29/09/2010
Les tabous qui tombent un à un ; toute la dialectique du « feu » et du « sang » qui monte en puissance dans le discours émergent à mesure que s’approche la fin de mandat. Depuis le décor planté par l’éternel conseiller à la Présidence de la République sur l’imminence de la guerre civile, en échos à une promesse de son chef de ne pas faire organiser les élections en 2011 s’il n’y avait pas la Lépi. Curieuse résolution de la part du chef de l’Etat par rapport à un chantier législatif, la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) alors qu’il se savait en minorité au parlement. A voir la grandiloquence guerrière de sa troupe un an plus tard, on a du mal à croire que le délitement sécuritaire n’est pas du prémédité. Car depuis la solennelle prémonition d’une guerre civile, de l’eau a coulé sous le pont. Résonnent encore dans les esprits de beaucoup de Béninois, les banderilles ethnico-régionalistes du ministre des Transports révolté contre la « trahison » de certains de ses frères qui ont osé ouvrir les portes des Collines à la mouvance Abt. Sur la même rengaine du chantage d’Etat à travers la menace de priver certaines populations d’investissements publics au cas où leurs suffrages n’iraient pas aux listes Fcbe lors des législatives 2007 et municipales 2008.
Puis la machine émergente s’est embardée avec l’accumulation des revers et des défections tous azimuts dans les rangs de l’Etat-Fcbe. En quelques semaines, l’opinion a pris connaissance coup sur coup de la promesse de « cogner les députés » et de mettre le « pays à feu et à sang ». De toutes les manipulations du régime autour de la disparition de Urbain Dangnivo : le conditionnement de l’opinion par l’annonce de la tradition familiale de disparition chez les Dangnivo de la part d’un autre conseiller du chef de l’Etat, Alexandre Hountondji ; les accusations de Rachidi Gbadamassi sur la responsabilité de la paire Ahouanvoébla-Houngbédji dans la mise à mort du disparu ; l’exhumation abracadabrantesque des présumés restes de ce même disparu ; les soupçons de meurtre sur commande du ministre de la Justice. De cette tentative d’établir une relation entre un présumé caïd de faux placements en fuite et le candidat unique de l’Union fait la nation qui échappe au passage à un guet-a-apens militaire à Zogbodomey, à une arrestation manquée et à la dissimulation dans son domicile du cadavre du célèbre disparu. De la suspecte mission du ministre de la justice (encore lui) aux domiciles de ses deux anciens collègues du gouvernement, Soulémana Lawani et Armand Zinzindohoué auteurs de retentissants brûlots sur des casseroles du pouvoir, les plus abjectes, la Cen-Sad et Icc-Services.
C’est finalement Benoit Dègla qui va lâcher les gros mots en plein hémicycle le 28 septembre 2010 au même moment où se déroulait l’exhumation-spectacle de Womè à quelques km de Cotonou. Un vocabulaire tout droit sorti d’une écurie dressée pour la déflagration générale à venir. Il s’agit très sérieusement d’intelligence avec des rebelles à l’étranger, de formation de mercenaires, d’achats d’armes de guerre, d’escroquerie financière, et cerise sur le gâteau un complot d’assassinat du chef de l’Etat. Toute la panoplie de la haute trahison sortie des tripes d’un député du camp présidentiel sans que Yayi ne retrouve sa passion pour les mesures exceptionnelles. Les coupables connus et identifiés ne seraient rien d’autre que l’opposition en complicité avec qui ? La presse et les syndicalistes tout simplement. Tous les virages autoritaires ont empruntés ces genres de délations déclencheuses des pires exactions. En tout cas, le régime Yayi tient là l’alibi en béton pour armer le fusible de l’apocalypse promise. Benoit Dègla peut enfin être fier d’avoir accompli sa part du contrat en donnant au docteur-président le prétexte de tenir sa promesse de « feu et de sang », lui qui n’aurait jamais imaginé siéger un jour au palais des Gouverneurs de Porto-Novo sans la volonté de Yayi.
Les soldats du mauvais dessein…
arimi choubadé