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ADRIEN HOUNGBEDJI : Un destin hors du commun

 

Date de publication : 12-04-2010


Auteur(s) / source : Léon BRATHIER

 

Adrien Houngbédji candidat unique de l’opposition pour l’Union fait la Nation, un destin en marche pourrai t-on dire. L’histoire retiendra que cet homme constant dans sa bataille pour conduire un jour la destinée du Bénin a commencé par un séjour en prison et une condamnation à mort pour son courage d’avocat de la défense dans l’affaire kovacks. Les conditions de sa fuite restent toujours une énigme, plusieurs variantes de cette escapade pour échapper à un sort funeste, sont servies ici et là. L’intéressé lui -même, par pudeur certainement, n’aime pas trop étaler cet épisode de sa vie. Pourtant, après un long exil, il sera là lors de la conférence historique des forces vives de la nation de 1989.

 

Certains le voyaient comme le probable Premier ministre de la transition sous la présidence de Mathieu Kérékou, mais le destin aura, par la décision de la conférence, choisi plutôt Nicéphore Soglo. Les premières années du premier quinquennat du renouveau démocratique, sous le président Nicéphore Soglo, le verront aller petit à petit vers l’opposition, ses dissensions avec le régime sur la gouvernance étaient flagrantes et il ne s’en cachait pas lors de ses interventions publiques. Surtout lors d’une interview remarquable à la télévision nationale où il se posait comme l’homme d’une alternance possible. Mais encore une fois, le destin aura eu raison de lui, et c’est Mathieu Kérékou qui s’était réfugié, dans une sorte de retraite politique, dans sa maison des filaos, après son échec en 1991, que la coalition contre Nicéphore Soglo ira chercher, pour arracher le pouvoir par les urnes en 1996. Et si cela fut possible, c’est aussi parce que sous de fortes pressions de la base de son parti le Prd, et de la coalition de l’opposition, Adrien Houngbédji du choisir d’appeler à voter pour Kérékou au lieu d’accepter la proposition d’accord de Nicéphore Soglo, avec qui, d’ailleurs, la confiance ne régnait pas. Si le régime Soglo voyait en ce geste une trahison, pour l’opposition, il aura permis de sauver la paix et la concorde nationale. Mais l’entente avec Mathieu Kérékou qui nomma Houngbédji, Premier ministre en retour d’ascenseur, ne dura pas, les contradictions au sein de l’équipe gouvernementale, où figurait son frère ennemi Albert Tévoédjrè, finissent par le faire partir avec les quatre ministres du Prd, la fonction elle-même non prévue par la constitution suscitait bien des controverses.

 

Mais le président du Prd a une forte personnalité et n’est pas homme à fonctionner dans une situation ambigüe et de contrainte à sa liberté d’agir. C’est un homme de principe. Dès son départ du gouvernement, il était devenu un pivot de l’opposition et s’est rapproché de l’autre grand parti de l’opposition la renaissance du Bénin. Peu à peu, la méfiance entre les deux camps s’est objectivement apaisée et grâce au soutien personnel de rosine Vieyra-Soglo, la rb (renaissance du bénin) a appuyé la candidature d’Adrien Houngbédji, avec réussite, à la présidence de l’Assemblée nationale. Réponse du berger à la bergère, en 2001, alors que Nicéphore Soglo, placé directement derrière Mathieu Kérékou, au premier tour de la présidentielle, contestait ce que la rb a appelé des «tripatouillages» et que l’opposition demandait des désistements en sa faveur pour gêner Mathieu Kérékou ; la réaction d’Adrien Houngbédji a été positive en faveur de Soglo. Déjà une certaine façon de se faire pardonner la « trahison » de 1996. Et cette-fois là, c’est plutôt le candidat arrivé en quatrième position, c’est-à-dire bruno Amoussou qui a fait défaillance. C’est pour cette raison que depuis la naissance du g4, jusqu’à la création de l’alliance l’union fait la nation, il y a quelque chose de fondamental qui s’est passé du moins objectivement. Ce changement est mû par une volonté commune de panser les plaies et d’effacer les cicatrices du passé, les mésententes d’hier pour conjuguer les forces vers un but commun : créer l’alternance en 2011, en faisant partir boni Yayi. L’union faisant la force, Adrien Houngbédji peut aujourd’hui compter sur des alliés objectifs, et qui sont par ailleurs l’épine dorsale de la politique au bénin. Pour lui, cette fois sera la bonne et il n’a plus aucun souci à se faire pour quelque ennemi que ce soit, ou quelque trahison que ce soit. Il peut donc travailler à affronter son ennemi d’en face. Un nouveau destin en marche à préparer jusqu’en mars 2011.



 

Tag(s) : #EDITORIAL
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