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1er-06-2011

 

En toute sincérité

  

BENIN: L’UN en sauveur de la démocratie

 

 

Dans les déclarations de groupe à l’Assemblée nationale, il y en a une qui a marqué les esprits et éteint notre désespoir : celle de l’Union fait la nation. L’alliance politique anti Yayi a formé son groupe parlementaire dénommé "Union fait la nation". Ce nom de baptême sans vraiment tournebouler le monde cauri majoritaire et sa casquette de refondation en vogue, indique que le combat entre David et Goliath aura bel et bien lieu.

 

Après l’humiliante défaite de l’UN à la présidentielle, il était absurde de proscrire la cassure. La RB s’est vite jetée et à cœur joie dans les bras de Yayi pour des noces dont les premiers fruits tombent dans les mains de Boniface Yêhouétomé et Blaise Ahanhanzo Glèlè. Le premier apprécie sous la tente Nago, la saveur du pacte avec Yayi et le second emporté par la nouvelle sensation au gouvernement découvre l’intérêt du déménagement Rb de la traditionnelle bicoque politique réservée à l’opposition. Personne à la Rb ne se soucie du flot d’anathèmes brandis dans l’ancienne maison menacée par la disette. Dans l’air du temps, l’opportunisme côtoie le réalisme et se moque du qu’en-dira-t-on. La Rb a décidé de jouer en solo et d’aller picoter dans le champ de Yayi.

 

Seulement, l’UN n’est pas émue par le show Rb et les symphonies glorieuses du début d’un dernier mandat. Amoussou et les siens développent les vertus de solidarité, d’unité et surtout de résistance. L’UN assume son statut de tête d’affiche de l’opposition malgré la rivière en crue du yayisme et le paradis miroité. La biche a préféré bramer dans le bassin asséché. En créant un seul groupe parlementaire, les 21 députés de ce qui reste de l’UN ont fait l’option d’un bloc. Le respect de la philosophie de l’Union perce dans l’initiative. La position doctrinale s’oppose aux cabrioles des partisans d’ouverture.

 

Dans ce drame politique qui se joue à l’UN avec la jarre trouée en péril, chaque camp se bat pour sa survie. J’y vois Georges Pompidou contre Georges Conchon sur la vie dans l’opposition. L’ancien Président français compare l’éternel opposant à "un poète qui se condamne à lire et à juger les vers des autres ". L’écrivain et scénariste français trouve plutôt dans la galère de l’opposition la passion politique. Mais à l’UN, être ou ne pas être avec Yayi était devenu une question qui s’est épuisée elle-même par les faits. Le Psd, le Madep et Force-Clé sont sortis très fragilisés du scrutin du 30 Avril. Combiné à la désillusion du 13 mars et au K.O, ce naufrage a changé la donne et les envies. La RB a acquis une sorte d’autonomie avec ses neuf députés suffisant pour bâtir son propre groupe parlementaire et se réconcilier avec Yayi II. Elle ne s’est pas embarrassée de la brutalité de l’acte politique. Sa vocation post K.O sert de support à un appétit anti oppositionnel. La politique compulsive a favorisé la résolution de l’équation et le pansement du déchirement.

 

L’UN, après la leçon de réalisme de la RB, a heureusement pris une décision pudique : continuer le combat même dans la douleur. L’habillage moral se fera avec la détermination voire le jusqu’au-boutisme. Le risque de verser dans un mouvement d’humeur est ainsi réel. L’outrance habituelle de la course vers la mouvance ne perdra, elle aussi, pas son degré de folie. La prophétie de la mort de l’opposition enfle nos inquiétudes pour la santé de la démocratie. L’UN reste notre seul espoir.


Sulpice O. GBAGUIDI

Fraternité



 
 
Tag(s) : #EDITORIAL
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