POURQUOI LE PRESIDENT MATHIEU KEREKOU NE VA PAS REVISER LA CONSTITUTION DU 11 DECEMBRE 1990 AU BENIN
Depuis plusieurs mois, l’actualité politique dans notre pays se résume à la révision ou non de la constitution de notre pays, le BENIN, afin que le Général KEREKOU puisse se maintenir au pouvoir ad vitam ad eternam. Ce qui semble ressembler à une vue de journalistes mérite aujourd’hui que l’on fasse le point sur une situation que ne peut faire le Président en exercice, en raison même de la dignité de sa charge , du bon fonctionnement des institutions de la République et de la continuité de l’état républicain dont il est le premier garant.
Nul ne peut ignorer désormais, au Bénin, que l’arrivée au pouvoir, le 26 octobre 1972, par le Général KEREKOU fût salutaire pour notre pays. De part sa lucidité, il a mis fin à une situation inédite que l’on a longtemps qualifié de « triumvirat ». De part ses actions, parfois critiquables à juste titre, il a su transformer le jeune état dahoméen en une NATION. C’est la NATION BENINOISE ! Sans aucune volonté de refaire l’histoire ici, il faut reconnaître qu’avant l’arrivée au pouvoir du Général KEREKOU, les intellectuels dahoméens étaient regroupés dans deux tendances de force égale, la LIGUE et l’UGEED. Lorsque le Président KEREKOU a lancé son appel vibrant à tous les fils du Dahomey pour reconstruire la nation dahoméenne, puis le Bénin, (discours programme du 30 novembre 1972 à ABOMEY), seuls les premiers ont repondu présent alors que beaucoup d’autres (principalement les membres de l’UGEED) vont rentrer en résistance pour finalement créer le P.C.D. (Parti Communiste du Dahomey) en 1975.
C’est, ce même KEREKOU , qui organisera la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation du 19 au 28 février 1990 à Cotonou avec les résultats que l’on sait. Pour nous, le Président KEREKOU est le fils qui s’est le plus sacrifié pour son pays et pour son peuple depuis l’indépendance de notre pays, le 1er août 1960. De ce point de vue, il mérite le respect de tous et mieux égards que la « tricherie », la révision de la constitution , que les ennemis du BENIN lui prêtent.
En 1996, lorsque le Président Mathieu KEREKOU fût battu démocratiquement par les urnes, il s’est volontairement retiré de la scène politique nationale et internationale, pour ne pas gêner les actions du gouvernement du Président Nicéphore D. SOGLO.
Concernant ce dernier, dont les résultats du mandats sont assez mitigés, il faut rappeler à tout un chacun qu’il a lui même trahi honteusement sa parole.
Les béninois se doivent de savoir, aujourd’hui, que si le Président SOGLO a été nommé Premier Ministre de la transition, c’est qu’il s’était formellement engagé à ne pas se présenter aux élections présidentielles de 1991 lors de la conférence secrète des « treize d’AVRANKOU ». Il s’agit d’une conférence tenue à AVRANKOU par les treize tendances politiques qui tenaient absolument au départ du Président KEREKOU du pouvoir. La plupart des acteurs de cette secrète transaction sont encore vivants aujourd’hui. C’est pour avoir trahi son serment que des personnalités comme feu Monseigneur Isidore de SOUZA , Albert TEVOEDJRE, MITO-BABA, le Président ZINSOU et beaucoup d’autres lui ont retiré leur confiance dans les conditions que l’on sait. Sans nous tromper, nous pensons que c’est la première fois que le serment d’AVRANKOU est rendu public car cet événement est d’une importance capitale pour qui veut comprendre l’évolution de la politique récente dans notre pays. Le cas échéant, nous reviendrons sur les autres contenu de cet accord secret qui continue de régir l’attitude de nos hommes politiques.
Pourquoi le Président KEREKOU ne révisera pas la Constitution avons-nous dit. Les différentes interventions en faveur ou contre la révision de la Constitution de notre pays nous disent tout sauf les dispositions de la Constitution elle-même. Or, que dit la Constitution ?
C’est le TITRE XI et les articles 154 à 156 qui disposent des modalités de la révision de la Constitution du 11 décembre 1990. De la combinaison de ces dispositions, il s’avère que sont prévues deux modalités impératives de révision.
La première exige le vote des trois quarts des députés et le référendum pour que la révision soit acquise.
La seconde, qui dispense du référendum, exige le vote des quatre cinquième des députés pour que la révision soit acquise.
Puisque la représentation nationale compte 83 députés, dans la première hypothèse, il faut au moins le vote de 62 députés (62,25 exactement) et le référendum. La seconde hypothèse nécessite le vote de 66 députés (66,4 exactement) pour que la révision constitutionnelle soit acquise sans passer par le chemin incertain du référendum.
Si l’on considère les résultats du dernier scrutin législatif dans notre pays, on observe que le PRD du Président HOUNGBEDJI totalise 11 siège, la Renaissance du BENIN 15 sièges alors que la défunte U.B.F. ne dispose que de 31 sièges , le MADEP de 9 sièges et FORCE CLE de 5 sièges. Le reste des sièges étant reparti entre les petites formations politiques. La cause est donc entendue. La révision constitutionnelle ne sera acquise que si tous les députés, non compris ceux de la R.B., votent pour. Le Président KEREKOU a choisi de ne pas emprunter cette voie, sauf si la Nation Béninoise est menacée par l’arrivée des aventuriers au pouvoir.
S’il y avait une logique en politique, la présidence de l’Assemblée Nationale revenait de droit à l’U.B.F. Les ambitions démesurées des uns et des autres ont fait que cette présidence a fini par échapper à l’U.B.F. pour finir par échoir au parti de la mouvance le mieux organisé structurellement, le MADEP, avec seulement neuf députés.
Cet échec et la cacophonie qui en a suivi sont la source principale de la dissolution de l’U.B.F. par le chef de l’état.
Dans ces conditions et à mi-mandat, le Président Mathieu KEREKOU ne présentera pas, pour l’instant, son dauphin pour qu’il ne soit tué prématurément! Que les impatients se rassurent donc.
Pour notre part, sachant que ni les présidents Bruno AMOUSSOU et Adrien HONNGBEDJI (ils furent tous les deux Présidents de l’Assemblée Nationale) ne sont pas les dauphins du Président KEREKOU, nous apporterons, le moment venu, notre engagement et notre soutien sans faille et en toute lucidité au candidat qui porte en lui les valeurs incarnées par notre Général.
POUR LE COMITE DE VIGILANCE,
Benoît ILLASSA
Vice-Président du comité de soutien (section France) à Mathieu KEREKOU en mars 2001;
Représentant personnel de Mathieu KEREKOU au bureau de vote de PARIS.