lundi 27 avril 2009, par DP Le Grand Journal
La nouvelle de la démission de l’honorable Rachidi Gbadamassi qui est tombée au cours de la semaine dernière a été au centre du débat qu’a eu l’honorable Wallis Zoumarou avec notre confrère de la radio « Océan FM ». C’était dans le cadre de l’émission hebdomadaire ‘’Carte sur table’’. Au cours de cette dernière, le député G13 est longuement revenu sur le départ de son collègue Gbadamassi avec en toile de fond la gestion calamiteuse de Boni Yayi. Aussi s’est-il intéressé aux différentes questions qui animent l’actualité politique nationale, notamment : le rejet du rapport du président Nago, la décision de la Cour constitutionnelle qui déboute les députés de l’opposition et la candidature de Bio Tchané pour 2011.
Titus FOLLY
« Boni Yayi est un dictateur » dixit l’invité de ladite émission. C’est parce que nous avons constaté qu’il ne fait pas avancer le pays avec en prime l’autoritarisme et la corruption que nous l’avons quitté. Mais comme il y a péril en la demeure, nous devons nous battre pour qu’il s’en aille. C’est de cette manière qu’il a cru devoir donner des bois verts au chef de l’Etat, qui a en partie a une lourde responsabilité dans le scandale politique que constitue la démission de Rachidi Gbadamassi au profit de la mouvance au pouvoir.
Concernant le plat de résistance qu’est le départ de ce député du G 13, il a semblé dire que nul n’est indispensable. C’est ce que semblait traduire hier sur les ondes de la radio des défis, les impressions de l’honorable Wallis Zoumarou. Le départ de Rachidi Gbadamassi malgré son dynamisme et son style particulier de rhétorique d’opposant au sein du G13, ne semble pas trop inquiéter ses anciens compagnons à travers sa démission. Poursuivant, l’invité de « Cartes sur table » a laissé entendre que le G13 n’est pas l’œuvre d’une seule personne mais que le groupe a d’ores et déjà atteint l’étape de maturité car 13 députés se sont donnés la main pour une cause.
Mieux, il ressort de son analyse que le G 13 est aussi l’affaire d’un certain nombre de partis politiques et en cela, il n’y a pas de raison que le départ d’une seule personne affaiblisse tout le bloc. En revanche, il n’a pas caché son souhait de voir Gbadamassi revenir à de meilleurs sentiments en réintégrant le G13 où il a sa place.
Il a également affirmé que cette réaction de Gbadamassi doit cacher des dessous autres que politiques. Il n’a pas écarté l’hypothèse selon laquelle l’honorable Gbadamassi serait débauché à coup de milliards de francs CFA. Il a d’ailleurs qualifié cette pratique d’achat de députés et de conscience, qui est devenue l’apanage du régime en place, de pratiques honteuses. Après cette démission, il a exclu la perspective selon laquelle le G13 pourrait nouer une nouvelle alliance avec le pouvoir de Boni Yayi et intégrer son gouvernement.
L’homme est aussi revenu brièvement sur l’alliance qui l’avait accueilli au lendemain de la victoire de Boni Yayi et sur les raisons qui ont motivé sa démission de FCBE. A cet effet, il a fustigé sans ambages son exclusion des grandes décisions concernant l’alliance. Il a aussi déploré sa perte d’autonomie car depuis qu’il a intégré cette alliance, il y a des actes qu’il ne peut plus poser sans se référer à l’instance faîtière de la FCBE. S’il n’avait pas quitté la mouvance, il ne pouvait même pas être sur un plateau de télévision pour parler de son propre parti l’UNSP. Enfin, il a regretté que dans la mouvance actuelle, on assiste à l’écartement des vrais artisans de la victoire de Boni Yayi à la faveur des militants de dernières heures qui font la pluie et le beau temps au gouvernement.
Il n’a pas manqué de soulever le dossier de 110 millions de francs CFA qui l’opposerait au chef de l’Etat, 110 millions qui seraient le fruit de dommages et intérêts dus à l’honorable par l’Etat depuis des évènements de Sèmèrè à Ouaké suite à la vendetta de certains hommes politiques. Au cours de ces événements qui lui ont causé des préjudices, le gouvernement de Mathieu Kérékou s’est résolu à le dédommager. Malheureusement, le régime n’a pu aller au bout de ses intentions avant la fin de son règne. C’est ce qui a fait que le régime du changement a hérité du dossier. Un conseil des ministres qui s’est tenu en l’absence du chef de l’Etat aurait autorisé le paiement de ce fonds. Mais, à en croire le député, le chef de l’Etat a voulu user de certaines ruses pour ne pas lui concéder ses droits.
Le député Zoumarou n’y est pas allé du dos de la cuillère pour apprécier les actions de Boni Yayi à la tête de l’Etat depuis déjà trois ans. Il a laissé entendre que le régime du changement n’a rien réalisé, à son avis, qui frise un vrai changement. « Qu’est ce qu’il a fait depuis qu’il est là. Moi je n’ai rien vu. Tout ce qu’il a fait est à contre courant de ce qu’il devait faire ». Ainsi s’exprimait l’ancien chantre aux actions du chef de l’Etat.
Selon lui, Boni Yayi serait venu au pouvoir pour se faire de l’argent, assouvir sa soif de populisme et se maintenir à la tête de l’Etat. Par rapport aux promesses électorales en ce qui concerne par exemple Djougou, il n’a pas pu tenir parole. C’est le cas par exemple du chef lieu de la Donga et de la construction des infrastructures socio communautaires. Quant à la route Djougou-N’Dali, elle n’est pas à son actif car le financement à été entièrement bouclé par le régime défunt. Boni Yayi est venu seulement attribuer le marché dans les conditions de corruption. Selon lui, ce marché a été affecté d’une commission occulte de 30%. Et de conclure que cette façon de faire permet au chef de l’Etat de mener à sa guise l’achat de conscience et le débauchage des députés et autres personnalités.
Par rapport au rejet du rapport d’activité du président de l’Assemblée nationale, l’honorable Zoumarou croit savoir que cela est dû à la volonté des députés de l’opposition de montrer que le Parlement, aujourd’hui, n’est pas digne et légitime dans sa façon d’être dirigée. Quant à la décision de la Cour constitutionnelle qui déboute les députés de l’opposition non déclarée à propos du choix des représentants du Parlement au sein de la Haute Cour de Justice, le député a affirmé que la Cour est dans son rôle de dévotion totale au pouvoir. Il a taxé la Cour de maître Robert Dossou d’une Cour politisée qui ne veut faire que la volonté du pouvoir en place.
Pour finir, l’homme a fait cas de son engagement à soutenir la candidature de Abdoulaye Bio Tchané, malgré les menaces et les pressions qui pleuvent déjà et surtout venant de l’entourage immédiat du régime au pouvoir. « Je suis décidé à verser mon sang pour la candidature de Bio Tchané pour 2011 ».a dit-il dit pour finir.