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30 janvier 2014


BENIN: Les hommes qui font paniquer Yayi…

 

Si Yayi Boni est dans la douche, et qu’il entend : « Taloonnnnn ou Ajavonnn », il va sortir tout nu !!!! Pourquoi une telle panique ? Pourquoi, un chef d’Etat passe tout son temps à parler de deux individus qui eux, l’ignorent totalement…N’avait-il pas dit qu’ils sont « petits » ?

 

Docteur, président de la République, chef suprême du gouvernement, Chef suprême des Armées, Premier magistrat, Premier administrateur, Premier Comptable, Premier enseignant, premier journaliste, premier…docker ! Premier en tout. Et pourtant, il tremble comme une feuille morte devant opérateurs économiques. Seulement deux. Pas trois hein ??? Deux.
Les Batombu ont l’habitude de dire quelque chose : « l’enfant qui dit que sa maman ne dormira pas est obligé d’être lui-même en éveil ». C’est ce qui arrive actuellement à Yayi Boni. Il n’est plus que l’ombre de lui-même. Tellement il est terrorisé par Patrice Talon et Sébastien Ajavon. 
Pourtant, il y a seulement quelques temps, c’était lui la terreur. Il est aujourd’hui terrorisé. Il y a quelques mois, il était le prédateur et les autres les proies faciles. La nature a ses règles. Yayi Boni les a violées une à une. Il en paie les prix. Du prédateur qu’il était, il est devenu une proie. Une proie peureuse.


La dernière sortie du président n’est que l’expression de cette peur. Et il faut remercier ceux qui ont pu l’empêcher de rencontrer les « Zémidjan » la dernière fois. Tout le Bénin s’attendait à un autre spectacle véritablement hilarant.


Des exemples à suivre


Où a-t-on vu un président se donner à un tel spectacle. Un coup d’œil autour de nous devrait pourtant le ramener à la raison. Ce ne sont pas des exemples de présidents qui manquent. S’il banalise les présidents Kérékou, Zinsou et Soglo, au moins qu’il prenne exemple sur ses pairs qui l’entourent.


Le jeune Faure Gnassingbé à Lomé. Calme, pondéré, respectueux. On sent en lui le pouvoir. Il ne parle point. Ne s’agite point. Mais tout le monde sait que le Togo avance. Il suffit pour ça de faire un tour à Lomé. Tous les samedis, les opposants marchent encadrés par les forces de sécurité publiques. Il ne menace personne. N’élève jamais la voix. Il a entretenu une bourgeoisie togolaise qui va à la conquête de l’Afrique de l’ouest. 
Le beau Blaise Compaoré. Si l’élégance pouvait tuer, il serait mort depuis. Il a beau tué Sankara, tout le monde est unanime pour dire qu’il a fait du Burkina Faso un pays plus avancé que le Bénin. Bien qu’il soit enclavé. Nous importons aujourd’hui de la salade, des carottes… bref des produits de jardin du Burkina Faso. Un pays désertique et enclavé. Le Burkina Faso pousse l’audace jusqu’à produire des fraises. En matière de démocratie, ils nous dépassent aujourd’hui. Des opposants finissent de marcher et c’est le gouvernement qui les félicite.
Au Niger, c’est la sagesse qui est au pouvoir. Il réclame même une opposition pour qu’il ne se trompe pas. Pendant qu’au Bénin, on étale le tapis rouge à Bolloré en lui bradant le Port, les rails (au détriment d’un national), au Niger, on veut renégocier le contrat d’Areva). Calme, pondéré, on l’entend à peine. Mais il fonce, le président Issifou. Il veut être la référence en Afrique. Il connait le pour. Il n’aime pas le pouvoir comme quelqu’un au Bénin. C’est le pouvoir qui l’aime.


Goodluck le puissant de l’Est. Si Yayi était le président du Nigéria, il aurait annexé le Bénin. Vu qu’il aime le pouvoir et qu’il aime utiliser la force. La force brute. Celle qui pousse à tirer sur des syndicalistes en grève. Mais Goodluck sait que « malheur à qui peut tout, il peut vouloir le crime ». Donc, il se méfie du pouvoir. Energique mais pondérer. Rigoureux, mais juste. Il dirige la plus grande puissance de l’Afrique noire. Il n’a pas massacré ses hommes d’affaires. Bien au contraire. Il ne va jamais en Europe sans Aliko Dangoté : il lui ouvre la voie des affaires. Il lui trouve des partenaires. Il le positionne. L’un des Etats les plus puissants d’Afrique doit avoir l’homme d’affaires le plus riche d’Afrique. C’est ça on appelle du patriotisme.


Alors c’est quoi le problème de Yayi Boni ? Pourquoi veut-il transformer ses différends avec Talon-Ajavon en une affaire d’Etat ? Quand Talon finançait sa campagne de 2006 et 2011, les Béninois étaient-ils au courant ? Quand tout marchait bien entre lui et Ajavon, qui était au courant ? Que les trois lavent leurs linges sales en famille. Les Béninois ont d’autres problèmes plus graves que ça. Le peuple a faim. 
Aujourd’hui, comme plus rien ne va entre les trois complices d’hier, on nous rabat les oreilles à longueur de journée. On rassemble des puceaux, on leur parle des affaires d’Etat et des affaires de couvent.


Si un moustique pique Yayi Boni, c’est Ajavon-Talon. Si un chien crie devant sa maison, c’est Talon-Ajavon. Si un hibou hurle au dessus de sa maison, c’est la sorcellerie de Ajavon-Talon. Si un garde de corps tousse chez lui, il faut le renvoyer : il sent du Talon-Ajavon. Si sa sauce est trop pimentée, il faut la rejeter, le tandem Ajavon-Talon est passé par là. Si son docteur lui fait une injection douloureuse, il faut l’envoyer en prison, il a pris de l’argent chez le tandem Talon-Ajavon. Coupure de courant, panique, le tandem Ajavon-Talon arrive. Lorsqu’à la présidence un garde lit quelque chose sur Talon-Ajavon, il faut l’emprisonner. Même son ombre est devenue Ajavon-Talon.


Des boucs-émissaires faciles


Revenons même sur l’essentiel de la sortie hasardeuse du président de la République. Cette sortie, concoctée par le président lui-même (comme d’habitude, il n’a pas mis son entourage au courant, ceux-ci l’ont d’ailleurs juré et ont décliné leurs responsabilités) avait un seul objectif : remettre Ajavon et Talon à la vindicte populaire. 
Aujourd’hui, pour Yayi (ou du moins ce qu’il veut faire croire), c’est que tous les maux dont souffre le pays vienne de Talon-Ajavon. Il a trouvé ses boucs émissaires. Il a trouvé son dépotoir. Ses huit ans d’échec cuisants, c’est Ajavon-Talon.


Que vient chercher le tandem Talon-Ajavon dans la grève des magistrats ? Que réclament en fait ceux-ci ? Il y a une certaine orthodoxie chez eux en matière de nomination. Yayi Boni a nommé une gamine de 40 ans à la Cour constitutionnelle. Peut-on l’appeler sage alors qu’elle n’a pas encore fini de batifoler ? Ou de faire crac crac ? Conceptia Ouinsou était sage. Elisabeth Pognon était sage.


C’est ce bordel que le président veut amener au niveau de la magistrature. Il fait des nominations et il place le gardien de la boutique au dessus du propriétaire. Exactement ce qu’il a fait pour détruire, l’armée, la police… bref, tous les corps organisés. Seuls, les magistrats lui résistent encore. Il a tout désorganisé tous les autres corps. Plaçant des moutons à la place des lions.


Les magistrats ont dit niet. Les nominations sont à reprendre. Il s’entête et persiste. Les magistrats vont alors en grève. Que viennent chercher Ajavon-Talon dans cette histoire ? C’est Talon et Ajavon qui ont dit au président Yayi Boni de faire des nominations fantaisistes au niveau des magistrats ? Pourquoi les accuse-t-il de corrompre les magistrats ? Pourquoi le président voit-il partout les mains de Ajavon-Talon ?


Faites profil bas !


Ok, Monsieur le président Yayi Boni. Un défi. Retirez vos nominations et vous verrez que les magistrats reprendront le chemin des Tribunaux. Pour une fois, montrez votre bonne foi aux Béninois. Retirez vos nominations fantaisistes et respectez les règles du jeu.
Mais vous ne le ferez pas. Votre pouvoir vous aveugle tellement que vous vous prenez pour un Dieu. De même, votre objectif, c’est de montrer que c’est le tandem Talon-Ajavon qui bloque tout.
Idem pour les fonctionnaires. Voilà des gens qui n’avaient déclenché aucun mouvement de grève. Ils se réunissent et décident de marcher pour protester contre leur condition de vie. Yayi Boni envoie les policiers et militaires qui les frappent jusqu’au sang en tirant sur eux à balle réelle. Les fonctionnaires déclenchent un mouvement de grève. Le président Yayi Boni accuse Ajavon-Talon d’être à la base de ce mouvement.
Question : c’est Talon et Ajavon qui ont envoyé les policiers et militaires à la Bourse du travail ? C’est Ajavon et Talon qui ont conseillé à Yayi Boni d’envoyer les policiers mater ces syndicalistes ? En quoi ils sont responsables de la grève de ces fonctionnaires ? Il faut une certaine suite dans les idées. Une certaine logique dans les paroles.
L’objectif du chef de l’Etat. Il faut trouver des boucs émissaires à son échec. Et l’échec de sa politique destructrice des libertés et des droits de l’homme. Que de mieux que de montrer du doigt les deux hommes que le président de la République veut détruire coûte que coûte. Kaï. Monsieur fait tirer sur des syndicalistes manifestant pacifiquement et il ose trouver des boucs émissaires ?


De toute façon, aujourd’hui, personne n’est dupe. Mêmes les enfants qui étaient au Palais ont désapprouvé les paroles du chef de l’Etat. Il peut commanditer un sondage. Personne ne peut avaler cette salade.


Charles Toko

Le MATINAL

 

 

 
 
  
  
Tag(s) : #EDITORIAL
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