Le Bénin sans pudeur a reconnu le Conseil National de Transition, organe politique de la rébellion en Lybie. Contrairement à la tradition béninoise de circonspection, la diplomatie béninoise, sans grande cohérence a refusé de s’abstenir et prend fait et cause pour la rébellion. Pendant que l’Union Africain, un colosse au pied d’argile, pose des conditions de reconnaissance d’un organe politique rebelle peu respectueux des droits de l’Homme. En effet, quoi qu’on dise, Khadafi est un être humain. Lorsque des responsables de la rébellion mettent sa tête à prix, on tombe des nues et on s’interroge sur l’essence du nouveau pouvoir qu’on vise à installer à Tipoli. Le Bénin qui se gargarise de terre des droits de l’Homme soutient un tel organe politique. Qu’aurait pu faire le Bénin, est-on tenté de se demander ? Le Bénin n’a pas à s’agiter ou à s’aligner sur une position parce que l’Elysée le souhaite. Le gouvernement malien, le meilleur actuellement en place en Afrique de l’Ouest, a joué la carte de la hauteur sans évoquer le nom du CNT. Et pour cause, le peuple malien est un grand peuple, reconnaissant des efforts d’hier d’un guide que le pouvoir certes, a usé. C’est une tradition purement africaine sinon malienne de se souvenir de l’aide apportée par le voisin. Parce que le voisin a été utile dans le passé, on s’en souvient et on en tient compte dans les prises de positions contre lui.
La diplomatie qui se respecte, c’est celle qui a un point de vue. C’est celle qui sait se rendre utile dans le dialogue futur de reconstruction de l’espace auquel elle appartient. Le Mali, tout en restant un pays francophone tient à se démarquer des injonctions de l’Elysée. A juste titre quand Nicolas Sarkozy avec ses connaissances limitées sur l’Afrique avait osé dire des » conneries « , il n’y a que les Maliens, en l’occurrence l’épouse de Alpha Konaré pour lui relever les brettelles à travers un précis à son usage. Ce fut un retentissant dans l’hexagone. Quel historien béninois peut-il avoir ce courage de répliquer au colon ? On le sent très bien. Il y a à regretter l’ancienne génération de dahoméens. Un ancien a eu à écrire, » Afrique révoltée « . C’est fini l’époque du quartier latin.
C’est le temps du quartier crétin avec une diplomatie complexée menée par des illettrés politiques qui se sont emparé des organes d’honneur et de décision. Le sage d’Athènes nous enseigne : » Dans le doute, il faut s’abstenir « .
Hier, le guide libyen a été utile pour le peuple béninois. Les villas Cen-Sad, même si elles évoquent un cauchemar pour le contribuable béninois, elles sont le fruit de la coopération entre deux peuples qui croyaient en l’avenir de l’Afrique. Pour cela, la diplomatie béninoise aurait pu être modeste dans les mots, laconique dans le fond, et inquiète dans le ton. La conférence nationale des forces vives de la nation n’a pas été convoquée sous le crépitement d’armes. Et pourtant, les forces vives de la nation avaient bien des raisons de prendre les armes contre un régime qualifié de » militaro-marxiste « .
Si Kadhafi savait …si khadafi savait, il aurait pu investir dans le ciel que sur la terre africaine. Evidemment sauf au Mali. Les raisons qui militent en faveur du départ de Khadafi sont évidentes. Mais, le néo-colonialisme par les frappes aériennes est la preuve que l’Afrique est un continent condamné. Ce qui en est cause, c’est la qualité des hommes qui dirigent l’Afrique. A part l’Afrique du Sud et le Mali, il n’y a aucune fierté à se réclamer africain.
Hier, Kadhafi….
Herbert Houngibo
La Presse du Jour