Ce n’est pas un exploit du cartel de Madellin mais les 350 Kg de cocaïne déclarés dans le rapport adressé au ministre de l’intérieur Félix Hessou est bel et bien en deçà de la quantité de drogue saisie à Ouidah. La contre expertise du général Hessou a révélé la minoration. Du coup, la chasse aux ripoux s’est enclenchée.
Deux flics sont déjà dans la nasse. Roger Talon le directeur général de l’office central de répression du trafic illicite de la drogue (Ocertid) et Apollinaire Akouété contrôleur général de la police sont écroués.
Sans doute une entame musclée de la traque à la mafia de la cocaïne. Le scandale pourrait éclabousser la haute hiérarchie de la police car les hauts gradés incarcérés n’auraient certainement pas pu s’engluer dans cette sulfureuse affaire sans d’autres parapluies. De nouvelles têtes pourraient donc tomber.
Cette affaire de minoration de la quantité de cocaïne saisie par la police nationale est révélatrice de l’existence dans notre pays de la pègre de la drogue qui opère sans crainte. Si 18 cartons de 20 Kg de cocaïne avaient été déclarés au lieu de 27 cartons qui auraient été interceptés chez les trafiquants, on est tenté de croire que la minoration est une arme souvent utilisée par les gardiens du temple pour partager avec les délinquants la moisson du crime. C’est en somme l’histoire du voleur qui fait la chasse au voleur et qui finalement communie avec lui à l’heure du partage du butin en application d’un accord secret. Dans le cas d’espèce, il pourrait s’agir d’une famille de trafiquants constitués de ripoux et de bandits. Il n’est donc pas exclu que des protecteurs et complices de trafiquants soient nichés dans la police. Mais, il faut éviter toute conclusion hâtive dans un dossier qui, à mon avis, réserve de grandes surprises. Les hauts gradés de la police arrêtés dans la sale affaire de saisie de cocaïne sont encore présumés innocents. Seuls des soupçons pèsent sur eux et justifient l’arrêt de rigueur de 60 jours. Cependant, la mauvaise gestion du dossier de la cocaïne n’est pas de nature à sauver l’image de cette police fortement abîmée par l’affaire Hamani Tidjani sous le régime Kérékou. Si la police se laisse éroder par le cocaïne, elle fera d’emblée, consciemment ou inconsciemment, la promotion des voleurs et autres trafiquants de drogue.
Avec la cocaïne dans la police, le Dr Boni Yayi chantre de la bonne gouvernance a de la matière. L’affaire de drogue devrait compléter la liste des dossiers de malversation déposés sur la table du président et examinés en conseil des ministres. Le moins qu’on puisse dire est que le devoir appelle le patron du changement. Boni Yayi ne manquera pas ce grand rendez-vous.
Sulpice Oscar Gbaguidi, 31 août 2007