13/12/2010
En toute sincérité
L’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) lâche Boni Yayi et jette son dévolu sur l’Union fait la Nation (UN). La clarification du parti de l’ancien président Emile Derlin Zinsou met en crue les désillusions du camp yayiste dans les caniveaux du changement. Le régime cauri est accablé par de très mauvaises nouvelles en cette fin de mandat. Zinsou tourne maintenant dos à Yayi avec son Undp qui prononce la sentence de l’isolement de Yayi.
L’équation se complique pour le Chef de l’Etat, messie auto-proclamé du changement. Seuls de grossières géomancies ou des sondages de l’illusion peuvent encore fabriquer l’espoir dans les chapelles cauris où rêvent drôlement et inlassablement les fidèles yayistes. La décision de l’Undp de rejoindre l’UN condamne Yayi à un miracle dans la partie méridionale du pays pour sortir de la fosse. L’addition assurée par l’Undp dans l’arithmétique valide la vocation de l’UN décidée à ratisser large dans son fief congénital. Il ne reste que Valentin Aditi Houdé pour que la messe soit dite et que les funérailles cauris soient achevées dans une partie du pays. On ira alors au cimetière électoral pour se recueillir sur la tombe du soldat de l’illusion.
Le pouvoir du changement est resté sourd aux appels et suggestions des observateurs y compris les interpellations de nous autres journalistes et s’est confié aux sirènes de la Cour Constitutionnelle qui le gavent des bonnes nouvelles dont il a soif pour se mettre en confiance et s’abreuver d’illusion. Cette situation de mélodie du faux éloigne de la rédemption car la nécessaire confession suppose la prise de conscience de la faute. L’échec électoral va prendre l’ascenseur de la politique devant les vains espoirs du yayisme.
Yayi est certainement au courant de l’histoire du maïs de Gbagbo. La suite appartient aux désillusions. Le destin de Gbagbo doit être une source d’inspiration et provoquer la descente sur terre de Yayi. Occupé à regarder le ciel, le philosophe grec Thalès de Milet s’est retrouvé dans un puits. Une jeune thrace s’est moquée du rêveur. Le choix de l’Undp invite le roi à quitter le monde de l’illusion. Platon soumettra à la lecture l’expérience des esclaves enchaînés dans la grotte dans " le Mythe de la caverne ". En fin de mandat, Yayi est face à la réalité têtue et impitoyable. Tout le monde, excepté naturellement le cortège des hypocrites , la coterie de ses amis et du club des obligés animé par ses ministres, lui tourne dos. La réalité s’impose pour un isolement accru. De plus en plus seul, Yayi n’a plus le choix. Il doit épouser la réalité et se mettre en règle avec les normes. Encensé par un entourage qui prêche le faux sans limite, Yayi se laisse malheureusement aspirer alors que les réalités du terrain composent le requiem de son changement. Reste à la mouvance jetée dans le puits de l’isolement à " perdre l’illusion suprême qui est de se croire sans illusion ". Claude Roy poète et journaliste écrivain avait imaginé cette solution aux désespérés ruinés par leur propre gouvernance.
En décidant de porter le maillot neuf de l’UN pour le match de 2011, l’Undp du président Emile Derlin Zinsou défie Yayi et montre que la politique est plus noble que les artifices. Le Chef de l’Etat a cru que les petits soins apportés à Zinsou et les bouquets de fleurs allaient avoir d’impact. La vision de l’Undp écrase ses considérations trop facturées par la ruse. On peut s’agenouiller pour Zinsou et cirer ses chaussures, l’Undp a plutôt des valeurs à défendre et des ambitions à sauver. La raclée infligée à la mouvance sonne comme un mauvais signal pour Yayi. Désormais, les simples manifestations d’altruisme sont inaptes à garantir le soutien pour 2011. Même le populisme n’est plus une machine à produire des suffrages et à protéger le vote positif pour Yayi. Il eut le double déjeuner avec les dockers et les conducteurs de taxi motos Zemi-djan. Le chef de l’Etat avait mangé de galettes et s’est fait cordon bleu en donnant un coup dans la marmite aux gâteaux au marché Dantokpa. Il rendit naguère visite aux triplés et quadruplés dans nos maternités. Le déplacement sur moto zém, le match de football et le penalty théâtral, sont menacés d’être stériles en 2011.
L’Undp a choisi son camp. L’UN et son candidat unique y gagnent en sérénité, en attendant la campagne électorale et le vote. Pour Yayi en revanche, les problèmes s’accumulent. Vraiment !
13-12-2010, Sulpice O. GBAGUIDI
Fraternité