29 juillet 2010
Une leçon de jeunes à tout un gouvernement. Les ministres de la République mobilisés un jour ouvrable, un après-midi de mardi 27 juillet 2010, au palais des congrès, écoutant avec une religieuse attention, les débits d’un groupe dit de jeunes de la mouvance. Séance élargie aux conseillers du chef de l’Etat, à des députés et autres directeurs de société. Prestigieux, l’auditoire venu s’imprégner de la nouvelle manière de défendre le docteur-président. Au présidium, tout ce que Cotonou compte de propagandistes tout terrain déjà utilisés lors de la révision manquée de la constitution puis par d’autres partis pour divers combats. Des gens initiés dès l’adolescence à faire les poches à presque tous les hommes politiques comme aime à le rappeler un confrère de la place. Grandiloquence garantie. Avec eux ; pas de tremblote dans le timbre ou sur les lèvres quelle que soit la grosseur du mensonge débité. Face aux caméras, ils ne lâchent rien des rapports de barbouzes mis à leur disposition pour lecture publique. Les applaudissements à tout rompre des ministres et autres personnalités de l’Etat à chaque accès d’harangue suffisent à se convaincre que la leçon est passée.
La ligne de défense face aux attaques qui fusent de toute part contre le régime depuis l’éclatement de l’affaire des faux placements d’argent ne change pas d’un iota. La séance du 27 juillet n’avait pas vocation à remettre cela en cause. Il fallait admettre à mots couverts que oui les principaux responsables de l’escroquerie avaient des accès au cabinet du chef de l’Etat ; oui ils finançaient des activités de propagande pour la réélection du chef de l’Etat ; oui, plusieurs ministres s’étaient mis à leur service ; oui, le chef de l’Etat s’est rendu à plusieurs reprises au domicile de l’un des barons de la chaine d’escroquerie ; oui, la première dame a parrainé de nombreuses manifestations en leur compagnie ; oui, l’armée béninoise a bénéficié de l’argent de l’arnaque. Et alors ? N’y a-t-il pas eu pire sous le régime précédent.
Cerise sur le gâteau : les attaques personnelles sur Houngbédji, l’appartenance supposée au Prd de Emile Tégbénou, patron de Icc-Services de l’Ouémé et du Plateau, frère de village de Houngbédji justement. Ce même Houngbédji, coupable de procéder à une transaction immobilière à Paris alors que le pays était secoué par ce scandale des faux placements. Les rapports de barbouze se chargent de fournir aux liseurs publics des détails sibyllins sur la situation géographique de l’immeuble, l’estimation probable en francs Cfa et les circuits possibles de financement qui pourraient ramener à la nébuleuse Icc. Il fallait donner un contenu et des échos au slogan : « nous sommes tous responsables de la situation » que les émergents se plaisent à clamer en vain à chacune de leurs virés télévisées. Et puis il fallait mettre un éteignoir à cette affaire d’immeubles du docteur-président à Paris qui a fait les choux gras du blog de Benoit Illassa et qui risquait d’irriter davantage les spoliés soumis à un régime de recensement au-delà de ce qu’un humain peut supporter.
Au fait, ministres, députés et hauts fonctionnaires anciens comme nouveaux n’étaient pas venus recevoir le nouveau message. Tous ont eu à reprendre, mot pour mot, les mêmes argumentaires, sur différents chaines mais pas dans le style voulu par la Marina. Ce style-là, les petits l’ont. Rien à voir avec la posture avachie des insulteurs publics lors de leurs commentaires de la déclaration du candidat unique de l’Union fait la nation sur une télévision de la place. Encore moins, le lyrisme hésitant du nouveau porte-parole du gouvernement sur Rfi. Ou les énervements à contre courant du beauf, conseiller technique devant les caméras. Au palais des congrès, la mégalomanie, la solennité, l’insouciance, le culot ; la panoplie du prédateur qui s’assume, décomplexé.
A refaire partout en guise de contre-attaque à l’honneur menacé du docteur président…
arimi choubadé