le 11 mars 2010



Tag(s) : #EDITORIAL
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