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16/05/2013

 

BENIN - La gouvernance du bruit au royaume du roi Yayi II: Passage de la démocratie à la royauté sur les vagues populistes

 

 

 

Le roi a marqué un gros coup en privant de liberté un des griots de sa cour qui a confondu sa poche et celle du royaume. L’opération s’est déroulée avec le coup de sang sur le trône et la capture médiatisée du coupable. La nation, témoin de l’un des exploits de fin de règne, va régénérer sa confiance à la couronne en guerre contre la corruption. La marche verte du chantre du changement n’a jusqu’ici pas porté ses fruits. Et on a continué à cueillir de la pourriture dans le jardin de la refondation sous le terreau de l’impunité. La mainmise sur le corrompu de la Sonacop ne fera pas descendre la cote de sa Majesté.

 

Le tintamarre qui monte des allées souillées de la pseudo-refondation rappelle à tous que le roi est hyperactif. L’arrestation d’Expédit Houessou a donné lieu à une grosse agitation et de la poussière soulevée par les moralisateurs en transe. Il eut un habituel bruit dans un traditionnel décor mais surtout du bruit. La stratégie est connue : rapport de l’Ige, procès expéditif au Palais et arrestation. Le Dg de la Sonacop n’a pas échappé à cette mécanique. La suite est souvent amusante. Combien de gros bonnets sont dans nos geôles ? La réponse invite au scepticisme.

 

La colère est encore au rendez-vous. Et ce n’est pas une nouveauté. Chaque prise dans la mare des corrompus provoque la montée d’adrénaline sur le trône. Yayi ne savait pas « que ce monsieur avait déjà percé des trous ». Il s’ensuit une grosse déception, source de la colère. « C’est catastrophique ! Nos entreprises sont mal gérées », lâche le Chef de l’Etat devant les jeunes à qui avait été promis le ballon. De la colère, sort l’annonce phare des audits dans les sociétés d’Etat. La menace n’a pas changé : « les DG qui seront pris, subiront la rigueur de la loi ; il n’y a rien à faire ». Voilà résumée la détermination du roi. On n’a donc pas vraiment bougé malgré le bruit autour du nouveau fossoyeur exhibé. Le pouvoir fait sa pub.

 

Du bruit donc pour célébrer le limogeage et l’arrestation du Dg jugé indélicat. Et trop de bruit dans la refondation. Les marches de soutien au roi font grouiller la rue pour beaucoup de bruit. Les messes d’action de grâce, les prières improvisées génèrent du bruit. Les réformes inachevées produisent du bruit. Le non respect de la parole donnée est assumé dans le bruit. Evidemment, les promesses se font dans du bruit. Le K.O aussi avait été fabriqué dans le bruit, « un bruit d’enfer » dira André Gide. Le royaume est en effervescence.

 

Le roi Yayi II ne tarit pas de bonnes intentions. Le pragmatisme brouillon et l’entourage vorace auront cependant achevé de réduire l’essentiel en chose inachevée. Le galimatias relayé par les partisans fanatisés a perverti le projet de refondation désormais voué à l’échec. « Les vrais miracles font peu de bruit » prévient Antoine de Saint-Exupéry. Le passage de la démocratie à la royauté sur les vagues populistes s’est réalisé dans le tumulte. Rien d’étonnant que le bruit soit le socle de la gouvernance.

 

La lutte contre la corruption a cédé au spectacle du bruit. Le destin choisi est celui du fiasco. L’affaire Expédit Houessou, nouvel épisode sulfureux de la bouffe organisée, expédie ses séquences bruyantes sans qu’au bout ne se profile un épilogue punitif et vertueux. Le tapage médiatique avec le sponsor de la refondation semble garantir le succès de l’opération. Le pouvoir joue ses atouts en continuant telle l’autruche à enfoncer la tête dans le sable. Sur la méthode, se développent les incongruités qui conduisent à discréditer les initiatives. L’introduction du populisme dans la croisade anti corruption a ôté au mouvement positif sa saveur.

 

C’est un principe consacré, le roi affectionne du bruit. Le Dg de la Sonacop, voyou déclaré puis débarqué dans la grotte des délinquants, l’a appris à ses dépens. Livré dans le bruit par Alidou Koussé et son Ige, il doit se défendre contre l’évidence et contre la colère du roi. Dans cette affaire de corruption à grande échelle, le peuple supposé artisan du K.O soutiendra par principe son roi.

 

Finalement, l’affaire Expédit Houessou est pour le roi un défi personnel. Les deux ans du K.O et de la refondation étant un échec, il fallait, et ce n’est pas moins salutaire, se relancer notamment dans la bataille érigée en priorité, la corruption. Et le roi cherche rédemption dans le bruit. Mais il sait que seule l’efficacité sauvera le mandat du K.O.

 

 

Sulpice Oscar Gbaguidi

http://www.notrebenin.com/

 
 
 
Tag(s) : #EDITORIAL
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