Publié le 21-05-2014
BENIN - Affaire Talon: Selon Me William BOURDON, c’est Boni YAYI qui a sollicité la médiation de la France et de Abdou DIOUF
par RFI
Soumanou Moudjaïdou regoûte à la liberté
Au Bénin, les six personnes détenues dans l’affaire Talon sont rentrées chez elles, ce mardi 20 mai, à Cotonou, où elles résident. Ces personnes avaient été libérées lundi soir et ce matin après que la cour d’appel de Cotonou avait répondu favorablement à la demande de leurs avocats de mise en liberté provisoire.
Malgré deux non-lieux, les six prévenus étaient détenus depuis octobre 2012 et février 2013, accusés de tentative présumée d’empoisonnement et de tentative présumée de complot contre l’Etat. Ces actes auraient été commandités par l’homme d’affaires franco-béninois, Patrice Talon.
Soumanou Moudjaïdou, ancien ministre du Commerce du président Boni Yayi, était accusé d’avoir voulu empoisonner le chef de l’Etat en octobre 2012. Il a passé dix neuf mois en prison. RFI s’est rendue chez lui, ce mardi. « Sois le bienvenu ! Je suis venu partager ma joie », vient ainsi le saluer un voisin. Ce dernier a attendu que la foule, rassemblée devant la maison un peu plus tôt, se disperse.
Soumanou Moudjaïdou, en grand boubou blanc, est assis sur la terrasse entouré de sa femme et de sa famille qui l’écoute. « C’est vrai que je suis heureux, mais il faut tout de même noter que je suis triste. Ce dossier est devenu un drame national, un dossier monté de toutes pièces. Je me rends compte que l’administration n’a pas de limites. Juste pour nuire à une personne, on est capable d’inventer n’importe quoi », s’indigne-t-il.
Le matin, ses proches sont allés le chercher à Wida pour passer la journée avec lui comme son cousin et sa belle sœur. « Il est en bonne santé et il est en vie. C’est l’essentiel, pour moi. Tout le reste est parti », dit-elle. « On savait que tôt ou tard, la vérité triompherait. C’est le cas aujourd’hui. La vérité a triomphé et il est un homme libre. Nous somme heureux qu’il soit là, avec nous », se réjouit le cousin de Soumanou Moudjaïdou.
S’il ne veut pas commenter le pardon du chef de l’Etat – accordé le 14 mai à toutes les personnes impliquées dans cette affaire – ce proche de Patrice Talon parle du sien. « Non seulement je lui ai pardonné mais je vais aussi oublier parce que quand vous n’oubliez pas, vous devenez des prisonniers éternels. Moi, je vais oublier et, sincèrement, je ferai l’effort d’oublier le plus rapidement possible », a affirmé l’ancien ministre du Commerce.
Le 16 juin, la cour d’appel de Cotonou se réunira pour statuer, cette fois, sur l’abandon des poursuites et la liberté définitive des six ex-détenus.
Patrice Talon est, quant à lui, toujours en France. Son retour au Bénin n'est pas encore à l'ordre du jour, ainsi que l’explique l’avocat, maître William Bourdon. Joint par RFI, ce dernier tient aussi à rappeler que le mérite de ce processus revient d'abord au président Boni Yayi.
"C’est important de rappeler que le mérite de ce processus de réconciliation appartient au président Boni Yayi. C’est lui qui a sollicité la médiation de la France et de monsieur Abdou Diouf en vue d’une réconciliation avec mon client."
Maître William Bourdon Avocat français de Patrice Talon
21/05/2014 - par Marie-Pierre Olphand