25 janvier 2010
Difficultés dans la formation du gouvernement : Trois obstacles bloquent Yayi Boni
La formation du quatrième gouvernement du Changement pourrait accuser encore quelques jours, voire des semaines de retard. Parce que de nouvelles difficultés sont apparues au sommet de l’Etat et obligent du coup un certain nombre de comportements de la part du président Yayi Boni avant la publication de la liste des nouveaux membres de son équipe gouvernementale de combat pour 2011.
Le président Yayi Boni n’a pas pu rendre publique la semaine écoulée la liste des membres de son quatrième gouvernement. Il pourrait également être contraint de s’y abstenir pour bien des jours encore. Parce que les nouveaux développements de la situation politique l’y obligent. La situation serait due à trois nouvelles raisons fondamentales qui empêchent le premier magistrat de se libérer de cette obligation stratégique pour enfin se pencher sur d’autres préoccupations de l’heure. Premièrement, il semble que plusieurs personnalités politiques nouvellement contactées, ne trouvent pas un intérêt à figurer sur cette liste gouvernementale. Plusieurs autres qui avaient pourtant donné leur accord de principe commencent, apprend-on, par revenir sur leur décision. Certains, sachant que le chef de l’Etat est très souvent sur tous les fronts pour du « populisme », ne veulent pas jouer au demi ministre. Et on apprend que c’est la pression des parents et amis proches de l’opposition qui ne permet pas à d’autres d’accepter la main tendue du président Yayi Boni. Cette situation jamais connue dans le pays serait la résultante du clivage actuel au sein de la mouvance présidentielle, les complications à l’Assemblée nationale avec les multiples retournements de vestes et le manque de confiance qui caractérisent désormais les rapports entre de chef de l’Etat et bien de ses partisans. A ce titre, les langues commencent par se délier et nombre de mouvanciers n’hésitent plus désormais à prendre des positions publiques contre le Changement. C’est le cas du député Edgar Allia lors des festivités des religions endogènes à Savalou le 10 janvier dernier. Idem pour ses collègues Justin Agbodjeté et Isidore Gnonlonfoun et dans une certaine mesure pour la parlementaire Justine Chodaton qui, ensemble, ont paraphé la demande d’une session extraordinaire pour le 04 février 2010 en vue de l’abrogation de la loi 2009-10 du 13 mai 2009 portant organisation du Recensement électoral national approfondi (Rena) et de la Liste électorale permanente informatisée (Lepi). En se comportant de cette façon, les trois derniers ont permis dans un premier temps à l’Alliance ‘’Union fait la Nation’’ de se faire rapidement la majorité adéquate pour atteindre leurs objectifs. Ils donnent ensuite la preuve qu’ils n’entendent pas suivre le président Yayi Boni dans son combat pour doter le pays et ce, avant 2011, d’un fichier électoral a priori fiable et incontestable avant les prochains scrutins. Et le recul d’Edgar Allia et sa décision de ne plus jouer au griot pour le président Yayi Boni sont la preuve du malaise qui gagne cette mouvance en panne. Dans la foulée, une des personnalités contactées dans le cadre des derniers réglages de ce remaniement et qui aurait pu sortir sans tambour ni trompette du Palais de la Marina comme les autres, s’est adressée à la presse et a fait des déclarations qui font l’objet de moult controverses dans le pays.
L’attente de la candidature unique des G et F
En marge des désistements et des autres refus de participer au quatrième gouvernement du Changement, les thuriféraires du régime conseillent au premier magistrat de prendre patience et d’attendre carrément la réunion des forces politiques de l’opposition informelle annoncée pour le samedi 30 janvier 2011. Selon certaines sources, plusieurs proches du chef de l’Etat lui auraient révélé que c’est ce fameux remaniement que l’opposition attend pour désigner son candidat unique. Ce serait d’ailleurs la vraie raison de la non tenue de cette importante séance le week-end écoulé comme initialement prévue. Parce que les ténors du mouvement politique hostile au président Yayi Boni qui n’ont plus confiance à certains membres de leur groupe, sont très prudents se donnent alors du temps pour chosir ce candidat. Pour ne pas tomber en tant que grands politiciens dans des pièges inutiles. Une bonne stratégie pour contenir les ardeurs et contourner les complots de ceux d’entre eux qui veulent entrer au gouvernement pour conduire Yayi Boni à 2011. Ce sont certaines taupes tapies dans les rangs de l’Alliance ‘’Union fait la Nation’’ qui auraient donné l’information aux proches du chef de l’Etat pour lui éviter de se tromper sur l’urgence et la nécessité d’un remaniement ministériel. Et de son côté, le président Yayi Boni, très convaincu des risques de formation d’une équipe gouvernementale avant de connaître le candidat unique des G et F veut les attendre avant de sortir son joker. De l’autre côté, on apprend aussi que les autres qui sont politiquement mieux outillés que lui, veulent simplement lui faire perdre du temps. Il semble même que ce sont eux-mêmes qui auraient distillé cette information dans la ville. Pour occuper autant que possible le chef de l’Etat pendant qu’ils poursuivent leurs concertations en secret et s’organisent contre lui. Ce faisant, le président Yayi Boni qui aurait pu vite constituer sa nouvelle équipe gouvernementale et prendre le reste du temps pour gérer les dégâts collatéraux y afférents, va faire perdurer inutilement le suspense. Ce qui va, renforcer a psychose dans son entourage, avec la multiplication du nombre de mécontents Finalement il aura le dos au mur. D’ailleurs, il est déjà, trop en retard dans la formation de ce gouvernement de combat selon les analystes politiques. Et plus les jours avancent, ses marges de manœuvres deviennent plus faibles et l’étau se resserre autour de lui. Aujourd’hui, le président Yayi Boni est à moins de 15 mois des enjeux de 2011. Avec une majorité trop large, composée d’assez de politiciens équilibristes dont bon nombre pensent qu’il leur doit encore des postes ministériels. Dans le même temps, tous les ministres actuels considèrent qu’ils ont encore un rôle à jouer à ses côtés. Les autres et le grand nombre attendent d’être bien positionnés sur sa liste pour la députation. Une équation bien difficile à gérer et qui devrait amener le premier magistrat à vite se jeter à l’eau dans le but de corriger ensuite les ratés pour faire revenir l’ordre dans son camp.
Le temps de reprendre langue avec les mécontents
Le chef de l’Etat serait aussi dans la logique de trouver un terrain d’entente avec ses partisans mécontents. C’est, selon les mêmes sources, ce projet qui retarde également la formation du quatrième gouvernement. Car le jeu en vaut la chandelle. Parce que leur nombre commence par inquiéter. Surtout à l’Assemblée nationale où la crise prend des tournures plutôt alarmantes. Et si la situation ne change pas avant la publication de ce gouvernement de combat, le chef de l’Etat n’aura plus de loi qui lui sera favorable et ses dossiers sur la révision de la constitution et celui de la Lepi pourraient être bloqués à jamais. Déjà, on s’achemine vers le vote d’une loi pour mettre fin au processus devant conduire à la réalisation de la Lepi. Si le chef de l’Etat réussit sa négociation avec les mécontents, il sera difficile à l’opposition d’atteindre ses objectifs. Dans le cas contraire, il doit s’attendre à des problèmes jusqu’en 2011. C’est pour cela qu’il cherche désormais à faire la paix avec les mécontents, trouver une solution à une partie de leurs préoccupations et aussi et surtout tenir compte d’eux dans la répartition des postes à pourvoir dans le prochain gouvernement. Pour y parvenir, le président Yayi Boni devra passer outre les recommandations de ses partenaires des institutions de Bretton Woods qui exigent la réduction des portefeuilles ministériels à 22. Avec tout ce que cela comporte comme conséquences. Mais, on dit qu’il a mieux à gagner enà fermant les yeux sur les injonctions de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Fmi) pour faire la part belle à ses partisans mécontents.
Jean-Christophe Houngbo (Br.Ouémé-Plateau)