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Les émeutes  de la faim en Côte d´Ivoire

Les mesures à prendre pour l´avenir alimentaire de la Côte d´Ivoire
 
Mesdames et messieurs,  notre frère le Capitaine para commando Isidore
Noël Thomas Sankara, nous disait que : << l´esclave qui n´est pas
capable d´assumer sa révolte ne mérite pas que l´on s´apitoie sur son
sort. Cet esclave répondra seul de son malheur s´il se fait des
illusions sur la condescendance suspecte d´un maître qui prétend
l´affranchir. Seule la lutte libère. >>

c´est pourquoi l´histoire nous impose aujourd´hui de faire des choix
d´avenir pour ne plus végéter dans un terrain vague ou l´avenir ne
pousse plus. Personne ne viendra nourrir les ivoiriens, produire pour
soit même est la règle de survie sur cette terre. Le défi alimentaire
mérite toute notre attention, par la prise de mesures urgentes pour
faire face et pour faire front, face à la famine qui se dessine à
l´horizon.

A)  La première mesure  est de convoquer après cette guerre les Etats
généraux de l´agriculture ivoirienne pour faire un inventaire précis 
du déficit alimentaire et des besoins de l´après guerre. Créer un
institut de recherche spécifique à la croissance et à la  maîtrise de
la conservation du vivrier.
 
Dans le seul but de viabiliser des produits comme l´igname, la banane
et surtout le manioc, qui se mange en gari, en Tapioca, en bouillie, en
Foutou, en couscous, en Atoukou, en Placali en Kabato en gâteau et en
Attiéké.

Le manioc est un véritable don du ciel, comme le baobab. Il faut  avec
l´aide de la science, de la biologie végétale et de la biotechnologie
notamment, il est possible de croiser et de favoriser des variétés
adaptables aux régions de savane, dans l´objectif précis de répondre à
la forte demande d´Attiké et de Gari, qui sont des produits exportables
dans la sous région, en Europe et en Amérique du nord.

L´alliance naturelle de la science et du savoir faire de nos mères, de
nos femmes et de nos soeurs. Trouvera une complémentarité prodigieuse
qui contribuera à l´indépendance sociale et à la libération de la femme
ivoirienne, qui s´affirmera, comme une actrice prospère de la vie
nationale. Ne pas comprendre ses choses aussi simples et ne pas saisir
ces belles opportunités serait indigne de notre génération.

B) faire de la Motoragri, ( société nationale de motorisation de
l´agriculture) si elle existe encore,  un outil de soutien à l´effort
de production du milieux rural ivoirien, et non une entreprise publique
privatisée par le président de la République et ses collaborateurs pour
mécaniser leur production personnel. D´ananas, d´avocats, de riz, de
café et de cacao.

Cela c´était produit sous le long règne de Mr Félix Houphouët-Boigny,
qui a avoué lui-même que ses plantations ananas lui rapportait 4
milliards de francs CFA par an. Que ses avocats  lui rapportaient
également 4 milliards de francs CFA.  Un chef d´Etat ne doit pas faire
du commerce sous le couvert de la fonction présidentielle. La Côte
d´Ivoire de l´après guerre doit définitivement tourner le dos et 
renoncer à l´immédiateté de quelques uns pour prendre à bras le corps
le sort du plus grand nombre.

C) l´identification urgente des zones propices et appropriées à la
culture du riz, du manioc, de l´igname, du la banane plantain, du maïs,
du mil, du sorgho et du tarot. Une fois cela fait, l´état ivoirien doit
mettre en place des mesures excitatives de production

D)  nos parents malinké, du nord, les Gouro au centre les Yacouba, les
Guéré, les wê et les bété de l´ouest ont un savoir faire naturel pour
la culture du riz, il n´y a qu´à observé l´engouement des ivoiriens
pour le nouveau riz sur les marchés pour comprendre qu´il est
parfaitement faisable de demander à la Motoragri de préparer les sols
pour faciliter le travail des paysans  dans le cadre d´un partenariat
soutenu par l´Etat comme animateur du développement rural.

E)  C´est cela les grands travaux  de viabilisation des terres pour
soutenir le monde rural en lieu et place des discours pompeux sur les
braves et valeureux paysans de la Côte d´Ivoire profonde qu´on méprise
dans  la réalité quotidienne. Cette démarche à pour but à terme de
favoriser la culture sur de grandes exploitations capables de nous
aider à affronter le défi de l´autosuffisance alimentaire.

 Cela permettra l´extension des superficies cultivables et avec l´apport
technique des encadreurs agricoles et des engrais, à doubler la
production de riz dans un premier temps pour que à moyen terme le riz
local très prisé par les ivoiriens puisse couvrir les besoins du pays.
Il faut pour cela limiter progressivement l´attribution des licences
d´importations de riz de l´Inde, de Thaïlande, de Chine, du Viêt-Nam,
du Cambodge, du Laos  ou de Malaisie.

 
D)  Dans cette voie l´Etat ne doit plus être castrateur et prédateur,
c´est pourquoi il doit briser progressivement la situation de monopole
des importateurs de riz, qui sont devenus puissants et constituent
aujourd´hui un cartel qui est un véritable Etat dans l´Etat.
 

C´est donc une bourgeoisie castratrice qui veut stériliser le monde
agricole et les paysans, car son intérêt est d´avoir moins de riz local
sur le marché pour que son affaire prospère. Il suffit de bien observer
ces cartels constitués des anciens comptoirs français, de  gros
commerçants  égyptiens, marocains et Libano syriens devenus aujourd´hui
des lobbys de pressions pour s´en rendre compte de leur rôle néfaste
sur l´économie ivoirienne.

Un peu partout en Afrique, ils ont pris en otage le ministère du
commerce et celui de l´économie et des finances. Il faut briser ces
monopoles qui piétinent l´indépendance nationale, affaiblissent l´Etat,
qui corrompu devient un Etat anti-développement.

 
E) cette démarche  de viabilisation des sols, citée plus haut est aussi
valable dans les  régions productrices de maïs, c'est-à-dire Odienné,
Ferké, Korhogo, Man, Touba,  Séguéla, Dabakala,  et Katiola. Pour
l´igname, les régions géographiques de Bouaké, Bouna, Bondoukou,
Agnibiliékrou et Abengourou répondent parfaitement à cet objectif
national.

 
F) pour le manioc, la banane et le tarot,  les régions d´Agboville,
Bongouanou, Adzopé, Tiassalé, Divo, Gagnoa, Daloa,  Dabou, Bonoua, 
Adiaké, Grand-Lahou, Alépé etc.  peuvent valablement par leur savoir
faire local, relever ce défi sans attendre les indiens et les chinois.

 
G)  Dans le cadre du service civique envisager par le président Laurent
Gbagbo, il faut soutenir la création de ferme pilote comme l´expérience
des Kibboutz israéliens, qui sont des fermes communautaires entièrement
orienté vers la production agricole et pastorale.

 
Cela aidera la Côte d´Ivoire à réduire  son importation massive de
viande, de volailles et de bétail des pays voisins.  Il ne faut pas
oublié que la croissance démographique  va   créer une pression  et une
rareté des pâturages  qui vont devenir de plus en plus des terres
agricoles pour accentuer l´éternel conflit entre éleveurs et planteurs.
Un soutient similaire à la production agropastorale est une nécessité
pour les régions d´élevage du nord de la Côte d´Ivoire.

 
H) Il faut aussi transporter l´expérience du mouvement coopératif que
sont les GVC de café cacao vers les producteurs de vivriers comme le
Maïs, le riz, le manioc, l´igname, le mil et le sorgho, qui sont
aujourd´hui des produits très demandé dans la sous région ouest
africaine.

 
-  Crée et soutenir efficacement en Côte d´Ivoire un institut d´études
pour promouvoir l´agriculture en milieu aride et semi désertique.
Compte tenu de la désertification et du recule grandissant des zones de
forêt. Odienné, Tengrela Korhogo et Ouangolodougou son parfaitement
indiqués pour l´implantation un tel établissement scientifique accouplé
avec une ferme expérimentale.

 
Développer dans ce cadre  la coopération scientifique avec des
instituts similaires existants déjà en Israël dans le désert du Neguev,
en Arizona dans le désert du Nevada aux USA.  Il n´ y a aucune honte à
solliciter l´expérience des autres pour s´améliorer soit même, la honte
et le ridicule serait de se faire suffisant, alors qu´on est
nécessiteux des pieds à la tête.

 
I)  Et enfin l´Etat ivoirien,  en tant qu´animateur du développement
local doit  encourager et favoriser la démocratisation du crédit
agricole pour soutenir le monde rural dans son effort de production.
Car tous les pays grands producteurs de céréales comme l´Australie, les
USA, l´Argentine, la France, le Canada etc.. sont des pays qui ont
démocratisé le crédit bancaire agricole pour donner des facilités
d´investissement aux paysans.


L´Etat n´étant plus  le propriétaire de la Banque, l´exigence de
rentabilité nous épargnera  l´expérience douloureuse de la BNDA, la
Banque nationale du développement agricole,  la seule banque du monde
agricole en Côte d´Ivoire.

 
Qui est tombée en faillite parce que des gens qui n´ont rien à avoir
avec l´agriculture  y ont pris des crédits sans rembourser, il n´y a
jamais eu de poursuites contre eux et les paysans ivoiriens ont perdu
un outil indispensable de soutien à la relance de l´économie agricole.
L´impunité et la délinquance financière institutionnalisé es  au sommet
de l´Etat, ont été  très néfastes aux paysans ivoiriens,  nous le
relevons ici avec beaucoup d´amertumes.

 
Faut-il rappeler ici qu´il n´y a pas d´agriculture sans le monde 
paysan. Oublier cela est une cécité et une aberration de type
stalinienne. Il ne faut donc pas s´étonner de la situation économique
et sociale de la Côte d´Ivoire actuelle.

 Tel est le contenu du catalogue de mesures urgentes que nous proposons
pour affronter l´avenir et le défi alimentaire qui se dessinent devant 
la Côte d´Ivoire.

Conclusion

Mesdames et Messieurs,<< après que le peuple ait lutté pour sa
libération, il faut nécessairement que le cadre politique lui
garantisse une vie meilleure. Une indépendance sans conditions
matérielles favorable ne vaut rien. >> C´est ce que disait hier encore
notre frère, le fondateur du PAIGC l´ingénieur agronome,  Amilcar
Cabral.

Les peuples africains ont lutté pour l´indépendance afin de mettre fin
à l´arbitraire du système colonial, promouvoir la liberté et avoir une
vie meilleure ( maison en matériaux durables,  de l´eau potable, de
l´électricité, des soins de santé primaires, des écoles pour les
enfants, des employés bien rémunérés, un meilleur marché pour les
produits agricoles etc.) pourquoi avons nous échoué un peut partout en
Afrique à réussir ces choses simples ?

Pour répondre à cette question, les ivoiriens et leurs dirigeants
politiques doivent reconnaître leurs propres erreurs au lieu d´invoquer
comme le faisait Félix Houphouët-Boigny, les dysfonctionnements de
l´économie mondiale. Une nouvelle approche  de  rigueur et de réalisme
vis-à-vis des questions agricoles est plus que nécessaire pour la Côte
d´ivoire.

La Côte d´ivoire doit s´engager à mettre sur pied un plan intérimaire
de cinq ans pour relever son agriculture vivrière dans le cadre de
l´aménagement du territoire liée à la décentralisation. Priorité à
l´agriculture et à l´alimentation, à la capacité d´entreprendre, à la 
mise en valeur des ressources humaines et leur meilleure gestion.

Car c´est à partir du développement du secteur agricole et du monde
rural que naîtra un nouveau raisonnement qui enclenche  tout un système
d´organisation de l´effort social qui sera édifié autour de la
production alimentaire, qui sera désormais considéré comme un secteur
structurant et entraînant dans sa dynamique un scénario de
développement global.

En centrant  ses activités sur ces besoins, en exploitant et en
renouvelant ses propres richesses, en intégrant réformes incitations,
investissements, aide extérieur et la cohérence d´une politique
clairement définie, la Côte d´Ivoire se donnera les moyens de
desserrer  l´étau des misères quotidiennes et faire le pari de ne plus
sacrifier l´avenir à l´urgence.

Mesdames et Messieurs, le temps qui est passé est passé, seul l´avenir
compte pour nous tous, c´est parce que nous voulons compter dans
l´avènement des temps nouveaux que nous nous devons d´invoquer et de
convoquer l´avenir qui débutera par un repas avec les produits de notre
terroir.

 Telle était le sens de notre contribution sur la nécessaire
réorientation de l´agriculture pour garantir la sécurité alimentaire de
la Côte d´Ivoire, Monsieur le président du forum,  Mesdames et
Messieurs, chers frères et soeurs, merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Directeur du Centre africain d´études stratégiques
CP.66 Vezia-Lugano
CH-6943 Suisse
Tel. 004179.246.53. 53
Fax. 004191.966.15. 94

E-mail:
nzinicolas@yahoo. fr

Tag(s) : #Politique Africaine
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