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25/06/2012
 
BENIN: Le rapprochement entre Adrien Houngbédji et Boni Yayi sonne le glas de la démocratie béninoise
 
 
Une alliance dangereuse pour la démocratie: seul un coup de force militaire peut venger le peuple béninois de cette haute trahison
 
 

 

Politique fiction ou pas, si l'entrée au Gouvernement du Parti du renouveau démocratique (Prd) devrait être réalité, les vrais et seuls perdants ne se retrouveraient pas dans la classe politique : c'est la grande masse des Béninois qui en pâtirait, du ramollissement du processus démocratique du fait de la démission de l'opposition. Au surplus, le contexte local se rapprocherait des cas Tandja et ATT. On connait la suite…

 

Bien de Béninois refusent de croire en cette éventualité. A l'interne du parti même, les avis seraient partagés. Et les déclarations publiques des ténors du Parti du renouveau démocratique (Prd) ne sont pas totalement cohérentes. Le Président Adrien Houngbédji laissait entendre au terme de son audience le 12 juin dernier avec le Président de l'Assemblée nationale Mathurin Nago, que son parti s'est déclaré de l'opposition et qu'il s'en tenait à ça. Mais le porte-parole du parti, Charlemagne Honfo, ajoutait quelques jours plus tard sur une radio de la place que le Prd est un parti de gouvernement. Laissant croire aux auditeurs que participer à un gouvernement n'est pas incompatible aux aspirations de sa formation politique. Mais dans le contexte actuel, ce qui est en temps normal une évidence pour un parti politique, se doit d'être bien mûri. Que le Prd, en ce moment précis, s'allie au pouvoir en place, ne déjoue pas seulement les pronostics. L'alliance serait des plus nocives pour les Béninois.

 

Il sied d'entrée d'écarter les hypothèses selon lesquelles le Prd, au gouvernement, apporterait de la vertu à la gouvernance publique ou aiderait à redresser l'économie nationale en difficulté. Car une fois au gouvernement, les rapports entre mouvance présidentielle et opposition se transformeraient en rapports entre ministres - président de la république. Et à ce jour, aucun ministre sous Boni Yayi n'a encore réussi à rester en poste en opposant au Chef de l'Etat ses valeurs. Un certain Roger Gbégnonvi, ancien ministre de l'alphabétisation entre 2007 et 2008, connu pour son "scrupule", reste un exemple bien éloquent. Ceux qui au Prd croient pouvoir changer quelque chose à la donne, semblent bien en train de surestimer leurs capacités et celles du parti. On a en mémoire les cadres qui, en 1975, avaient décidé de rejoindre le PRPB (Parti de la Révolution Populaire du Bénin) pour le combattre de l'intérieur. Un fiasco total qui a permis au régime moribond de durer dix-sept ans !

 

Pour mieux comprendre l'exceptionnelle stabilité du régime Kérékou et les raisons de sa chute, il faut préciser ses mécanismes de régulation politique. Deux aspects paraissent alors déterminants - la centralisation du pouvoir et la circulation des élites - , qui ressortissent tous deux à une même gouvernementalité, celle de la politique du ventre. C'est la même tactique diabolique qu'utilise aujourd'hui, le traître à la patrie, Boni Yayi.

 

De ce qui se réclame de l'opposition aujourd'hui au Bénin, en effet, il ne resterait au mieux des cas que les partis ayant des élus au sein du groupe parlementaire Union fait la Nation, si le Prd accédait au gouvernement. La conséquence immédiate est que les alertes à la mauvaise gouvernance se feraient moins nombreuses et progressivement moins audibles. Lentement alors, le pays glisserait dans le tout consensus politique, sur le dos des Béninois. Puisque c'est l'un des derniers éléments du système de défense du peuple qui se serait anéanti. Les syndicats et la société civile semblant à bout de souffle. Cette forme de gouvernance s'est vue avec l'ex-président malien Amadou Toumani Touré, qui à force de consensus avec toute la classe politique, à force d'accointances avec la société civile, a fini par fabriquer une démocratie de nom, sans contenu économique et social véritable pour la grande masse. Donc source de ce qui est arrivé il y a quelques mois et qui a plongé le pays dans la confusion.

 

La finalité de l'alliance contre-nature annoncée sera une révision constitutionnelle tranquille. Pour quel mobile alors ? Beaucoup soupçonne, à tort ou à raison, l'envie de Boni Yayi de créer une situation qui lui favorise au-delà de deux mandats présidentiels. Et au Prd, certains espèrent que la manœuvre lèverait le verrou de la limitation de l'âge, pour remette en scelle leur champion, qui chercherait une ultime fois le fauteuil de président de la république. Le risque avec ce genre de fantasmes, est le soulèvement populaire qui s'accommoderait d'une entrée sur scène de la grande muette, comme ce fut le cas au Niger il y a quelques années avec l'ex-président Mamadou Tandja.

 

Tout jeu politique susceptible de faire souffrir tout un peuple, de remettre en cause la démocratie et de conduire dans une confusion comme celle qui a cours au Mali aujourd'hui, est forcément méprisable. Le rapprochement entre Prd et Fcbe qui s'annonce, sauf à se limiter au niveau local, porte en lui les germes d'une terrible confusion des genres ; un rapprochement incestueux pour la démocratie et pour la Nation.

 

Olivier Assinou
 
Source: Adjinakou
 
  
 
 
Tag(s) : #Politique Béninoise
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