27/11/2014
L’auteur de la présente lettre ouverte adressée au « grand frère Simon Compaoré » salue avant tout propos la combativité inébranlable de l’homme. Mais pour lui, si le débat autour de la modification de l’article 37 a conduit notre pays à ce stade, c’est qu’en partie les créateurs du MPP y ont été pour quelque chose. Lisez !
Grand frère, avant tout propos, je m’incline avec respect devant votre combativité. Une combativité qui date de 1983, donc de plus de 30 ans. Une combativité qui ne s’est point détériorée avec la Révolution d’août 1983, sous le Front populaire, sous l’ODP-MT, sous le CDP, …et qui se poursuit avec le MPP. Une combativité qui nous sert toujours le même repas depuis plus de 30 ans, dans des plats différents. Une combativité qui refuse de prendre sa retraite, et qui, pire, refuse d’accepter que ce n’est plus le même Peuple du temps des CDR, qui avalaient vos intox et propagandes.
Grand frère, quand vous racontez que vous avez écrit maintes fois à Blaise Compaoré pour le persuader de respecter la limitation du nombre de mandats, je suis complètement surpris. Parce que l’affaire de la limitation du nombre de mandats n’a pas débuté en 2013. En 1997, le verrou de la limitation du nombre de mandats a été sauté, et vous avez applaudi à tout rompre, vous et les actuels leaders du MPP. Qu’avez-vous fait pour empêcher Blaise Compaoré de charcuter la Constitution à l’époque ? Il a fallu qu’un Burkinabè du nom de Norbert Zongo verse son sang, pour que les Burkinabè exigent à nouveau la limitation du nombre de mandats. A la mort de Norbert Zongo, pendant que certains Burkinabè manifestaient contre la forfaiture, d’autres semaient la terreur avec des milices. Simon, vous vous êtes tu à l’époque, parce que vous-vous la couliez douce. Parce qu’après Dieu et vos parents, c’était Blaise Compaoré.
Grand frère, vous rappelez-vous des réactions des actuels leaders du MPP, quand, en 2005, l’argument de la non-rétroactivité a été avancé, pour tuer l’esprit de l’article 37 et permettre à Blaise Compaoré de rebeloter? Salif Diallo était alors l’avocat de la candidature du Blaiso National.
Grand frère, vous rappelez-vous avoir dit qu’il fallait être fou pour prétendre remplacer Blaise Compaoré ? Si vous vous rappelez, vous devez aussi admettre qu’il y a des fous qui ont osé, qui ont mis en veille l’idée du Sénat, qui ont appelé les ténors du CDP à avoir le courage de démissionner, qui les ont accueillis sous une fine pluie un certain 18 janvier 2014, pour que vous cessiez de « diviniser » Blaise Compaoré. En 2009, des Burkinabè réunis au sein du FOCAL ont osé parler d’alternance et de changement. Cela leur avait valu des volées vertes de votre part.
Cher grand frère, tant que vous étiez au pouvoir, Blaise Compaoré était l’homme idéal. Mais, à partir du moment où il vous a envoyé à la retraite, ce n’est plus le même pharaon. Vous tentez de le diaboliser, de lui faire porter tous les péchés d’Israël, et vous gardez le bilan positif dans vos armoires.
Vous êtes subitement devenu l’avertisseur, le « metteur en garde ». Inventez vos lettres, créez-les. Fabriquez-en davantage, et ventilez-les, déposez-les au Musée François. Là, les gens vous croiront mieux.
C’est la reconquête du pouvoir qui vous rend si créatif. Mais, rassurez-vous, la jeunesse consciente vous tient à l’œil. La jeunesse Zida, facebook, cibale, … veillent au grain. C’est fini, la malcause et la magouille. Etant donné que Ouaga n’est pas obligé, personne n’est non plus obligé de voter les caïlcédrats, pour se retrouver devant une mairie réfectionnée à coups de milliards, ou avec des milliers de tonnes de riz qui s’évaporent. Un Burkina nouveau est là.
C’est au tour du Peuple de fêter ses milliards.
Respectueusement !
Robert B. NIKIEMA,
Citoyen burkinabè
Source : Le Pays