23 juin 2010
L’affaire dite ICC continue de défrayer la chronique. Dans toutes les rues de Porto-Novo et Cotonou, les agents de cette structure qui fait des « miracles » en matière de placement d’argent sont menacés par des épargnants désemparés, déboussolés, désaxés et désorientés. Le ministre en charge de la sécurité et des affaires intérieures était monté au créneau sur la chaîne de télévision de service public pour faire une déclaration qui laisse pantois les territorialistes. Voilà ! Le chef de la sécurité intérieure a souligné qu’ICC-services qui fait des « miracles financiers » n’a reçu aucun agrément pour exercer des activités de placement d’argent. Citation : » C’est une affaire d’assistance entre fidèles d’une église qui a pris une grande ampleur »
Déclaration suffisamment grave s’il en est de la part d’un ministre de l’intérieur. Les préfets de l’Atlantique-Littoral et de l’Ouémé-Plateau peuvent -ils dire qu’ils ne sont pas au courant de cette activité ? Pire, les services spécialisés de la police nationale peuvent-ils affirmer qu’ils n’ont jamais été saisis par des citoyens indépendants sur l’impertinence de l’activité de ICC ? C’est un mensonge d’Etat que nous tenterons de démontrer.
ICC service est une structure connue des Béninois à travers une campagne médiatique bruyante. Son premier responsable a été reçu par le Président de la République, Chef de l’Etat du Bénin. J’ai encore souvenance que le » patron » de Icc services était accompagné de deux » blancs » qui tentaient de rassurer le Président de la République sur la solidité de leur système de placement. A tout le moins, on peut affirmer au regard du visage rayonnant du Président de la République qu’il a été convaincu par les faiseurs de miracle d’argent. Quand une structure s’installe dans un pays, il y a les services de liaisons qui produisent des fiches à l’attention des autorités compétentes pour donner plus d’informations sur ses responsables. L’Etat béninois nous donne l’impression d’avoir été surpris par le désastre. C’est ce qu’il convient de retenir des multiples et incessants cris d’apaisement du ministre de l’intérieur.
Par communiqué radiodiffusé, les professionnels de la Banque ont appelé l’attention des pouvoirs sur la portée de l’activité des structures privées de placement. Ils n’ont pas été écoutés. La structure a perturbé l’activité légale et régulière du microcrédit. Les bénéficiaires des microcrédits n’ont pas trouvé une autre alternative que d’aller placer l’argent dans les officines de réalisation de « miracle » monétaire. La conséquence en est que la paresse est devenue un mode d’enrichissement. Jeunes, femmes, vieillards, tout le monde dort sous l’arbre à palabre en espérant le double, le triple de l’argent placé. Les grognes incessantes d’auditeurs libres n’ont pas permis d’arrêter l’hémorragie.
Comment un Etat responsable peut-il se dérober de ce rôle de régulation pour jouer enfin au sapeur pompier alors que de forts soupçons pèsent sur des autorités accusées par l’opinion de complicité. Le silence coupable du gouvernement est incompréhensible. Tout se passe comme si le gouvernement joue à la conciliation pour une structure dont il affirme n’avoir pas eu trace de son agrément. Impossible d’afficher la table de vérité des propositions avancées par le » tout-puissant » ministre de l’intérieur qui apparemment n’a pas lu le dossier » ICC-services « . C’est le comble car la sécurité, c’est d’abord une affaire d’informations. Napoléon avertissait déjà les princes : » L’information, c’est le pouvoir « . ICC-services par le scandale qu’elle inaugure met l’Etat béninois à nu. Etrange destin pour une République qui a pourtant beaucoup investi pour avoir d’éminents banquiers. L’affaire ICC-services, c’est l’échec de la surveillance financière et monétaire du pays. Que cela soit écrit comme dirait le pharaon.
conviction.
Herbert Houngnibo