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La mémoire et non la réhabilitation…

Kérékou, héros de la conférence nationale ? Les anciens profiteurs ne se lassent plus de poursuivre leurs efforts d’absolution des dégâts du révolutionnaire marxiste-léniniste. Un anniversaire de la conférence nationale, pire un 26 octobre ou un 16 janvier suffisent à mettre en branle la machine à réécrire l’histoire avec le plus beau rôle au Caméléon à chaque fois. Le visionnaire patriote, celui grâce à qui les Béninois jouissent du multipartisme, de la liberté de presse, des élections libres, de l’alternance au pouvoir, l’inventeur de la démocratie en somme. Le saint homme. Il n’y avait finalement que lui aux assises de Plm Alédjo en février 1990 : le général Mathieu Kérékou. Tous les autres ne sont que de pâles figurants insignifiants.

 

A peine si la pondération et le doigté de Mgr Isidore de Souza bénéficient encore de la même reconnaissance que 20 ans plus tôt. Personne pour rendre hommage à la témérité du philosophe « fou » Paulin Hountondji auteur du préalable ayant consacré la souveraineté de la conférence nationale et l’immédiateté de l’application de ces décisions. Du despote sur le déclin, désargenté et lâché par ses marabouts, on n’en parle pas.

 

Mon confrère de Capp Fm, Eustache Atinkpahoun alias Da Houawé a fort justement été bien inspiré de s’égosiller sur le sort des nombreux autres compatriotes qui ont payés au prix de leur vie parfois la marche de la nation vers plus de liberté. Le héros des déportés de Ségbana, du petit Palais, et du camp Séro Kpéra de Parakou n’est certainement pas Kérékou. Ces damnés de la République qui ont perdu leur vie, leur job, leurs foyers n’avaient même pas eu droit au chapitre. Contrairement à leur bourreau en chef qui a d’ailleurs lui-même fixé les limites à ne pas franchir aux délégués : « Vous pouvez tout demander, mais ne me dites pas démissionne ». Ligne rouge scrupuleusement respectée. Le général a gardé son fauteuil de président de la République, son Bgp (Bataillon de la garde présidentielle), sa résidence des filaos et le droit de se présenter à l’élection présidentielle. Rémi Akpokpo Glèlè ou Luc Togbadja eux n’avaient pas eu la possibilité de choisir face à leurs tortionnaires.

 

L’exercice de devoir de mémoire qui vire progressivement à un bal des vainqueurs au détriment des victimes et de leurs familles est loin de traduire l’idée de la nation réconciliée. Les Kérékouïstes en veulent plus que la revanche de leur prophète l’ayant reconduit au palais de la Marina, 5 ans seulement après avoir rendu le pays à son successeur dans un état pitoyable. La posture d’homme de paix, d’amoureux de son pays et de sage se justifierait si dès le lendemain du 26 octobre 1972, les militaires révolutionnaires avaient déjà pensé à réunir les forces vives pour décider de comment conduire les destinées communes. Leur magnanimité ne s’est révélée que lorsqu’ils sont parvenus à ruiner le trésor national avec plus de 600 milliards de dettes publiques, 8 mois d’arriérés de salaire aux fonctionnaires et toutes les banques du pays en rupture d’activité. La convocation d’une conférence nationale était bel et bien une reddition des militaires révolutionnaires à bout de souffle.

 

Aux partisans de la réhabilitation d’expliquer ce que Kérékou pouvait faire d’autre que le rappel des bannis exilés face aux arriérés de salaires, à l’administration à l’arrêt, aux écoles fermées. Les révolutionnaires continueraient à faire diriger l’Etat par le parti unique du Prbp, un siècle encore, s’ils détenaient une planche à billet secrète ou des gisements de minerais. Le oui aux décisions de la conférence constitue une véritable délivrance pour le régime d’alors. Kérékou savait que dès le lendemain, toute la pagaille dont il est pourtant l’auteur cesse d’être une préoccupation pour lui. C’était devenu l’affaire du premier ministre et du gouvernement de transition. Tortionnaires et pilleurs du trésor public retrouvaient enfin le sommeil.

 

Détruire un pays serait-il aussi un mérite au quartier latin ? Surtout pour un récidiviste…

 

Arimi Choubadé

Rédigé le 03 mas 2010



Tag(s) : #Politique Béninoise
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