Par arimi choubadé
Rédigé le 28 janvier 2010
6 mois sur un remaniement ; énième record pour le docteur-président. Réunions, consultations, simulations, schémas, vraies fausses pistes s’enchaînent. Branle bas général dès le début 2010. Du délice pour commentateurs de presse et autres agitateurs des médias. La fièvre de la Can n’a pu détourner les ouïs de cet accouchement annoncé, différé et reporté à maintes reprises. Personne ne s’offusquerait de constater que le chef des émergés s’occupe enfin d’autres choses que des dispendieuses ballades d’hélicoptère. Libre donc à lui de tenir en laisse tous ses ministres, à longueur de journée, tantôt à son domicile, l’instant d’après au palais de la Marina. Plongeant tout l’appareil d’Etat dans une latente apathie. La méthode Yayi dans toute sa splendeur. Pendant qu’on annonce un taux de croissance en chute, des travailleurs en grève, le secteur productif en rade, un budget rejeté par les représentants du peuple, le chef du gouvernement provoque de lui-même le ralentissement de l’administration. Imaginez l’ambiance dans le cabinet d’un ministre sur le grill 24h/24 avec la hantise d’être éjecté à chaque minute de la journée. Une vue de l’esprit que de penser que le simple fait d’exécuter consciencieusement son plan de travail peut sauver le maroquin.
Revenons à la psychose entretenue autour de cette affaire de remaniement ministériel. Dans un pays où l’appareil productif est fortement tributaire de l’administration publique, l’hibernation prolongée des ministres ne peut qu’impacter dangereusement les agrégats économiques. Dossiers en souffrance, attentes d’autorisation et d’arbitrage administratif, actes à signer, séances de validation ajournées sine die. Sans oublier les crises de nerf intempestives. Vue de la Marina , la prolongation de l’effet Damoclès permet d’aiguiser davantage l’asservissement des courtisans. Les initiatives de dévotion envers le chef se multiplient au moment où celles visant à améliorer le rendement professionnel s’inhibent totalement. Conformément à la traditionnelle opposition entre les intérêts de la nation et ceux du prince, caractéristique du régime du Changement. Le bilan d’un ministre ne s’évalue pas au nombre de réalisations à l’actif de son département mais au nombre de meetings ou de marche de soutien au chef de l’Etat.
A se demander comment la dream team annoncée en avril 2006 s’arrange pour aligner les contre-performances économiques au fil des années. Une reculade continue à partir de 2007. Le banquier-président s’est vite trouvé des adversaires imprévisibles à chaque fois : crise alimentaire (2007), crash boursier (2008, 2009). 2010 commence par un budget sous ordonnance et une tétanisation gouvernementale sous le couvert de remaniement ministériel. Et ce n’est pas pour offenser la compétence de l’autre prétendu surdoué des finances, Irénée Koukpaki qui s’est révélé à la grande majorité de ses compatriotes à travers une équipe réputée pour être l’un des plus rétrogrades de l’ère du renouveau démocratique. Sa présence aux côtés du docteur-président n’a pas empêché que le tissu social soit en lambeau et que le système de production notamment le coton soit en ruine. En réalité, ceux qui contestent à Koukpaki sa compétence, ce ne sont pas les Béninois victimes du système mais bien ses coéquipiers du gouvernement qui crachaient leur venin sur la manière dont il avait conduit la procédure de privatisation de l’outil industriel de la Société nationale de promotion agricole (Sonapra). Au point où une première adjudication a été annulée. Logiquement donc au lieu d’un simple remaniement, c’est tout le panier à crabe qui a besoin d’être rasé. Il se trouvera très peu de Béninois pour pleurer leur départ.
Aucune malédiction ne justifie que le Bénin souffre d’un remaniement de cette équipe-là…
arimi choubadé
Rédigé le 28 janvier 2010