BENIN: 52 ans après l'indépendance, où en sommes-nous ???
Par Benoît ILLASSA
Ma manière à moi de célébrer ces 52 ans, c'est de vous faire relire cet excellent article du quotidien français "Le Monde" du 06 mars 2006. Plus de six ans après, la LEPI, le Coton, le Port Autonome de Cotonou et la corruption continuent de miner ce petit pays de l'Afrique occidentale. Cherchez l'erreur car certains doivent en prendre de la graine !!!
Aux incertitudes électorales s'ajoute un contexte économique dégradé - effondrement de la production cotonnière, baisse d'activité du port de Cotonou - qui exacerbe une corruption omniprésente dans un pays dont le tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Au Bénin, le président sortant met en doute la crédibilité du scrutin
(Le Monde 06/03/2006)
Après trois décennies au pouvoir, "le caméléon" a du mal à passer la main. Ainsi surnommé parce qu'il a dirigé le Bénin successivement comme dictateur marxiste (1972-1991) puis comme président démocratiquement élu (1996-2006), Mathieu Kérékou, 72 ans, souhaite-t-il vraiment que l'élection présidentielle qui a eu lieu dimanche 5 mars désigne son successeur ?
Implicite, la question a été posée par les accusations de fraude lancées en plein scrutin par le président sortant. "L'élection que nous avons souhaitée transparente ne le sera pas", a estimé M. Kérékou après avoir voté dimanche à Cotonou. Dégageant la responsabilité du gouvernement, il a mis en cause la commission électorale dans les irrégularités qu'il a dénoncées : la "perte" de 1,3 million de cartes d'électeurs (sur 4 millions d'inscrits), dont certaines auraient été distribuées à des ressortissants de pays voisins. "Ceux qui l'ont fait vont le payer très cher !", a-t-il menacé.
La participation massive des électeurs, dimanche, en dépit de gros retards dans l'ouverture de certains bureaux de vote, a cependant démenti les craintes d'annulation d'un scrutin sur lequel pesaient depuis des mois de lourdes incertitudes. Tandis que l'Etat se faisait tirer l'oreille pour le financer, le recensement officiel laissait apparaître une inflation spectaculaire du nombre des électeurs.
Cette élection, dont les résultats ne seront pas connus avant plusieurs jours, marque une relève de génération et doit constituer un tournant dans l'histoire de l'ex-Dahomey, petit pays francophone cité en modèle de démocratie. M. Kérékou, au terme de deux mandats, s'est refusé à modifier la Constitution. Ce qui l'empêche d'en solliciter un troisième, comme une partie de son entourage l'y encourageait.
PAS DE DAUPHINS
Mais l'impréparation manifeste du scrutin, les rumeurs de fraude et la multiplicité des candidatures - pas moins de 26 au total, dont certaines, suscitées par le pouvoir, ont contribué à créer la confusion et à empêcher un candidat de sortir du lot - font peser sur le vote de dimanche un soupçon de sabotage. "Certains n'ont pas envie que l'élection se passe bien", a remarqué un diplomate. Atteints par la limite d'âge, fixée à 70 ans par la Constitution, les deux hommes dont l'opposition domine la vie politique béninoise - Mathieu Kérékou et Nicéphore Soglo, à qui le premier céda le pouvoir entre 1991 et 1996 après avoir établi la démocratie - laissent un vide sans avoir désigné de dauphins. Alors que le duel Kérékou-Soglo reflétait traditionnellement le clivage entre le Nord majoritairement musulman et agricole et le Sud chrétien et plus développé, la nouvelle équation électorale brouille les repères.
Quatre candidats, tenus pour favoris, devraient dominer le résultat du scrutin. Dans la mouvance présidentielle, Bruno Amoussou, ancien ministre, et Adrien Houngbédji, ancien président de l'Assemblée nationale et ex-premier ministre, qui est bien en cour à Paris. Face à eux, se présentaient Boni Yayi, ancien président de la Banque ouest-africaine de développement, et Léhady Soglo, fils de l'ancien président et premier adjoint au maire de Cotonou.
Aux incertitudes électorales s'ajoute un contexte économique dégradé - effondrement de la production cotonnière, baisse d'activité du port de Cotonou - qui exacerbe une corruption omniprésente dans un pays dont le tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté.
Philippe Bernard
Article paru dans l'édition du 07.03.06