12/08/2010
Tout chambouler ; les émergents n’ont pas dérogé à leur promesse. Sur le plan politique, cela a donné ce mélange composite d’adolescents, de faux prêcheurs et de proches parents appelé à remplacer la vieille classe politique. Avec le résultat de la crise politique sans fin. Les centrales syndicales de leur côté ont reçu leur dose de coups de boutoir. Mais là, à peine si le régime a réussi à débaucher un retraité et un autre renégat qui a mis sens dessus dessous le Cnhu K. Maga. La tâche a été plus que facile dans l’administration publique et à la tête de société d’Etat où tous les postes de décision sont revenus à des chanteurs de louange, organisateurs de marches de soutien, de meetings de remerciement et de séances de prière. Prime spéciale aux repris de justice, anciens bagnards, aux médiocres attardés et aux exilés vivant dans la marginalité dans leurs pays d’accueil respectifs. Tout cela à rescousse du Changement.
Mais, le docteur-président s’est rendu compte que son aventure n’aurait jamais prospéré en 2006 n’eut été le déploiement de faste, de lucre et de jetons de motivation. Quelques mécènes ont sorti l’artillerie lourde, arrosant le territoire national d’impressionnantes libéralités. Les gigantesques banderoles sur des bâches scintillantes éclairées par de puissants projecteurs, les interminables cortèges de véhicule de luxe auréolés de cauris, les nombreux dignitaires généreusement arrosés de numéraires suffisent à se convaincre que le banquier-président s’est acheté son mandat au prix coutant. Tout cela grâce à des hommes d’affaires séduits par la perspective de l’avènement d’une nouvelle éthique dans la gouvernance publique. Ils étaient loin de se douter que leur tour viendrait de céder la place aux hommes du Changement. Et que la lutte contre les « pilleurs de l’économie nationale » ne devrait épargner aucun opérateur économique qu’il ait financé ou non la marche du docteur vers la Marina.
Tout a commencé par la criminalisation systématique de la dette fiscale. C’est aux premières heures du mandat qu’une impitoyable vindicte médiatique a été déclenchée à l’endroit des entreprises prétendues débitrices vis-à-vis de l’Etat. De la dette de ce même Etat vis-à-vis de ces mêmes entreprises, la propagande émergente n’en a pas fait cas du tout. Et le régime de prendre d’assaut toutes les grosses fortunes du pays à travers tracasseries administratives, pressions fiscales, campagnes médiatiques voire violences physiques. On se demandait par qui le pouvoir voulait faire remplacer les Salé, Fagbohoun, Lawal, Adjovi, Adjavon, Sassif et consorts. La réponse n’est tombée qu’à quelques mois de la fin de mandat avec la révélation de l’hideux monstre mis en place dans la foulée de l’avènement du docteur-président et qui par des subterfuges d’escroc se chargeait de dépouiller chaque ménage de ces maigres deniers. Un réseau tentaculaire affublé d’un nom assez poétique : placement d’argent, fruit d’une inspiration puisée dans le jargon bancaire conformément au profil de ceux qui gère les principaux leviers du système du Changement.
Les émergents n’allaient jamais prendre le risque de se fâcher avec les mécènes traditionnels s’ils n’étaient pas sûrs de trouver mieux ailleurs. Les faux placeurs ont l’avantage de donner beaucoup et vite. Ceux-là n’ont pas de contrainte de comptabilité, de conjoncture, de mévente, de récession ou autres. Tous les jours que Dieu fait, il se trouve toujours des incrédules convaincus par la proximité entretenue entre les faux placeurs et les princes du Changement et séduits par la perspective de devenir riche sans rien faire pour aller déposer leurs modiques ressources dans les centres de collectes gardés par des militaires armés jusqu’aux dents. Pas besoin de se compromettre dans des marchés publics gré à gré, des surfacturations ou des ordres de paiement à haut risque.
Les voleurs de ménages sont là…
arimi choubadé