26/02/2010
Entêtement suicidaire de nos dirigeants
La psychologie du pouvoir révèle, de manière plutôt fréquente, des conditions de cécité et de surdité pathologiques qui conduisent à un entêtement suicidaire pour ceux qui sont détenteurs de pouvoir.
Pour commencer, pensez seulement à feu Saddam Hussein, persuadé à en mourir que les Etats-Unis ne bombarderaient jamais son Irak ! Quel que soit l’abus des Américains, vous direz que la manière dont il a fini devrait servir de leçon pour d’autres qui ont le pouvoir politique aujourd’hui. Ce serait sans compter avec le fait que, lorsque les entêtements auxquels conduit la drogue du pouvoir deviennent suicidaires pour celui qui détient le pouvoir, le caractère pathologique touche à son sommet, et les autres détenteurs de pouvoir ne prennent pas note. L’expérience malheureuse des uns ne sert pas suffisamment de leçon aux autres !
Et maintenant, pour aller plus loin dans le raisonnement et venir plus proche dans la localisation des exemples, pensez à Mamadou Tandja. Son entêtement à réviser la Constitution de son pays, à se maintenir au pouvoir, à tenir la dragée haute à ses compères de la Cedeao, à faire fi des tensions politiques et sociales internes et à se croire capable de calmer les casernes de son armée, indiquent s’il en était encore besoin à quel point le pouvoir peut enivrer. Son entêtement a provoqué avec insistance, dirait-ton, à la violence. Et le coup d’Etat qui se développe actuellement à Niamey pendant que nous allons sous presse, ne surprend vraiment personne. Pour l’observateur de la situation politique et sociale en cours au Niger depuis près de deux ans, c’est plutôt étonnant qu’un putsch ne soit pas intervenu plus tôt. La témérité irresponsable de Tandja l’a conduit à prendre trop de risques pour lui-même et surtout pour le peuple nigérien qui ne méritait pas que son processus de démocratisation connaisse un nouveau bégaiement.
Et nous voilà dans une sous-région encore plus fragilisée. Nous n’avons pas à nous inquiéter de la Côte d’Ivoire, du Togo et du Nigéria seulement, mais aussi du Niger. Dans chacun de ces cas, les détenteurs du pouvoir portent une lourde responsabilité.
Abbé André S. Quenum
Source: La Croix du Bénin