28/10/2013
BENIN : Après la mallette du bonheur de son patron YAYI, KOUPAKI nous promet une cocotte-minute remplie de bonheur pour le béninois nouveau.
Par Benoît ILLASSA
« Les technocrates ne vont guère au-delà du présent. Ils manquent de vision pour apprécier le passé et d’imagination pour voir l’avenir ». Henry Mintzberg
L'ancien maire de Londres, Ken Livingstone, a provoqué un gros scandale au Royaume-Uni suite à ses propos contre le système économique actuel.
Selon le quotidien britannique The Sun, Ken Livingstone (que l'on surnomme Ken le Rouge au pays), aurait lancé des propos scandaleux lors d'un dîner. "Pendons un banquier par semaine jusqu'à ce que les autres s'améliorent", aurait-il déclaré. Des propos qui ont rapidement fait les gros titres de la presse britannique.
Après le banquier Boni YAYI qui a ruiné l’économie du pays avec son complice Pascal KOUPAKI, ce dernier, dont on attendait une rupture totale avec le premier, vient narguer les populations béninoises avec un petit opuscule intitulé : «Ce que je crois, une Nouvelle Conscience». Ce machin est sans aucun intérêt, selon quelques extraits distillés dans la presse. Il y parle de rupture pour l'avènement d'un homme béninois nouveau. Qui «se mettra debout pour construire un Bénin meilleur et solidaire, par le travail de qualité, le mérite, la persévérance et le volontariat». Le journaliste Olivier ALLOCHEME résume le sentiment général de tous ceux qui attendaient mieux du technocrate froid venu de la B.C.E.A.O. (Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest) :
« Ceux qui s’attendaient à une grosse charge de Koupaki contre le système Yayi, en ont eu pour leur grade : il n’en a rien été. L’homme est resté fidèle à son image de placidité et de froideur caractéristique des fonctionnaires de banque lorsqu’ils ont pris par les arcanes aseptisés de la centrale. Mais il est sûr désormais qu’il s’attache à se construire un « destin national », comme on disait du temps de Jospin. Cette marche timorée vers 2016 lui réussira-t-elle ? ».
KOUPAKI, comptable du bilan de Boni YAYI qui l’a fait Premier ministre, vient solliciter le suffrage des béninois sans jamais parler du « droit d’inventaire ». Et pour cause ? L’homme continue de fréquenter YAYI le jour et, la nuit, tel un hibou, il se précipite chez les opposants pour demander qu’ils l’adoubent dans sa course vers le fauteuil douillet du palais de la Marina.
Le peuple béninois souffre le martyre pour avoir confié son destin à des aventuriers banquiers imbus de leur propre personne. On n’a jamais entendu KOUPAKI sur les nombreux scandales financiers qui ont émaillés le règne du roi Boni 1er : ICC services (scandale financier qui a ruiné de nombreux béninois et provoqué des suicides pour la première fois au Bénin), éléphant blanc du siège de l’Assemblée nationale, éléphant blanc de Maria-Gléta, etc.
On ne l’a pas non plus entendu sur l’affaire PVI, le vol des engrais, la nationalisation de SODECO, la tentative de révision opportuniste de notre loi fondamentale, la LEPI non révisée, etc. Last but not de least, KOUPAKI s’est assis sur le dossier « Epine Dorsale » de Samuel DOSSOU-AWORÊT dont il a pourtant géré l’attribution du marché suite à un appel d’offre international.
Alors que tous les béninois sont entraînés et salis dans la boue par les mensonges du roi Boni 1er à travers l’invention d’une tentative d’empoisonnement et celle d’un putsch ourdi, l’ancien Premier ministre reste muet comme une carpe. Et c’est ce monstre froid, emballé dans un papier cadeau de virginité en politique, que l’on veut vendre aux béninois comme un « oiseau rare » sans plumage estampillé Boni YAYI. En 2016, la mayonnaise ne prendra pas car les béninois sont désormais vaccinés.
Ainsi, YAYI et son complice KOUPAKI, deux petits banquiers qui ont échoué dans le développement du Bénin nous vendent le modèle chinois qui a produit un bourgeon né du greffon du libéralisme le plus sauvage comme l’archétype des sociétés futures. Le pouvoir bancaire qu’ils ont transmuté au Bénin (tous leurs collaborateurs sont issus de la BECAO et la BOAD) a investi le pouvoir politique, glissant peu à peu d’un rôle de conseil (rôle habituel du banquier) vers un rôle décisionnel. Désormais, les banquiers dominent la vie politique béninoise et ses centres névralgiques malgré leurs nombreux échecs. On comprend que certains déçus en viennent à demander leur pendaison.
Six mois seulement après la prise du pouvoir par le président Boni Yayi au Bénin, Fraternité Info, n’hésite pas à affirmer son dépit. L’éditorialiste n’y va pas par quatre chemins : « Le peuple qui a faim et qui aspire à un mieux-être s’impatiente ». Et il rajoute : « Seul Boni Yayi circule, va et vient. L’argent ne circule pas ». Huit ans plus tard, la situation n’a guère changée. Elle s’est au contraire agravée.
Aujourd’hui, les élites politiques modernes semblent largement engagées dans un processus de blocage du mouvement de démocratisation ou de sa perversion sous la forme de la démocratie du partage du pouvoir entre des obédiences politiques sans idéologie ni programmes communs que tout oppose. La lutte politique se réduit à une compétition entre les élites en vue de s’approprier les appareils d’Etat pour s’aménager des voies d’accès à la richesse et au prestige personnels. A cette fin, les populations sont instrumentalisées au moyen de l’ethnicisassions de la politique, de la manipulation du régionalisme, du confessionnalisme, et du séparatisme.
En 2016, YAYI laissera le Bénin pauvre et dans un état médiocre : beaucoup de corruption, un secteur public accumulant les déficits, un chômage des jeunes désespérant. La croissance, ces dernières années, a été faible ; sur quelques 09 millions de Béninois, un sur deux est sous le seuil de pauvreté. Voilà le bilan peu reluisant de Boni YAYI que Pascal KOUPAKI doit assumer.
IB