mercredi 22 juillet 2009, par DP Le Grand Journal
Précédemment annoncée pour se tenir dans la journée d’hier, la célèbre marche des travailleurs réunis au sein des différentes centrales syndicales qui devrait consacrer " le mardi noir " a été simplement interdite. Ainsi les autorités viennent de jeter le masque étalant du coup leur désir farouche de fouler aux pieds les lois de la République et faire ainsi balancer notre pays du côté des Républiques bananières.
Le point de départ de cette marche qui était la grande place de l’Etoile Rouge a été très tôt pris d’assaut par des militaires avec pour renfort des gendarmes et des CRS. L’objectif était clair ; empêcher les travailleurs de jouir de leur droit de protestation et de manifestation dans une République qui jadis était le porte flambeau de la démocratie en Afrique.
Un arsenal humain et matériels militaires déployé, un état de siège décrété sournoisement ; des pratiques dignes d’une opération de prise de forteresse et le tout dans un décor d’anxiété, de peur et de désolation. Tel était le spectacle que présentait le centre ville de Cotonou hier dans la matinée.
Ce désordre provenant d’un système qui devrait produire l’ordre était à observer sur la plus part des carrefours et au ministère des Finances rien que pour des travailleurs qui ont refusé d’être muselés. Malgré le dispositif mis en place et la horde de militaires déployés ; le groupe composé des responsables syndicaux et de quelques majors ont néanmoins pu marcher sur une distance considérable avant d’être rattrapés par les flics et brutalisés pour enfin partir puisque le bon sens aurait voulu que ces responsables évitent l’affrontement qu’aurait souhaité le gouvernement afin de jouer l’acte final de cette pièce de théâtre qui n’était que de la tragicomédie.
En lieu et place de la grande marche avortée par une décision tardive du préfet du département de l’Atlantique et du Littoral et renforcée par un autre communiqué tardif du ministre de l’Intérieur, les travailleurs indignés par ce comportement tyrannique du gouvernement du changement ont tenu circonstanciellement une grande assemblée générale.
Cette dernière a eu lieu à la Bourse de travail et a duré environ deux heures de temps.
Au cours de cette AG, les différents responsables syndicaux ont à tour de rôle dénuder ce fameux système du changement avec des propos acerbes. En trouvant que l’heure est grave, Dieudonné Lokossou de la Centrale des syndicats autonomes(CSA) n’a pas trouvé autre mots pour qualifier l’actuel système de gouvernance de ; dictature, piège, licenssement abusifs, pillage et violation des droits de l’Homme. Tout en expliquant la basse manœuvre du gouvernement d’empêcher l’expression du peuple, il a dit que l’heure de la tyrannie a sonné et il urge de faire vite pour barrer la route à ses oppresseurs.
Pour Pascal Todjinou de la Confédération générale des travailleurs du Bénin (CGTB), il était indispensable de rafraîchir la mémoire des dirigeants actuels et principalement à son chef, le président de la République qui à sa prise de pouvoir a réprimandé les responsables des centrales syndicales dans leur supposée passivité dans la lutte contre la corruption. Mais pourquoi aujourd’hui, ils nous empêchent de nous exprimer face à ce désordre économique et financier qui s’organise depuis un certain temps s’est demandé l’intervenant ?
N’ayant pas la réponse à cette question, il a fustigé cette commission dite neutre qui doit statuer à nouveau sur le fameux dossier Cen-Sad où les alliés du chef de l’Etat sont impliqués. C’est sur un ton dur que Pascal Todjinou dit avoir pris bonne note de la présente provocation faite aux centrales syndicales que constitue l’interdiction de la marche car, pour lui, il est inconcevable qu’on autorise des marches spontanées de soutien au chef de l’Etat et que le peuple soit bâillonné et privé de sa liberté d’expression.
Paul Issè Iko de la CSTB et Georges Kakai-Glélé de la Cosi ont abondé dans le même sens à leur déclaration qui est souvent entrecoupée par des slogans hostiles au gouvernement. Pour le secrétaire général de la Fesyntra-Finances, Laurent Mètognon aussi présent à la grande rencontre, il était temps de révéler au grand jour, les agissements d’un gouvernement qui a perdu la boussole. Pour célébrer ce que les syndicalistes ont appelé victoire, c’est Gaston Azoua de la Confédération des centrales des syndicats des travailleurs du Bénin (CSTB) qui dans un speech des grands jours a annoncé la suite des évènements qui prendront corps par une grève de 48h le mardi prochain avec à la clé, une probable marche pour la même semaine.
En interdisant cette marche et en sortant la quasi-totalité des militaires, des gendarmes et autres corps habillés des casernes hier matin, ce n’était pas pour l’habituelle répétition de la fête de l’indépendance mais pour mater et refouler des travailleurs tenaillés par la faim et la misère et qui ont décidé d’exprimer leur désarroi face à ce flot de milliards qui donnent de l’insomnie et font saliver à la Pavlov.
LH