23 avril 2009
Mon Idéo Va, Court, Vole et Tombe sur…
Beat them or join them
Sauf respect pour sa constitution, décidément Gbadamassi Rachidi apparaît comme un ours électoral de la jeune démocratie Béninoise ; et un cas de conscience pour son enracinement sain. Cas de conscience parce qu’il est permis de s’interroger sur l’évidence du lien de cause à effet qu’il y a entre la volonté des électeurs de sa circonscription dont il est censé jouer les rabatteurs et ses désirs, caprices, choix et fantaisies d’homme politique. Cas de conscience aussi parce que si la transhumance dont il est à la fois l’objet et le héros s’avérait exacte avec le coût faramineux que colporte la rumeur, alors je crois que les opposants au régime actuel dit du changement auront trouvé leur thème idéal de campagne : il s’agit du thème éthique touchant à la promotion de la dignité, de la décence, de la mesure, du refus de la marchandisation de la démocratie, toutes choses à mille lieues des obscénités pécuniaires inhérentes à la culture cauris instaurée et entretenue sans complexe par le régime du changement sous la houlette bancale de Monsieur Yayi.
Mais la raison pour laquelle Monsieur Rachid Gbadamassi apparaît véritablement comme un ours n’est pas liée à ces cas de conscience ainsi relevées. A moins qu’elle ne les rejoigne par un détour inattendu. En effet, force est de constater que l’homme a été érigé en un fatal déterminant des chances de Monsieur Yayi d’être élu ou réélu ; personnage sans la présence ou sans l’absence duquel Yayi perd ses chances de gagner le nord, donc de gagner les élections. En 2006, son intervention dans ce jeu passait par sa nécessaire disparition du paysage politique, sa mise sous cloche électorale. Pour ce faire, il fallait donc qu’un juge fût assassiné, dans des conditions telles que le premier magistrat de la ville du crime qu’il était en supportât la charge du soupçon et perdît pour cela sa liberté – du moins jusqu’à ce que la scène électorale se referme. Voilà qu’à l’approche de 2011 alors qu’une campagne aussi précoce que démocratiquement inepte bat son plein sous l’impulsion du pouvoir, l’intervention du même homme dans ce jeu électoral se manifeste au contraire par son élargissement et sa centration dans le système des chances de Monsieur Yayi. Ce qui répond à la théorie anglaise du beat them or join them ; théorie qui, en termes zoologiques peut se traduire par « montrer ou cacher» comme on le ferait d’un ours que l’on montre ou que l’on met en cage selon la volonté du montreur ou les nécessités du spectacle dont il est l’objet.
Il va de soi que cette traduction zoologique du dicton anglais – concentré de réalisme stratégique – est tout à fait exacte. De même, si l’ours n’a pas changé entre 2006 et 2011, tout porte à croire que son montreur lui non plus n’a pas changé, en dépit du changement qui se crie sur tous les toits.
Dès lors, il est possible de tracer une ligne droite et continue entre les deux états de l’ours : en clair, un même mécanisme motive les gestes du montreur en 2006 et en 2011.
Si on est d’accord avec cette conclusion on doit alors accorder un peu plus de crédit à la protestation d’innocence de Rachidi Gbadamassi dans l’assassinat du Juge Coovi, pour lequel il avait été incarcéré en 2006. Mais pour ce qui est de la transhumance rocambolesque dont l’ancien maire de Parakou est actuellement l’objet, au nom de la santé de la jeune démocratie béninoise, force est de reconnaître qu’il y a là un cas de conscience que sa seule bestialité politique ne suffirait pas à excuser.
Éloi Goutchili
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