Intellectuel par procuration…
Par Arimi CHOUBADE
27 janvier 2009
Les intellectuels tarés, Kérékou en avait fait toute une thèse connue de tous les Béninois et au-delà. Le régime du Changement en engendre une nouvelle forme à travers deux procédures spéciales l’une sur la révision de la constitution et la seconde, la plus emblématique à propos du découpage territorial. Je requerrai des lecteurs une attention particulière afin de suivre la démonstration de ce procédé dont le centre de commandement sis à la Marina commence par pénétrer les esprits.
Tout part d’un appel à l’intellect du docteur-président. Se constitue alors une brochette de cols blancs comme on en trouve de très brillants au quartier latin. En quelques mois sortent des rapports impeccables remis à qui droit. Le réformateur autoproclamé du 06 avril 2006 entre alors de nouveau en scelle, sur un terrain d’un genre spécifique au système. La ruse emballée dans un nom assez savant : la relecture. C’est comme cela qu’on a baptisé les manipulations autour du rapport de la commission Ahanhanzo Glèlè sur la révision de la constitution. Les propositions des constitutionnalistes à l’instar de Elisabeth Pognon, Théodore Holo ou Maurice Ahanhanzo Glèlè ne seraient pas assez pertinentes parce que ne parlant pas de l’octroi d’un septennat, d’un nombre de mandat illimité ou d’autres accommodations conformes aux ambitions du chantre du docteur-président-plus-que-Dieu. Rien de plus subtil que le recours à un brain-trust de secours. Pourvu qu’à la fin, l’opinion retienne que le boulot a été fait par des gens respectables.
C’est avec le machin de Richard Adjaho que l’intelligence par procuration apparaît au grand jour. Voilà un présumé expert de la décentralisation, architecte parait-il du modèle béninois. Toute sa compétence intrinsèque lui fait conclure à un découpage « scientifique » sur les 12 départements avec des indications précises à propos des probables chefs-lieux. Mais cet intellectuel a été capable de revenir sur ses propres conclusions techniques au bout de quelques mois en ressortant de son laboratoire à géométries variables un autre découpage comprenant cette fois-ci 21 départements aussi ridicules les uns que les autres. En réalité, Adjaho ne s’était cantonné qu’à son seul intellect dans un premier temps. Le revirement qui a suivi est à la hauteur du conditionnement effectué selon les vœux de Yayi.
Tout ancien ministre de l’Intérieur qu’il est, Adjaho sait que le fameux soulèvement populaire à Dassa-Zoumè n’avait rien de spontané. La spontanéité était défendable si la kermesse bruyante sur la voie inter-Etat Cotonou-Parakou avait eu lieu le même soir où le ministre Démolé Moko rendait public les résultats du travail de la commission technique ou dès le lendemain. Le fait d’avoir attendu 48 heures avant de faire descendre des inciviques braillards obstruer le passage suppose qu’il y a quelque chose de bien organisé en dessous. Si l’Etat avait encore un sens aux yeux des émergents, la justice devrait entendre des meneurs de cette insurrection sauvage, illégale et attentatoire à la liberté de circuler des usagers de la route.
La prestation télévisuelle de Démolé Moko sentait d’ailleurs la manipulation lorsqu’il disait que le gouvernement aviserait si les populations réagissaient à la publication des résultas de la commission Adjaho. Elles ont effectivement réagi et le gouvernement a avisé. Lui-même Démolé a été immolé à l’occasion du remaniement ministériel comme l’avait promis les manifestants de Dassa. Dassa voulait être chef-lieu de département. En faisant réfléchir les « experts » dans un sens voulu Dassa, est érigé en chef-lieu. Pareil pour Savè.
Tous les experts du pays finiront un jour par penser comme leur cher président, Yayi.