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LETTRE OUVERTE DE L'HONORABLE ASSAN SEIBOU A Boni YAYI (Fin)

 

MES CONCLUSIONS ET SUGGESTIONS

 

Nous devons nous rendre à l’évidence. Le conducteur du changement a en effet enclenché le levier de vitesse. Seule question : a-t-il engagé la première ou la marche arrière ? Légitime interrogation ! Je n’y trouve pas réponse plus exacte que dans l’apologie même du « Bénin émergent » en ses  formules volontiers narcissiques : «Avant le changement on n’avait jamais vu ça ...c’est la première fois que…». Il y avait donc bien matière à inventaire.

Manifestement, nous étions tous trop enthousiastes pour surveiller de près notre chauffeur. Certains, expérimentés, avaient déjà signalé que le chauffeur du Bénin était mauvais. Mais nous nous réveillons aujourd’hui pour nous rendre compte que le chauffeur est plutôt dangereux. Il a embrouillé la boîte de vitesse, il roule au bord du ravin. Bientôt, au poste de contrôle constitutionnel, l’occasion unique de ne pas le laisser reprendre le volant.

 Un fait d’actualité met au défi notre entendement. Dans le passé, l’annonce d’un remaniement ministériel provoquait immanquablement la curée des postes. Aujourd’hui, voici notre président de la République qui promène sur la tête son plateau de portefeuilles ministériels pour former son gouvernement et ne recueille aucune candidature. On observe même chez les potentiels « ministrables » une véritable allergie à cette offre alors que, selon la rumeur, il leur est parfois proposé, en plus du portefeuille, une coquette enveloppe. Que se passe-t-il ? Le pouvoir serait-t-il soudain devenu pestiféré ? 

Alors que la propagande gouvernementale expose les villas présidentielles hors de portée du Béninois moyen, des ponts aériens hérités du régime Kérékou, des pseudo gratuités, des crédits de masse sur fond de scandales etc., pour essayer d’éclipser la réalité, les faits vécus  que nous avons cités plus haut et bien d’autres encore, imposent chaque matin à l’esprit le plus fermé,  un défilé d’images qui peignent la décrépitude ambiante. 

Le burlesque : la télévision couleurs devenue politiquement monocolore, le soutien aux marches de soutien, l’avion présidentiel volatilisé sans voler, l’Etat laïc coiffé par la religion, Georges Bush en visite au portail du Bénin, des marcheurs contre la corruption convertis en démarcheurs pour la corruption, le président escaladant jour et nuit nos chantiers, le gouvernement où personne ne veut entrer sinon contre forte somme…

Le tragi-comique : l’insécurité financière sous les gardiens de la finance, en clair le gouvernement des banquiers piégés par la délinquance bancaire et financière…

Le tragique : le réseau routier effondré, la série de catastrophes et d’hécatombes inédites (Porga, Tchaourou…), l’insoutenable bilan des braquages quotidiens, la série de victimes du cortège présidentiel, la confection de tensions toutes catégories, la gouvernance par la crise permanente, l’abandon de nos enfants au débrayage des enseignants,  la grève illimitée du personnel de la santé avec la sombre nécrologie causée dans les hôpitaux…à l’indifférence ou à l’incompétence manifeste du pouvoir.

C’est vrai, tout cela, et bien plus, est nouveau dans le Bénin du renouveau. En quatre ans notre pays a bel et bien changé ; mais dans le sens inattendu de tous. Alors ?...

 

Il nous faut absolument comprendre ce qui nous arrive. Les Béninois sont un peuple profondément croyant. Le recours au mystique survient quand l’explication scientifique atteint ses limites. Les deux dimensions sont également nécessaires à notre entendement. Nous le savons, Dieu seul donne le pouvoir et chaque peuple a le chef qu’il mérite. Qu’avons-nous donc fait pour mériter le nôtre, en clair pour ériger ce type de pouvoir dont les errements nous exposent collectivement à des risques gravissimes ? La mégalomanie, la dérive dictatoriale, cette gouvernance chaotique sont-elles une fatalité ou simplement le choix imprudent que nous avons fait de l’inconnu en voulant du nouveau ? En effet la quête du nouveau passe par l’inconnu et rencontre parfois l’inapte. Connaît-il le pouvoir ? En possède-t-il les facultés ? Car, je le disais il y a deux ans, « on lui donne le pouvoir et il cherche le pouvoir ».  La boutade conserve tout son sens : le pouvoir mal assuré est dépourvu d’autorité et se mue en force aveugle. C’est la source de l’autocratie et de la tyrannie, que la démagogie sait si bien accommoder avec la ferveur populaire.

Un pouvoir autocratique qui se veut « fort » sans pour autant rassurer les Béninois, un président prompt à se défausser de décisions prises par le Conseil des ministres, l’organe suprême de l’exécutif.

Oui, faute de prendre du recul, nous avons péché par naïveté, et notre myopie (dois-je dire ingratitude?) collective ne nous a-t-elle pas écartés du devoir de reconnaissance envers tous ces bâtisseurs que sont nos anciens présidents ? La nation leur doit tant de nos vertus. L’enthousiasme de l’aventure nous poussait à jeter le bébé avec l’eau du bain.

Il n’y a pas de doute, les outrances  du pouvoir du changement nous montrent l’inestimable valeur de ce que nous sommes en train de perdre : notre liberté, notre fierté de modèle démocratique, notre stabilité économique et sociale, notre prospérité, nos valeurs… en un mot, notre dignité, notre identité.

Il nous a été possible, au Bénin, de nous en sortir ensemble, face à des situations plus difficiles que celle que nous traversons aujourd’hui, sans jamais atteindre l’irréparable. Dieu merci, nous disposons actuellement d’une voie que nous avons tous ensemble tracée : notre Constitution et l’alternance démocratique par les urnes qu’elle consacre. L’occasion est unique, il faut la saisir pour changer de président de la République en 2011. C’est notre seule chance d’arrêter le déluge. Dieu ne nous aidera  que si nous le décidons. Pour chacun de nous c’est un impératif de salut public. Je vous y convie.

Voilà pourquoi YAYI Boni doit être révoqué en 2011, par les urnes.

Sauvons notre nation du péril.

 

 

 

Juillet 2010

 Honorable Assan SEIBOU

 (229) 96 09 13 50              

                                                     

                                                                                               seibouassan@yahoo.fr

Tag(s) : #Politique Béninoise
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