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Invité Afrique

Bénin – Patrice TALON sur RFI: Après les électeurs béninois (Canal 3 et Golfe TV), Patrice TALON s’adresse à la communauté internationale : «La décadence de la cour engendre l’effondrement des nations» !!!

Par Christophe Boisbouvier

Diffusion : lundi 24 août 2015

Au Bénin, les candidats à la prochaine présidentielle fourbissent leurs armes et s'activent dans leurs états-majors respectifs. Parmi eux, certains ont déjà clairement annoncé leurs intentions et d'autres ruminent encore avant de se jeter dans la bataille. Invité de RFI Afrique, l'homme d'affaires béninois Patrice Talon ne fait pas mystère de ses intentions, il s'exprime au micro de Christophe Boisbouvier.

« Il n’est pas impertinent qu’un homme ayant à la fois les réflexes du management entrepreneurial et la connaissance du milieu politique, prenne la main pour rassembler, afin d’opérer les mutations qui s’imposent... Quand on a envie de laisser des traces, de voir son œuvre durer, il faut contribuer à consolider les fondements de la république et de la démocratie. »

Podcast de l’interview :

INV_AFR_LONG_24_08_Patrice_Talon.mp3

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Patrice Talon bonjour. Un opérateur économique qui se lance dans la politique, ce n’est pas très courant. Qu’est-ce- que vous pouvez apporter de plus aux béninois?

PATRICE TALON: Il faut reconnaître que le Bénin présentement est dans une passe difficile. Toutes les institutions ont perdu la confiance du peuple et le pouvoir exécutif s’est révélé à la fois, surpuissant et décadent. Dans un tel contexte, il n’est pas impertinent de souhaiter qu’un homme, ayant à la fois, les réflexes du management entrepeunarial et la connaissance du milieu politique prenne la main pour rassembler afin d’opérer les mutations qui s’imposent.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Et votre slogan pourrait être donc « ce qui est bon pour mon entreprise peut être bon pour le Bénin ». Mais l’italien Silvio Berlusconi ou le malgache Marc Ravalomanane ont fait campagne sur le même thème et ça ne s’est pas très bien terminé pour eux.

PATRICE TALON: Oui, il n’y a pas de vérité absolue, mais j’estime tout de même que l’entreprise est à l’image de la République. Les galons visibles d’un chef d’entreprise sont plutôt un atout pour la gestion du pays.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Afin de consolider la démocratie au Bénin, vous dites qu’il faut instaurer un mandat unique pour le futur président.

PATRICE TALON: Oui!

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Mais quand un chef d’état réussi, pourquoi ne pas lui permettre de faire un second mandat à la façon d’un Barack Obama?

PATRICE TALON: C’est vrai, mais le paradoxe est ceci: C’est en effet la quête du deuxième mandat qui empêche la réussite du premier. Mieux vaut une succession de mandat unique, réussi même moyennement que des doubles mandats calamiteux en général.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Ce projet économique et politique que vous défendez, est ce que vous ne pourriez pas le porter vous-même en étant candidat à la prochaine élection présidentielle?

PATRICE TALON: Euh, vous savez. Euh, si votre idéal n’est pas une fiction, et ne relève pas du miracle, pourquoi s’obstiner à rechercher indéfiniment un porteur. Pourquoi ne pas aller au charbon soit même?

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: C’est une tentation!

PATRICE TALON: Parfois, quand on a envie de partir de cette terre, avec ses illusions intactes, il faut pouvoir aller au charbon.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Pendant 2 ans, Patrice Talon, de 2012 à 2014, vous avez été accusé de tentative d’empoisonnement par le président Boni YAYI. Aujourd’hui, l’affaire est classée. Est-ce que ce bras de fer ne vous a pas transformé? Si cette histoire ne vous était pas tombée dessus, est ce que vous serez aussi impliqué aujourd’hui en politique?

PATRICE TALON: Ce n’est pas l’affaire, dite de tentative d’empoisonnement et celle dite de tentative de coup d’état qui ont été à l’origine de la brouille entre le président Yayi Boni et moi. C’est bien l’affaire de la révision de la Constitution.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: À laquelle vous vous êtes opposé.

PATRICE TALON: Tout à fait! J’avoue que ce différent m’a effectivement plongé dans le cœur de l’action politique. Quatre ans durant, j’ai eu le temps de constater, d’examiner à la loupe les travers du pouvoir et les faiblesses d’un système devenu dangereux pour les siens. Cela m’a transformé, c’est vrai.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Être candidat ou pas, à quel moment vous prendrez votre décision?

PATRICE TALON: Cette question est l’objet de mes échanges actuels avec la classe politique. La question de ma candidature éventuelle ou de ma candidature relèvera d’une décision concertée avec la classe politique. Je ne peux pas vous en dire plus.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Depuis 03 ans, vous vivez en exil à Paris. Prendrez-vous votre décision avant ou après votre retour au Bénin?

PATRICE TALON: Après mon retour au Bénin

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: D’ici combien de temps donc?

PATRICE TALON: Je pense dans quelques jours, quelques semaines au plus tard.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Les poursuites contre vous ont été abandonnées, mais est-ce que vous ne craignez pas pour votre sécurité le jour où vous rentrerai?

PATRICE TALON: Oui, comme je viens de vous dire, je rentre bientôt, d’autant plus que les autorités de mon pays m’ont délivré il y a quelques heures, un laissez-passer en bonne et due forme en raison de non validité de mon passeport périmé. Je peux vous avouer que je n’ai aucune crainte pour ma sécurité chez moi. Mon pays est une terre de non-violence.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Et vous avez la garantie qu’il ne vous arrivera rien?

PATRICE TALON: Je ne crains rien du tout.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Au fond, Patrice TALON, est-ce que vous attendez de voir, quel rassemblement politique peut se faire autour de votre personne avant de sauter le pas?

PATRICE TALON: On ne peut pas être candidat aux élections présidentielles comme ça, tout seul contre la classe politique. J’ai des amis de longues dates et je compte, d’une manière ou d’une autre contribuer à la renaissance de mon pays.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: On ne peut pas être candidat contre les partis.

PATRICE TALON: Ce n’est pas souhaitable, d’autant qu’il s’agira d’opérer des réformes majeurs. Ça ne peut se faire sans la classe politique.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: D’autant où vous-même, vous n’avez pas de parti pour l’instant.

PATRICE TALON: Non!

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Donc il vous faut un minimum de soutien.

PATRICE TALON: Il faudra rassembler.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Et c’est ce à quoi vous vous employez, en ce moment.

PATRICE TALON: Tout à fait!


CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Et alors, ces discussions avec ces hommes politiques, est-ce que ça veut dire que vous êtes dans une stratégie de ralliement de plusieurs hommes politiques vers vous?

PATRICE TALON: C’est vrai que je suis dans une démarche de rassemblement, mais il n’y a pas une stratégie de ralliement. Quand on est sincère et transparent, il faut exposer sa vision et espérer qu’elle suffit à elle seule pour susciter l’adhésion.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Dans l’opposition, il y a deux poids lourds, Adrien HOUNGBÉDJI et Bruno AMOUSSOU qui n’ont pas le droit de se présenter à cause de leur âge, où en êtes-vous dans vos contacts avec eux?

PATRICE TALON: Je continue d’échanger avec tout le monde, y compris hein, des leaders du camp de Yayi Boni. Il faut rassembler.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Alors, parmi les favoris, à cette élection de dans 6 mois, il y a le banquier international Abdoulaye Bio TCHANÉ, l’ancien directeur du cabinet militaire, Robert GBIAN, l’ancien premier ministre Pascal KOUKPAKI, l’actuel premier ministre Lionel ZINSOU. Parmi ces 4 hommes, quel est à votre avis, le candidat le plus sérieux?


PATRICE TALON: Ceux sont tous des amis ou des connaissances que je respecte et qui ont un rôle à jouer. Ce sont des candidats ou des potentiels candidats majeurs.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Quand vous dites Je suis arrivé à un âge où on a envie de tout donner. Qu’est-ce que ça veut dire?

PATRICE TALON: Je suis un homme passionné dans tout ce que j’entreprends et dans le domaine qui est le mien, le commerce et l’industrie. Au stade d’aujourd’hui, je n’ai plus beaucoup de motivations parce que j’ai observé combien tout ça est très fragile, quand les fondamentaux de la république, de la démocratie ne sont pas solides. Quand on a vraiment envie de laisser des traces, quand on a envie de voir son œuvre durer, perpétuer, il faut contribuer à consolider les fondements de la République, de la démocratie.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: Et ça, ça passe par la politique.

PATRICE TALON: Ça passe malheureusement, sinon exclusivement par la politique, la gouvernance de la cité, parce que toutes les républiques, toutes les nations qui se sont effondrées, se sont effondrées à cause de la décadence de la cour.

CHRISTOPHE BOISBOUVIER: En fait, vous êtes tenté hein?

PATRICE TALON: Oui, monsieur Boisbouvier.

Bénin – Patrice TALON sur RFI: Après les électeurs béninois (Canal 3 et Golfe TV), Patrice TALON s’adresse à la communauté internationale : «La décadence de la cour engendre l’effondrement des nations» !!!
Tag(s) : #Politique Béninoise
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