23/12/2015
Pascal Irené Koupaki est le candidat de Albert Tévoédjrè
Le professeur Albert Tèvoédjrè n’a pas voulu rester en marge du prochain scrutin présidentiel. Il a rompu le silence ce mardi 22 décembre à Azalai hôtel. L’ancien patron de l’organe présidentiel de médiation a jeté son dévolu sur le projet de société de Pascal Irené Koupaki.
Le renard de Djèrègbé savait qu’une certaine opinion se demandait ce qu’il avait encore à dire. En réalité, le professeur Albert Tévoèdjrè ne s’est pas écarté de la vie publique comme il le disait après son retrait de l’organe présidentiel de médiation. Regrettant que ses propositions n’aient pas été prises en compte par l’actuel chef de l’Etat, il reconnaît qu’il y a eu des succès. Des succès mais aussi des maux qui minent le Bénin. C’est un Bénin sans boussole affirme le professeur. Et devant ce tableau, le frère Melchior souhaite un président qui soit préparé pour la fonction. Il a reçu les projets de société des potentiels candidats dans la course à la marina. Fort de sa nouvelle logique électorale doublée de ce que le professeur Albert Tévoèdjrè appelle conscience en action. Un type de conscience qui se retrouve dans la nouvelle conscience de Pascal Irené Koukpaki. Son choix est fait et il en est sûr, il a dû faire 20 brouillons, dit-il, pour cette déclaration à travers laquelle il n’exclut pas un tandem Abdoulaye Bio Tchané Pascal Irené Koukpaki. Et à réaliser au Bénin un effet Kaboré qui a quitté le régime Compaoré pour se retrouver ensuite au palais présidentiel burkinabé. Un Roch Marc Christian Kaboré béninois, Pascal Irené Koukpaki dont il partage les idées d’un mandat de transition en 2016. A l’image du cri sonore de l’aube nouvelle, Albert Tévoèdjrè a lancé son cri sonore de ralliement. Il ne reste qu’à ce que la majorité des près de 4 millions 800 mille électeurs puissent pousser le même cri.
Rèliou Ali Koubakin
Devoir de cohérence : Zinsou et Ajavon n’ont pas ma faveur.
Le Bénin est à la croisée des chemins. Février, Mars et Avril 2016 marqueront un tournant hautement décisif pour l’avenir du pays. Plus que les élections présidentielles passées, celle de 2016 doit être pour la Nation béninoise comme un rite de passage qui annonce la rupture d’avec 10 ans d’errance et de gabegie.
La rupture ! Tout le contraire de la continuité prônée par les affidés du pouvoir en place, tous calibres confondus : haut gradés et petits souliers. Continuité ou désir de continuité incarné par le premier ministre. Pour quelqu’un comme moi qui ai passé une bonne partie de la dernière décennie à dénoncer les défaillances et déviances du régime Yayi, il va de soi que Lionel Zinsou ne peut avoir ma voix. Qu’est-il allé chercher dans cette galère ? Auraient poussé ses proches en apprenant son entrée au gouvernement, directement à la 2ème position, immédiatement après le Chef de l’Etat. Ce n’était pas prémonitoire. C’était prémédité. De cette position, il devait ensuite ravir la vedette et damer le pion à tous ceux qui lorgnaient le fauteuil du Boss, même qui se l’attribuaient déjà de plein droit à partir du 6 Avril 2016. Opération réussie ! C’est tant mieux pour lui et pour les scénaristes qui lui ont imaginé ce rôle mais ce serait tant pis pour le Bénin s’il passait. Son problème à mon niveau, n’est pas sa couleur de peau, ni sa double nationalité. Je l’avais écrit et je maintiens que ce type d’objection à sa candidature est abject. Son problème à mon niveau, c’est qu’il porte à l’élection présidentielle de février, les couleurs et les idéaux d’un système gangréné et gangréneux. Il fera campagne essentiellement sur la pérennisation des acquis de Boni Yayi. Il a déjà commencé, utilisant, sans scrupule, les projets et les moyens de l’Etat pour se promouvoir. Ses nouveaux amis ont dû lui dire, à supposer que lui-même y ait pensé : « Pas la peine de concevoir un projet de société. On fera comme d’habitude ».
IL N’Y A PAS DE RUPTURE DANS LA CONTINUITE. FADAISES !
Lionel Zinsou vient donc perpétuer des pratiques de mal gouvernance, de clientélisme, de déstructuration de la société, de crétinisation de l’administration, de non respect des lois de la République et de boycott du pouvoir judiciaire. Sa passivité face à différents actes et décisions arbitraires du gouvernement adoptés et concrétisés à sa connaissance voire en sa présence nous prouvent qu’il a déjà pris le mauvais pli. Nommé en Juin 2015, il avait 8 mois pour montrer à ses compatriotes Béninois, qu’il n’était pas à l’image de leurs gouvernants actuels. Personnellement, j’ai eu la faiblesse de penser malgré tout, qu’ayant excellé dans des hautes sphères où la rigueur et la méthode sont des valeurs capitales, lui Lionel Zinsou – enrôlé par le Yayisme sur le tard – ne saurait s’accommoder de situations compromettantes. Pourtant, les détournements relatifs au projet PPEA 2, le bizarroïde concours de recrutement d’agents de l’Etat, l’attribution au groupe Bolloré de marché qu’il n’a pas gagné, les refus successifs du pouvoir en place d’exécuter des décisions rendues par la Justice béninoise et sous régionale, tout cela s’est déroulé sous Lionel Zinsou, premier ministre du Bénin. Et encore… Je ne prends là qu’un échantillon non représentatif des comportements scandaleux dont nous a gavés le régime dit du Changement puis de la Refondation. L’on pourrait mettre sur la table une panoplie d’autres affaires scabreuses que M. Zinsou n’est pas censé ignorer puisqu’avant d’être premier ministre, il était conseiller du Président Boni Yayi depuis 2006, tente-t-on de nous faire gober. Aurait-il continué à exercer ses fonctions de Premier ministre, aussi peinard qu’il est si tout ceci advenait dans un pays comme la France ? Ou devrais-je dire ‘‘dans un pays occidental’’ pour ne pas en rajouter à la polémique… Croyez-moi, il aurait démissionné depuis longtemps, de son plein gré ou poussé à la porte. Mais nous sommes au Bénin. Ici, les scandales et les incongruités au sommet de l’Etat passent pour des faits divers. C’est à peine si Lionel Zinsou ne les justifie pas. En 6 mois, il nous a édifiés sur sa capacité d’adaptation à notre monde sans foi ni morale et à ses fléaux. Sans être un cacique des Forces Cauris pour un Bénin Emergent, il s’est révélé apte à assurer la survie du Yayisme dont les ouvriers ont reçu ordre de se mettre à sa disposition et de le vendre aux Béninois, faciles acheteurs. Les plus assidus des ouvriers se sont aussitôt mis à la tâche et leurs discours assénés aux quatre coins du pays donnent le ton des éléments de langage qui sous-tendront sa campagne électorale. Ils insistent entre autres sur ses relations avec des personnalités influentes de la planète. Mais il a beau être un grand intellectuel, un homme cultivé qui a du charisme et dispose d’un réseau international, ils savent qu’il ne maîtrise rien du terrain politique béninois ni des pesanteurs sociologiques qui vont avec. Eux, si ! Cela leur confère une sérieuse longueur d’avance sur leur poulain. C’est malin !
ON GARDE LES MEMES ET ON RESTE DANS LA GADOUE
Même si Lionel Zinsou avait l’intention, une fois élu, de foutre les suppôts du Yayisme dehors, il ne le pourrait pas. D’ailleurs, il en a l’air si certain que dès le lendemain de sa désignation par le Chef de l’Etat, il paradait déjà aux côtés de Barthélémy Kassa, Ministre sous lequel avait éclaté l’affaire PPEA 2 : ces milliards de francs Cfa déboursés par les Pays-Bas au profit de projets d’adduction d’eau villageoise au Bénin et dont une bonne partie a été distraite, sans suite jusqu’ici. En écho au rapport d’enquête commandité pour situer les responsabilités, le président de la République avait formulé tant bien que mal une requête de levée de l’immunité parlementaire visant Barthélémy Kassa – élu entre-temps député de la mouvance présidentielle – afin qu’il soit entendu par les instances judiciaires. Mais c’était sans compter avec les parlementaires du régime FCBE. A l’unisson, ils avaient fait front pour faire échec à la démarche du Chef de l’Etat. Le grand enseignement de cette histoire ? Kassa et Yayi demeurent copains comme cochons.
PRIORITE A L’INCONSEQUENCE
Si le soutien des coalisés du régime à Lionel Zinsou peut s’expliquer – qui ne voudrait pas au moins essayer de sauver son bifteck ? – l’adhésion subite que des concitoyens anti-Yayi bon teint il y a peu témoignent aujourd’hui à la candidature du Premier ministre a de quoi laisser pantois. Ma théorie à ce sujet est que le ‘‘neuf’’ éblouit le Béninois au point d’affecter son bon sens. On lui ferait n’importe quoi et lui ferait faire n’importe quoi avec du neuf. C’est la théorie du neuf qui nous a fait massivement élire Boni Yayi en 2006. Nous ne le connaissions pas. C’était sa chance et cela peut ne pas être notre faute. Mais là, nous sommes en 2015. Nous l’aurons vu à l’œuvre et aurons décrié sa gestion durant 09 ans. Bientôt 10 ! Il n’est plus candidat à sa propre succession. Certes ! Son premier ministre, garant de ses acquis, qui est candidat pour assumer son bilan doit lui être confondu, systématiquement et à tous points de vue. Un homme nouveau qui veut entretenir la continuité n’en est pas un. Au fond, nous n’avons pas besoin d’un homme nouveau. Nous avons besoin d’une ‘‘Aube nouvelle’’ : Enfants du Bénin, debout ! Notre hymne national porte bien son nom.
AJAVON N’EST PAS MIEUX
Qu’on soit personnalité politique, cadre de la société civile ou citoyen lambda, il est d’une incohérence inouïe d’avoir combattu le système Yayi toutes ces années et d’appeler à soutenir Lionel Zinsou, porte-étendard de ce même système pendant que Boni Yayi est encore aux affaires.
Il est tout aussi incohérent d’appeler à être candidat à la Présidence de la République, Sébastien Ajavon qui a, de sa propre voix, avoué qu’il n’est pas fait pour être Chef d’Etat parce qu’ayant une sainte horreur de la politique et des politiciens. On ne peut pas, en effet, prétendre vouloir diriger un pays en haïssant la politique et les politiciens. Sinon, il n’en serait pas à faire feu de tout bois aujourd’hui afin qu’il y en ait un maximum pour entonner son nom devant micros et caméras de la presse. J’entends ceux qui nous chantent que Sébastien Germain Ajavon est un homme sincère et tutti quanti. C’est d’ailleurs pour cela que je crois qu’il était très honnête lorsqu’il avait affirmé en mai 2014 qu’il n’a qu’une vocation dans sa vie : acheter, produire et vendre. Et de conclure : « Dieu sait faire ses choses ! ». Des journalistes lui avaient demandé si les rumeurs le donnant candidat à l’élection présidentielle de 2016 étaient fondées. Lui avait d’abord ri de la question à gorge déployée avant de répondre par la négative sans une once d’hésitation et avec un certain mépris – dans son argumentaire – pour les milieux politiques et les arcanes étatiques. Cet entretien est encore disponible sur internet : . Lancez la vidéo à partir d’1h 08min si vous voulez aller vite.
Donc soit, Sébastien Germain Ajavon était effectivement sincère comme je l’imagine et cela fait alors de sa candidature, une ambition suspecte, une quête hasardeuse et précaire ; soit il n’était pas sincère et c’est encore plus grave. Nous aurions alors en face de nous, un homme malhonnête, pas fiable, qui ment avec une aisance déroutante, qui joue déjà avec nous avant même d’être élu Président de la République.
Je ne sais pas faire la politique, a-t-il assuré. Est-ce peut-être pour cela que les politiciens semblent plus enclins à se rallier à lui malgré son dédain pour eux et avant même qu’il ne dise – il ne l’a toujours pas dit – qu’il est candidat et sur quel projet ou quelles idées fortes, il compte se faire élire ? Ma déduction est sans ambages : ils sont aussi insincères que leur héros du moment. Un tel alliage est une manœuvre nourrie au détriment du pays.
A l’analyse, les postures de M. Ajavon concourent à indiquer que sa candidature n’est pas une émanation de son libre arbitre. Et à mes yeux, cela est bien plus grave que le financement ( ?) du FCBE Komi Koutché contre Adrien Houngbédji lors de l’élection du Président du Parlement béninois ; bien plus sinon tout aussi grave que sa condamnation par la Cour Constitutionnelle pour tortures, sévices, traitements cruels inhumains et dégradants sur l’un de ses employés en violation des articles 18 et 19 de la Constitution du 11 Décembre 1990.
2016 : UN POINT CARDINAL
Le virage que nous nous apprêtons à amorcer en Février prochain est délicat. Du sérieux que nous mettrons à désigner le prochain locataire de la Marina, dépendra le rétablissement du Bénin ou la poursuite du pourrissement de la nation. J’aime constater que, vu combien bas nous sommes tombés, il ne peut plus y avoir situation plus chaotique pour nous sauf à nous retrouver dans une crise sociopolitique, née de l’irresponsabilité de nos dirigeants et de leur entêtement à tirer le diable par la queue. En d’autres termes, je pense que nous avons touché le fond et que le prochain président de la République, qui qu’il soit, ne peut faire pire. Mais le chantier qui l’attend ne consistera pas tout juste à ne pas faire pire. Il est question de remettre le Bénin d’aplomb, sur les plans du fonctionnement de la société, du fonctionnement des Institutions, du fonctionnement de l’économie et de l’animation de la vie politique. Il s’agit de restaurer l’Etat et la Démocratie; un défi qui n’admet aucune légèreté. Pour le relever, il faut que l’engagement du prétendant au fauteuil présidentiel soit total, volontaire voire volontariste ; qu’il soit lui-même convaincu d’avoir envie d’y aller et que par-dessus tout, il n’éprouve aucune allergie pour les milieux politiques parce qu’il ne réussira pas le redressement du Bénin sans être en harmonie avec la classe politique. Cette harmonie nécessaire n’est pas conclue d’avance à travers des ralliements – gratuits ou payés, tambour battant – d’hommes politiques à quelque candidature. Le président élu, une fois élu, devra descendre au sein de la classe politique renégocier une large adhésion à la cause nationale dont il sera devenu l’ouvrier en chef. Laquelle cause nationale, faut-il le rappeler, est une somme de réformes : réforme politique, réforme institutionnelle, réforme économique…
S’il nous est difficile de mesurer scientifiquement l’engagement et la sincérité des candidats, les propos qu’ils tiennent, les paroles qu’ils prononcent mais également leur silence sont un excellent baromètre qui nous renseigne sur leur aptitude à la fonction présidentielle.
Ni Lionel Zinsou, ni Sébastien Ajavon ne conviennent aux enjeux du Bénin de demain. Le premier pense que le pays est en bon état, le second dit de lui-même
qu’il n’a pas le profil du job. Le premier sera un Président dans sa petite bulle au sommet, le second, un Président malgré lui. Le premier vient maintenir en vie un système qui a ruiné le Bénin, le second s’amuse à racoler des gens qui le répugnent et veut assumer une charge qu’il déteste.