Reconversion du Roi Tossoh Gbaguidi XIII à l’islam : La honte des têtes couronnées
« Tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction est un péché ».
Le roi de Savalou Tossoh Gbaguidi XIII s’est converti à l’islam et l’a annoncé à son peuple le week-end dernier. Une cérémonie grandiose riche en couleur qui a connu la participation d’émissaires du guide de la révolution libyenne Mouammar Kadhafi. D’après les dires du roi de Savalou désormais nommé Abdul Salem, c’est le guide libyen qui l’a convaincu d’adhérer à l’Islam. Une demande sans doute justifiée par l’engagement du Roi Tossoh Gbaguidi XIII à aider le guide libyen à réaliser son projet le plus que constitue la réalisation des Etats-Unis d’Afrique. Le Bénin qui est un havre de paix, de tolérance religieuse et politique, confère à chaque citoyen le droit de choisir vivre la religion de sa conviction. Le roi de Savalou est donc dans ses droits de se convertir. Un citoyen béninois qui se convertit donc à l’Islam, au christianisme ou autres religions n’est un pas évènement en soi.
Mais, vu la personnalité et les responsabilités d’un roi au Bénin, on ne peut s’empêcher de s’attarder sur la question et légitimement s’interroger.
Du suivisme pur et simple
Pourquoi le projet de création des Etats-Unis d’Afrique si cher au président Kadhafi, laisse réticents ses paires africaines ? Si tous les pays africains et leurs chefs d’Etat s’accordent sur le caractère noble et idéal de l’Union africaine, ils sont cependant la plupart divisés sur les méthodes utilisées par son promoteur Mouammar Kadhafi qui, selon eux exécuterait un agenda caché celui de l’Islamisation de toute l’Afrique. Une inquiétude qui se comprend face à la reconversion spectaculaire du Roi Tossoh Gbaguidi XIII de Savalou parce qu’il s’est déclaré prêts à accompagner le guide libyen dans la réalisation de son projet. Car en vérité le roi de Savalou, garant des religions endogènes, maître de cérémonie de plusieurs manifestations coutumières et chef suprême de tout ce qui existe comme religion locale sur son territoire avait-il vraiment besoin de se convertir à l’Islam avant de bénéficier de la confiance de Mouammar Kadhafi. Certainement pas. Mais dans le cas contraire on tourne dangereusement vers une formation des Etats-Unis d’Afrique qui se soucie peu de la laïcité des peules. L’histoire nous enseigne que les peuples anciens pratiquent de gré ou de force la religion de leurs dirigeants. S’achemine-t-on vers une campagne d’islamisation complète de Savalou jusqu’à sa forme expressive la plus contraignante qu’est la charia ? Les années à venir nous édifierons. .
Est-ce la faim ?
Nul n’ignore aujourd’hui l’immensité des travaux de développement dont a besoin la commune de Savalou pour avoir accès à la loge des communes à statuts particuliers du Bénin. L’assainissement, les routes, les écoles, la construction de centre de santé, la redynamisation de l’agriculture. Autant de travaux qui appellent assez d’investissements dont la mobilisation des ressources ne peut se faire par la municipalité seule encore moins l’Etat béninois. Toutes choses qui, légitimement constituent un casse-tête pour le roi Tossoh Gbaguidi XIII, vraisemblablement soucieux du développement de son royaume et de l’épanouissement de ses fils et filles et le poussent à chercher des voies et moyens pour sortir son royaume de l’ornière. Aussi qui peut refuser de se faire amis à Kadhafi quand c’est lui-même qui en vient à te le proposer? La manne financière issue des pétrodollars dont dispose ce dernier ne peut laisser personne indifférent. Il l’a déjà confirmé à Savalou en offrant déjà 1 milliard de Francs CFA à Savalou et à Roi. Et ce n’est que le début du commencement.
Obéissance conviction ?
« Tout ce qui n’est pas le produit d’une conviction est un péché ». Ainsi s’exprimait le seigneur dans la bible. Le roi de Savalou Tossoh Gbaguidi XIII devenu après sa reconversion Abdoul Salem est certainement suffisamment responsable pour ne pas s’aventurer dans une religion que son cœur et son subconscient ne lui aurait pas dictée. Mais au regard des avantages matériels et financiers qu’engendre cette conversion et les autres à venir on est en droit de se demander si cette conversion à l’islam est véritablement le fruit d’une conviction personnelle. Car en vérité, le projet des Etats-Unis d’Afrique dont Mouammar Kadhafi est le chantre n’est-il pas qu’une trouvaille pour le président libyen pour islamiser toute l’Afrique en miroitant les pétrodollars aux dirigeants et leaders des pays subsahariens ?
Dieudonné KATAKOULA