Note de lecture
On devrait rebaptiser I.C.C. en I.T.T. (International Teef Teef) comme l'avait chanté le redoutable et talentueux musicien nigérian FELA ANIKULAPO KUTI !!!
I.B.
18 Juin 2010
BENIN: Il n’y a pas qu’Icc
Par l'Abbé André S. Quenum
En son temps, le nom de la société Information and computer consulting services était sur les lèvres et dans la tête de beaucoup de citoyens béninois la source miraculeuse d’une manne pécuniaire irrésistible. Il était impossible de faire entendre raison aux uns et aux autres et de les convaincre que des placements à des taux aussi élevés que 100% ou 200%, étaient nécessairement de l’arnaque. C’était impossible parce qu’il se trouvait des citoyens qui pouvaient brandir les gains faciles qu’ils avaient effectivement accumulés en un temps record. Quel argument peut résonner plus fort que l’argent sonnant et enchantant ?
C’était impossible parce que les responsables d’Icc Services exerçaient leurs activités publiquement et communiquaient énormément. C’était impossible parce qu’ils se sont fait recevoir en audience plusieurs fois par les plus hautes autorités politiques du pays, y compris le chef de l’Etat lui-même, qui plus est un banquier. C’était impossible parce que, à part quelques communiqués timides, personne, aucune force de l’ordre, n’inquiétait sérieusement les responsables. En son temps, nous avons eu l’occasion d’avertir que Madoff était au Bénin, et de crier au danger. Mais rien n’y fît.
Aujourd’hui que Icc services ne peut plus rembourser les épargnants, tout le monde crie et maudit le nom de la société et ses responsables. C’est seulement maintenant qu’il y a des mouvements de foules que le ministre de l’intérieur trouve qu’il y a menace à l’ordre public. C’est seulement maintenant que le ministre demande à la société d’expliquer comment elle entend dédommager ses clients. Et pour montrer à quel point l’Etat a enfin décidé de prendre ses responsabilités – excusez l’ironie – le ministre explique sur une chaîne de télévision qu’Icc services n’avait reçu aucun agrément l’autorisant à exercer des activités de placement d’argent. «C’est une affaire d’assistance entre fidèles d’une Eglise qui a pris une grande ampleur», dit-il. Non, c’est un peu trop facile.
Avertissons encore: il n’y a pas qu’Icc services! Réagissant après coup, l’Etat ne prend encore aucune mesure rigoureuse et efficace pour protéger les citoyens face à d’autres dizaines de sociétés qui mènent encore des activités similaires. Et, rappelons que l’enrichissement rapide et sans risque n’existe pas.
Abbé André S. Quenum
Source: La Croix du Bénin