Bénin - Le roi Boni-menteur innove: Un quinquennat en trois ans…

Le roi Boni-menteur innove: Un quinquennat en trois ans…

mardi, 7 avril 2009 / Arimi CHOUBADE

A bout de souffle les émergents ; un troisième anniversaire aux allures d’une fin de règne en ce 06 avril 2009. Un état d’âme en proie au doute et à l’incertitude ; les cafouillages entre faste, pré-campagne, réflexion et réjouissance. Finalement chacun y est allé de sa bouffonnerie. Le docteur-président, exhibé de grandes messes en grandes messes tandis que quelques courtisans s’essayent sur le macadam à Abomey, Houéyogbé et ailleurs à travers le sport favori de l’émergence, la marche. Beaucoup de gloses les yeux rivés sur le rétroviseur avec une grosse fixation telle une bulle enchantée : les passages à niveau de Cotonou (Avenue Sékou Touré, barrière Houéyiho). La plus grande réalisation du régime c’est donc deux passages à niveaux à en croire les zélateurs les plus chevronnés. Même ceux qui évoquent une prétendue avancée en matière d’infrastructures ne pensent qu’à ces deux chefs d’œuvre du grand maître du Changement.

Des années à parcourir pour achever le mandat constitutionnel, personne n’ose s’y aventurer. La Marina semble avoir ferme boutique et expédié tout le monde sur le terrain afin de préparer le rempilage en hypothèque d’un pouvoir sur la défensive. La hantise n’arrête pas de ressasser la même interrogation : comment terminer le mandat. Ceci avec le cadeau d’anniversaire du truculent Rachidi Gbadamassi qui n’a rien trouvé de mieux qu’un cambriolage d’élu Fcbe à Kandi ; au nez et à la barbe de rentiers trop occupés à savourer les délices d’un maroquin pendant que Tokou Dari faisait la belle. Une très mauvaise nouvelle en pleine offensive de charme en vue de la conservation du pouvoir.

En clair, les Béninois ne doivent plus rien attendre des deux dernières années de Yayi Boni. A peine si lui-même ne réclame un jugement populaire sur la base de ce qu’il aurait déjà fait. Heureusement que ses gars se gardent bien d’emprunter la piste d’élections anticipées. Il va falloir gérer la panne d’inspiration sur deux longues années ; c’est énorme. Surtout lorsqu’on a sur les talons d’activistes aussi déterminés que les députés G13 sans oublier la capacité de nuisance de la vieille classe politique. Des gens prêts à relever le défi de la campagne précoce en usant des mêmes armes que l’ennemi. Le pouvoir et ses suppôts ne parviennent toujours pas à transformer en avantage certain et décisif l’usage abusif des moyens de l’Etat, le trafic d’influence, l’abus d’autorité et de position dominante.

La question se pose de savoir si la Marina pouvait faire autrement que de mettre un terme au supplice d’une gouvernance poussive voire pénible. Trois ans que les Béninois ont attendu la vulgarisation d’un programme d’action de l’exécutif de Yayi à dérouler sur tout le long du mandat en vain. Libre aux émergents de s’arrêter en cours de route dès qu’ils ont fini d’épuiser les vieux projets abandonnés dans les tiroirs par leurs prédécesseurs. S’annoncent donc deux années d’oisiveté et d’activisme. Place à la traque d’adversaires politiques, à la terreur, à l’agitation, à la ruse. On ne voit vraiment pas ce que le docteur-président et son équipe peuvent faire pour inverser la dégringolade de la filière coton en agonie, celle des véhicules d’occasion embarquée dans une négation toute gestion vertueuse, l’école en déliquescence à l’image de la santé, de l’emploi des jeunes etc….

Quelqu’un pour leur dire que le mandat compte cinq années et que deux passages à niveaux dans Cotonou est loin de solder aux yeux des Béninois les attentes nées de la prestation de serment du 06 avril 2006 sur l’esplanade du palais des Gouverneurs à Porto-novo. Et si les émergents ont eu du mal à se doter d’une boussole pour 5 années, ils peuvent s’essayer à en produire une pour les deux années restantes.

Ce ne serait pas la première que les Béninois se contenteront du peu à défaut du plus promis…